Tout est une question de choix - Parker Brent [Karma Interdit]

La veille, en rentrant du premier tour du Tournoi des Alphas, Parker avait eu un accrochage avec un taxi. Ou plutôt, avec un imbécile qui avait grillé une priorité et emboutit sa portière. Si cet accident était, a priori, une coïncidence, ça avait suffit à éveiller les soupçons de l’alpha des ours. Surtout quand elle en avait discuté avec son bêta. Au final, il n’y avait que des dégâts matériaux – et comme elle avait une bonne assurance, rien de grave – mais ça aurait pu être bien pire. Du coup, Ashton avait décrété qu’il la conduirait lui-même au stade pour la finale, afin de s’assurer que tout irait bien. Si Parker n’aimait pas qu’on lui dicte quoi faire, elle n’avait rien dit – pour cette fois – parce que c’était la solution la plus simple, la plus logique et la plus sûre. D’autant qu’elle ne pouvait se permettre d’arriver pour la finale dans une voiture accidentée – alors qu’elle était intacte la veille – sans attirer les soupçons.

Après une bonne nuit de sommeil, Parker avait relégué l’incident dans un coin de son esprit pour s’en occuper plus tard. Elle avait d’autres chats à fouetter pour le moment, ou plutôt, un loup. Sauf que, bien entendu, les choses ne pouvaient pas être si simple. A croire que le Karma avait décidé de s’acharner sur elle. Au moment où Ashton et elle s’apprêtaient à partir pour le stade – bien en avance pour qu’elle puisse se préparer, éviter les journalistes mais surtout les bouchons – elle avait reçu un appel l’informant d’un problème au sein de la meute. D’ailleurs, ce n’était pas le premier ! Une semaine qu’elle était alpha et elle était déjà sollicitée. Sauf que là, ça tombait mal, vraiment mal. Bien qu’elle aurait préféré l’éviter, elle demanda à Ashton de gérer la situation puisqu’elle ne pouvait se permettre d’arriver en retard. L’enjeu était beaucoup trop important mais, surtout, elle représentait tous les ursidés de Chesscross, elle ne pouvait se permettre le moindre faux pas.

Après un rapide échange, il avait été décidé que Hallan, le bras droit d’Ashton, un méta discret mais redoutable, la conduirait au stade et s’assurerait de sa sécurité. La ville avait, bien entendu, embauché des vigiles pour garder les loges des participants, mais son bêta ne leur faisait apparemment pas confiance. Ashton n’avait rien dit au moment où ils se séparaient, il ne lui avait pas souhaité bonne chance – pourquoi faire ? – mais elle avait vu dans ses yeux qu’il croyait en elle. Il ne fallait rien d’autre pour galvaniser Parker qui se contenta d’un bref hochement de tête avant de monter dans la berline noire. Le trajet jusqu’au stade prit plus de temps que d’habitude, malgré l’heure matinale. A croire que toute la ville c’était donné rendez-vous là-bas – ce qui n’était pas loin de la vérité. Quand enfin la voiture se gara, Parker eut le déplaisir de constater que les vautours – enfin les journalistes – étaient déjà là. Heureusement pour elle, elle était accompagnée de Hallan et ce dernier, très prévenant, usa de son don pour qu’elle puisse entrer incognito.

Une fois dans le bâtiment, il ne fallut pas longtemps pour qu’elle soit conduise jusqu’à la loge qui lui était réservée. Elle profita que Hallan soit en train de congédier le vigile censé surveiller sa porte pour se changer, délaissant son jean et son sweat – trop grand – au profit d’un short de sport et d’un débardeur noir près du corps et d’une paire de basket. Le méta revint à ce moment pour l’informer qu’il avait obtenu gain de cause et lui demander si elle avait besoin de quelque chose, ce qu’elle déclina. Pour le moment, il lui fallait surtout du calme. Quand la porte se referma de nouveau, elle sortit un baladeur mp3 de son sac et s’isola à l’aide d’une paire d’écouteur tandis qu’elle s’échauffait avec le plus grand sérieux pour le combat à venir. Hors de question qu’elle risque un claquage d’entrée de jeu parce qu’elle n’était pas bien échauffée. Surtout qu’elle se méfiait comme de la peste du loup ! Une demi-heure plus tard, la porte s’ouvrit de nouveau pour laisser entre Hallan sous le regard surpris de Parker, qui enleva un écouteur pour pouvoir l’entendre.

- Kartane Weiss demande à te voir, l’informa-t-il, la surprenant un peu plus.

Kartane Weiss, le Roi, voulait la voir ? Pourquoi ? Elle n’en avait aucune idée et n’aurait probablement pas la réponse avant de l’avoir vu. Elle masqua sa surprise et ôta son deuxième écouteur avant de faire un bref signe de tête au méta.

- Fais-le entrer.

Elle coupa son baladeur et le rangea dans son sac avant d’attendre l’arrivée du brun, qui ne tarda pas à entrer. Debout, au centre de la pièce, elle le regarda entrer. Comme la première – et unique – fois où elle l’avait vu, il était très élégant, vêtu d’une chemise vert pâle qui lui allait bien mieux que le noir de circonstance qu’il portait au cimetière. Il avait encore une sorte de veston bien cintré caché sous une veste et elle se demanda fugacement où il se procurait ses vêtements avant de focaliser son attention sur son visage, ou plutôt, ses yeux. De toute façon, ces derniers étaient tellement magnétiques qu’elle n’aurait pu faire autrement que de plonger son regard dedans. Elle le laissa avancer vers elle, prête à rester de marbre s’il envahissait son espace vital – comme il avait l’air d’aimer le faire – mais il resta à distance respectable. Quand il la salua en l’appelant par son nom complet, elle ne put s’empêcher d’esquisser un bref sourire. Il était tellement formel, elle n’avait pas l’habitude de ça, même si ça ne l’empêcha pas d’apprécier son signe de tête élégant. Est-ce qu’il avait pris des cours pour arriver à un tel résultat ?

- Kartane Weiss, le salua-t-elle à son tour.

Il s’approcha d’avantage, sans pour autant être trop près, ce qui l’obligea à lever la tête pour continuer à le regarder. Des fois, elle détestait être aussi petite, mais la plupart du temps, elle s’en fichait pas mal. Surtout qu’on la sous-estimait souvent à cause de sa taille alors que c’était bien plus pratique pour se faufiler sous le bras d’un adversaire par exemple. En entendant la suite des propos du Roi, Parker fronça légèrement les sourcils, un peu perdue l’espace d’une seconde, avant de comprendre où il voulait en venir. Une question de choix hein ?

- Je pense plutôt que c’est une question de volonté, surtout dans ce cas-là, mais j’imagine que ça se rejoint.

Et niveau volonté, Parker en avait à revendre ! Par contre, pour ce qui était des choix… Elle ne savait même si elle en voulait, de cette place d’Oméga, alors où était le choix dans l’histoire ? Tout ce qu’elle voyait, elle, c’était qu’un combat l’attendait et qu’elle ferait tout son possible pour mettre son adversaire à terre. Surtout vu le rictus méprisant que lui avait lancé Keith Sullivan la veille. Il était hors de question qu’elle le laisse gagner facilement. Finalement, peut-être que Kartane avait raison, et que c’était un choix malgré tout.

- En tout cas, je vous remercie pour votre soutien, même si je suis pas sûre d’en comprendre les raisons.

C’était plus facile, aujourd’hui, de discuter avec lui que trois jours plus tôt où elle était accablée par le chagrin. Comme il l’avait suggéré, elle s’était effondrée le jour de l’enterrement, terrée dans son coin, à l’abri des regards, pour laisser éclater sa souffrance, puis elle s’était relevée, le lendemain, parce qu’on comptait sur elle. Ça ne signifiait pas pour autant qu’elle ne souffrait plus, juste qu’elle la contenait mieux. Aujourd’hui, de toute façon, il n’y avait pas de place pour la tristesse chez Parler, chaque fibre de son corps était tournée vers le combat à venir. Et oui, elle trouvait toujours la situation injuste et elle était toujours en colère contre le monde entier à cause de cet accident, mais cette hargne, elle comptait bien la mettre dans chacun de ses coups.

Le sourire, léger, qui se dessina sur les lèvres de Kartane Weiss alors qu’elle le saluait prit Parker au dépourvu. Probablement parce qu’elle ne savait pas comment l’interpréter, comme la plupart des faits et gestes du Roi des élémentaires. Est-ce qu’il était amusé par la manière dont elle lui rendait son salut ou est-ce que ce sourire avait une tout autre origine ? Elle n’aurait su le dire, aussi Parker choisit de ne pas se focaliser sur tout ça pour le moment. De toute façon, la conversation suivait son cours et son esprit fut rapidement accaparé par autre chose. Quels étaient ses choix dans ce tournoi ? La réponse lui parut évidente : elle voulait remettre Keith Sullivan à sa place et lui montrer ce qu’elle avait dans le ventre. Si elle y parvenait, elle prendrait donc le poste d’Oméga, mais en avait-elle envie ? Elle n’en savait rien, elle n’avait pas pris le temps de réfléchir à tout ça et elle ne le ferait pas maintenant. Le plus important, pour le moment, était de rester focalisée sur le combat à venir, et uniquement sur le combat, pas sur les enjeux qu’il y avait derrière.

Pour être honnête, l’esprit de Parker était surtout concentré sur la présence de Kartane Weiss dans sa loge et sur les raisons qui poussaient ce dernier à lui offrir son soutien. Du peu qu’elle en savait - et elle n’avait pas cherché à en savoir plus - la plupart des habitants de Chesscross étaient en faveur du loup, parce qu’il était plus âgé et occupait déjà le poste depuis plusieurs années. Parce que c’était un homme aussi, mais ça, personne ne le disait à voix haute, ce qui n’empêchait pas Parker d’être lucide à ce sujet. Encore que, les femmes commençait petit à petit à coloniser la sphère politique de Chesscross entre Anna-Mae Casablanca et Julia Navarro - ce qui était une excellente chose. Cette constatation, quelque part, renforça un peu plus son envie de tout donner dans le combat à venir, histoire de montrer à la population de la ville qu’une femme était capable de battre un homme en combat singulier. Sans compter que ça faisait plusieurs décennies maintenant que l’Oméga n’avait pas été une femme. Si elle gagnait, elle serait la prochaine… Non, quand elle gagnerait, elle serait la prochaine.

En fait, son choix était fait, même si elle ne le voyait pas comme ça, plutôt comme une question de volonté, ce qui se rejoignait, dans un sens, et ce fut la réponse qu’elle donna à Kartane, quand son esprit se focalisa de nouveau sur le présent et qu’elle reporta son attention - ou plutôt toute son attention parce qu’il ne l’avait pas perdu - sur son interlocuteur. Ainsi, elle crut deviner l’ombre d’un sourire sur ses lèvres, mais elle n’en était pas sûre, c’était toujours difficile d’être sûre avec lui parce que ses yeux… C’était de la douceur qu’elle y voyait ? Parker cligna des yeux plusieurs fois, pensant qu’elle rêvait, mais non, il y avait toujours cette touche de douceur déstabilisante au milieu de ces lacs argents. Elle ne resta que le temps qu’il prenne la parole, mais Parker se sentait retournée malgré tout, parce que cet homme était un mystère qu’elle ne parvenait pas à élucider et qu’il mettait à mal tous ses repères.

L’instant d’après, la douceur devint de l’amusement, affiché par un sourire plus franc que l’alpha se surprit à trouver craquant. Ok, ses sens faisaient n’importe quoi, il était temps qu’elle se ressaisisse. Surtout qu’il n’avait pas répondu à sa question implicite et que c’était certainement la raison de ce sourire séduisant. Heureusement, un mouvement attira son attention sur autre chose que ce foutu sourire et elle se souvint alors que le Roi avait un sac à la main. Un sac élégant, avec le nom d’une pâtisserie réputée imprimé dessus, un nom qu’elle connaissait bien, parce que son père lui avait ramené quelques fois des pâtisseries de ce magasin. Des pâtisseries orientales donc, et ce fut une surprise pour l’alpha qui ne s’attendait pas à ça de la part de Kartane. Elle l’observa poser avec grâce - enfin tout n’était que grâce chez lui - la boîte contenant les pâtisseries. La boîte est belle, en toute objectivité, avec des arabesques élégantes et des couleurs chaudes, rappelant l’orient, mais ce qui l’intéressait elle, c’était ce qu’elle contenait. Elle jeta donc un coup d'œil et un éclat gourmand s’alluma dans ses prunelles quand elle découvrit des baklava, l’une de ses pâtisseries préférées. Est-ce que c’était une coïncidence ? Elle voyait plus les Weiss consommer des macarons ou des pâtisseries françaises, mais au final, elle n’en savait rien. D’un autre côté, il n’avait aucun moyen de le savoir. A moins que Daimon n’ait vendu la mèche ! Enfin ça, c’était une autre histoire et ce n’était pas le moment pour s’en préoccuper. Elle reporta son attention sur Kartane, s’efforçant de faire disparaître la gourmandise de ses yeux.

- Merci pour les pâtisseries, rien ne vous y obligeait mais ça me fait plaisir.

Ce qui était la vérité, même si elle n’avait pas prévu de l’exprimer. Maintenant que c’était dit, elle ne pouvait plus revenir en arrière. Elle observa Kartane pendant quelques secondes, hésitant à poser la question qui lui trottait dans la tête avant de décider de se lancer. Après tout, elle n’avait jamais été lâche.

- Pourquoi est-ce que vous me soutenez alors que la majorité de la population est du côté de Keith Sullivan ? Vous me connaissez à peine alors que vous le fréquentez depuis quelques années déjà, j’ai du mal à comprendre…

Oui, et Parker n’aimait pas ne pas comprendre, surtout quand ça la concernait. Surtout que, dans le cas présent, c’était déconcertant de savoir que Kartane Weiss lui apportait son soutien dans une épreuve qu’il désapprouvait certainement - comme une partie de la population. Après tout, on parlait de Kartane Weiss, le Roi, le chef de la famille la plus sulfureuse de Chesscross, qui faisait régulièrement la une des tabloïds tant sa vie semblait passionner la ville, mais qui restait au final bien secret et mystérieux. S’il avait affiché publiquement son soutien à Parker, l’opinion publique aurait probablement été dans son sens. A priori, il n’avait rien à gagner à être de son côté, ce qui expliquait à quel point toute cette conversation était un mystère pour l’ours. Mais quelque chose lui soufflait qu’elle finirait par s’habituer à ne rien comprendre quand il s’agissait de lui.

En voyant l’éclat changer dans les iris argentées de Kartane, Parker fut décontenancée un instant et se retrouva à froncer les sourcils. Elle n’était pas sûre de saisir ce changement, mais il avait l’air...amusé ? par sa question. Elle n’en aurait pas mis sa main au feu, mais c’était l’impression qu’elle avait. Sauf qu’elle n’était pas la plus douée pour déchiffrer les émotions des autres, encore moins celles du Roi, et elle était - un peu - troublée par ce sourire indéchiffrable. Par moment, elle avait l’impression de perdre une partie de ses capacités de réflexion quand elle était en présence du brun, mais heureusement, ça ne durait jamais bien longtemps. Cette fois encore, elle parvint à se reconcentrer rapidement sur la conversation, surtout que le sujet était important. Elle ne comprenait pas vraiment d’où lui venait ce soutien spontané de la part de l’élémentaire mais elle était prête à parier qu’il n’était pas homme à se laisser influencer par les autres. Ainsi donc, s’il lui apportait son soutien dans ce tournoi, c’était qu’il l’avait décidé seul, restait donc à découvrir pourquoi.

L’alpha écouta attentivement les propos du Weiss et son regard se fit un peu plus sombre l’espace d’une seconde alors que sa mâchoire se crispait. Elle ne pouvait être plus d’accord avec ça. Elle connaissait mal Keith Sullivan, puisqu’elle n’avait pas été amenée très souvent à le rencontrer, mais il ne lui donnait pas l’impression d’être un bon dirigeant - pas quand il prenait de haut la moitié de la population thérianthrope - et même si elle était jeune, elle se souvenait de l’ancien Roi. Lui pouvait être qualifié de personne avide de pouvoir, mais il ne s’en était servi que pour son intérêt personnel. Elle ne savait pas ce qu’il en était pour Kartane, mais elle pouvait, sans trop s’avancer, affirmer qu’il faisait du meilleur travail que son prédécesseur. D’un coup, tout le corps de Parker se détendit quand le brun s’approcha de quelques pas d’elle, pour se retrouver proche sans empiéter sur son espace vital. Elle avait déjà pu noter qu’aujourd’hui, contrairement à quelques jours plus tôt, il faisait attention à ne pas envahir ce dernier. Peut-être pour éviter de la déstabiliser avant le combat ? Sauf qu’il n’avait aucun moyen de savoir quel effet il avait sur elle, non…? Sa gorge se fit un peu plus sèche quand il susurra son prénom mais elle ne détourna pas le regard pour autant, restant ancrée à ces prunelles argentées qui la fascinaient autant qu’elles la frustraient depuis qu’elle l’avait rencontré.

Un frisson, parti de l’endroit exact où Kartane l’avait touchée, la parcourut toute entière quand il passa son doigt sur son poignet avant de remonter lentement le long de son bras, passant par son coude sans s’arrêter pour finir sur son épaule, à la lisière de son débardeur. Ce geste, couplé à ses propos, déclencha de multiples réactions en Parker. Elle se sentait à la fois galvanisée de recevoir une telle confiance de sa part, troublée aussi par cette dernière et son contact, mais surtout, son attitude familière avec elle, presque intime, lui plaisait beaucoup trop, au point que ça l’effrayait. Kartane avait le don d’endormir sa méfiance tout en mettant son instinct en branle. Par moment, elle avait envie de lui faire confiance - presque aveuglément et ça l’effrayait - et à d’autres, elle avait l’intuition qu’il fallait se méfier de lui. Pourtant, d’après les échos qu’elle avait eu de Daimon, Kartane était quelqu’un de bien, toujours là pour ses proches, il ne disait que du bien de son cousin et Parker le croyait sans mal, mais quand elle se retrouvait face au Roi, elle avait du mal à retrouver l’homme décrit par son ami. Même si elle avait eu l’impression de l’entrapercevoir à certains moments. Cet homme...il la rendait confuse et mettait ses sens sens dessus dessous.

Là encore, il reculait d’un pas, laissant retomber son bras le long de son corps - ce qui apporta une étrange sensation de froid à l’alpha - et en quelques secondes à peine, une aura glaciale l’entoura. Instinctivement, Parker se prépara à ne pas apprécier la suite. Généralement, les regards glacés, ça n’augurait rien de bon, mais elle fut prise au dépourvu en l’entendant. Elle cligna des yeux, une fois, puis deux, puis trois, le temps d’assimiler ce qu’il venait de lui dire. Elle laissa échapper un sourire en coin, clairement amusé, alors que sa main gauche venait remonter sur son bras droit, sans qu’elle n’y pense, venant, quelque part, combler le vide qu’il avait laissé en s’éloignant. Elle aurait pu lui dire qu’elle n’était pas naïve au point de croire que son soutien était acquis, quoi qu’elle fasse, mais il était probablement au courant.

Elle le regarda, pendant peut-être une minute, avec une lueur amusée dans le regard, réfléchissant à la situation, à ce qu’il venait de dire, à ce que signifiaient vraiment ses paroles. Il lui apportait son soutien certes, mais il n’hésiterait pas à le lui retirer s’il n’appréciait pas ce qu’elle ferait en étant Oméga. Il lui faisait comprendre, à demi-mots, que ce n’était pas un engagement à prendre à la légère et elle en avait conscience. Même si elle n’avait jamais pris la peine de se poser pour réfléchir aux conséquences de ce tournoi, quelque part, elle la voulait depuis longtemps, cette place d’Oméga. Elle ne s’était juste pas attendue à s’y retrouver confrontée dans de telles circonstances. Elle finit par laisser retomber sa main le long de son corps et, à son tour, elle s’avança vers Kartane. Elle ne s’arrêta pas à la lisière de son espace vital comme il l’avait fait avec elle, elle s’avança plus, ne laissant que quelques centimètres entre eux avant de lever fièrement son menton vers lui pour planter son regard dans le sien.

- Dans ce cas, je ferais en sorte de ne pas vous décevoir, souffla-t-elle avec un éclat de détermination dans les yeux.

De toute manière, il était peu probable qu’il soit plus exigeant qu’elle ne le serait envers elle-même. Si elle venait à le décevoir, ça signifiait qu’elle se serait perdue en route.