Un jour mon prince viendra et ma soeur le mordra - Danaë

Ven 7 Mai - 20:44

The Phoenix
Fall Out BoyclickDanaë & Sigurd
le 30 mars
xxxUn jour mon prince viendra et ma soeur le mordra
J’expire lentement en sortant du bus qui me ramène à la maison, Hiver trottinant à côté de moi. Ici, c’est beaucoup plus calme qu’en ville. On entend à peine quelques voitures passer de temps en temps, sinon le vent dans les arbres et juste le bruit de mes pas. A cette heure-ci, il n’y a plus grand monde, pourtant il n’est pas très tard. Je sors mon portable. A peine vingt-deux heures. Je suis crevé, j’ai des courbatures même à des endroits que je pensais pas possibles. J’imagine que c’est normal… Est-ce qu’après plusieurs fois, le corps finit par s’habituer ? Je suis pas sûr d’avoir la réponse tout de suite, parce que vu comment Ace m’a jeté dehors, je pense pas qu’on remettra ça de si tôt… J’ai encore du mal à réaliser que c’était ce matin. ça me semble être le bout du monde. La journée a été tellement longue… J’aurais pu rentrer plus tôt et j’ai hésité, mais… Je me suis retrouvé chez papa, tout seul, dans ma chambre - enfin, mon ancienne chambre - à réfléchir sur tout ça après être passé au commissariat ce matin. Et cet après-midi, j’ai marché en ville et j’ai fini sur la jetée, à regarder l’océan. J’aime plus trop rester sur la plage, parce que le sable et ma prothèse, c’est pas trop ça, mais j’adore toujours autant cet endroit. Déjà, c’est goudronné et ensuite, j’y ai plein de souvenirs. On y a passé tellement de temps, avec Foxy et Parker ! Forcément, ça me détend. Je suis resté un moment et j’ai prévenu Danaë que je ne mangerais pas avec elle ce soir, sans trop préciser la raison. Je me suis pris du pulled pork vite fait et j’ai erré encore un peu avant de monter dans le bus pour rentrer.

Et franchement, je crois que cette journée de pause m’a fait du bien. Evidemment que ça me fait toujours mal de penser à ce matin, mais plus que de me blesser, ça me rend plus révolté. Je suis remonté. Et décidé. Décidé à ne pas baisser les bras. Je l’aurai Ace, qu’il me veuille ou pas ! Je remonte la route et je tourne pour rejoindre le chemin de notre maison. Je suis à la fois déterminé et calme, et légèrement perdu, aussi. Et fatigué. Mais un peu content. Je suis quand même fier d’avoir pu lui tenir tête et de pas m’être trop fait marcher sur les pieds quand il m’a jeté dehors. Enfin, ça fait quand même beaucoup. J’ai besoin d’en parler, de mettre tout ça à plat maintenant que j’ai pris un peu de recul. Danaë me manque, là, tout de suite. Je sais, c’est débile, je l’ai vue hier avant de partir au bar pour passer la soirée avec mes potes d’athlétisme. Mais j’ai tellement de trucs à lui raconter ! Pourquoi je suis pas rentré hier soir. Pourquoi j’ai pas mangé avec elle. Lui dire que je me sens… différent et pourtant exactement pareil. Et j’ai juste envie d’entendre le son de sa voix.

Sans trop m’en rendre compte, je presse le pas et j’arrive rapidement devant chez nous. J’ouvre la porte et je me faufile à l’intérieur. La pièce principale est plongée dans l’obscurité, mais je suis certain que je trouverai Foxy dans sa chambre. A cette heure-ci, elle ne dort sûrement pas et… la connaissant, de toute façon, quelque chose me dit qu’elle m’aurait attendu même si j’étais arrivé à minuit. Cette pensée me fait sourire. Je me débarrasse de mes affaires, je gratouille Hiver et je lui donne à boire et à manger avant de filer sous la douche. C’est ma première priorité. Me débarrasser des vêtements que je porte depuis hier et qui sont tout froissés et me détendre sous l’eau chaude. Et bon sang, ce que ça fait un bien fou !! J’ai l’impression de revivre. J’essaie quand même de pas trop m’éterniser. J’ai pas envie de trop faire patienter Danaë… Je sors de la douche et j’enfile rapidement un jogging et un tee-shirt ample.

Ensuite, je file dans la cuisine où je sors le lait du frigo. J’attrape le mug de Foxy – sans surprise un avec une fresque de renards trop adorables que je lui ai acheté quand on a emménagé – et le mien et je prends le chocolat pour préparer un chocolat chaud rapide. Une fois les tasses prêtes et chaudes, je vais pour quitter le salon quand une pensée me traverse. Et si… elle devine direct ? J’ai toujours entendu dire que les filles avaient un genre de sixième sens pour savoir quand on saute le pas… Evidemment, je compte lui dire de toute façon, mais… l’idée qu’elle le lise sur ma tête me fait rougir sans trop que je sache pourquoi. Enfin bon, de toute façon, ça change rien.

Je sors donc du salon pour aller toquer à la porte de sa chambre que j’ouvre de ma main libre. Je n’attends pas sa réponse pour entrer et je lui adresse un sourire quand nos regards se croisent. Je suis chez moi depuis un bon quart d’heure, mais c’est que maintenant que j’ai vraiment la sensation d’être « à la maison ». Je pose les mugs sur sa table de nuit et je pousse sa couette pour aller m’installer confortablement dessous. J’adore venir squatter son lit. C’est une habitude que j’ai prise depuis… bah depuis toujours en fait. Je me rappelle encore que je m’endormais parfois avec elle, même, et après je me faisais tirer les oreilles… Mais je sais pas, quand on parle comme ça, tous les deux, j’ai l’impression que le reste du monde n’existe plus et qu’aucun problème n’est insurmontable. Alors régulièrement, quand j’en ai envie ou besoin, je viens squatter. Je l’observe un instant sans prononcer un mot. Je sais pas trop par où commencer. J’ai envie de tout lui dire à la fois. De lui parler d’Ace. De lui raconter à quel point c’est un gros con mais… à quel point son sourire est craquant, à quel point il est passionné et à quel point je suis mordu de lui alors que ça fait que vingt-quatre heures que je le connais. De lui dire aussi qu’elle m’a manquée pendant ces vingt-quatre petites heures, parce que c’était vingt-quatre heures terriblement importantes. Et puis de lui avouer que j’ai un peu peur pour la suite, aussi. Mais que j’y crois. Vraiment. Je réalise qu’un sourire béat et sans doute un peu idiot me barre me visage et je rosis un peu.

- J’ai… rencontré quelqu’un, lâché-je de but en blanc. Et je suis content de te voir.

Bon je suis toujours content de la voir mais ce soir, particulièrement.

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Dim 9 Mai - 19:51

❝ Un jour mon prince viendra et ma soeur le mordra ❞

Sigurd & Danaë

Plongée dans son livre, Danaë ne remarqua même pas que sa tasse de tisane était déjà vide, et la porta à ses lèvres sans même lever les yeux de sa page. La déconvenue de l’absence de liquide la fit grimacer et elle reposa la tasse avec un soupir et un coup d’oeil sur son téléphone. Un peu plus de 22h, et toujours pas de Sigurd. Elle fronça doucement le nez, ronchonnant que s’il ne se pointait pas bientôt, c’est lui qu’elle lèverai demain à 7h pour le coller devant une classe de petits monstres toute la matinée.
Et manifestement, sa menace fut entendue, puisqu’elle n’avait lu que quelques pages de plus lorsque la porte d’entrée s’ouvrit. Un sourire sur le visage, elle continua sa lecture, laissant le temps à son frère de la rejoindre. Ses oreilles captèrent le bruit des gamelles d’Hiver, celui de la douche dans l’autre salle de bain, et les placards de la cuisine, qui annoncèrent qu’il n’arriverait pas les mains vides.
Danaë avait donc un grand sourire sur le visage, et le livre posé sur la table de nuit, lorsque son frère entra dans sa chambre, deux mugs de chocolat chaud dans les mains. Il les déposa toutefois rapidement sur la table de nuit avant de venir se glisser sous la couette avec elle. Un sourire aux lèvres, elle en profita pour lui prendre la main, l’autre remettant une mèche blonde derrière son oreille alors qu’ils s’observaient en silence. Il restèrent un instant comme ça, à savourer la présence de l’autre à leur côté, la joie de retrouver cette proximité naturelle. La rousse ressentit certains muscles se détendre sans avoir eu conscience qu’ils étaient tendus jusque là.
Elle regarda les pensées et indécisions se succéder dans les prunelles bleues de son frère, et attendit sagement qu’il prenne la parole, lui laissant le temps de mettre de l’ordre dans ses idées. Elle ne s’inquiétait pas vraiment, car l’immense sourire béat qu’il affichait était un indice suffisant qu’il ne se passait rien de grave au contraire.

- J’ai… rencontré quelqu’un, lâcha-t-il enfin Et je suis content de te voir.

Un sourire amusé éclaira le visage de la rousse à la première partie de sa phrase, et se remplit d’affection à la seconde. Elle se pencha pour le serrer dans ses bras.

- Moi aussi je suis contente de te voir. Tu m’as manqué.

Après une courte étreinte, elle le relâcha, planta un bisou sur sa joue, lui tendit sa tasse et prit la sienne dans les mains, savourant la chaleur qu’elle diffusait sur sa peau. Avec un sourire en coin, elle ajouta, taquine.

- Et oui. Je m’en doute. Y’avait peu de raisons pour lesquelles tu ne serai pas rentré de la nuit, puis de la journée, sans me préciser avec qui tu restais.

C’est qu’elle commençait un peu à le connaitre son frère. Un tout petit peu. Elle s’adossa à sa tête de lit, portant la tasse aux renards à sa bouche pour en boire une gorgée, les yeux fixés sur Sigurd dans un examen minutieux.
Sa question suivante fut posée d’un ton innocent, accordé à l’air angélique de son visage, mais elle savait que ses yeux emplis d’amusement, de taquinerie et d’affection ne tromperait pas son frangin.

- Alors ? Comment t’as trouvé ça ?

Evidemment, pour qu’il décide de passer la nuit ailleurs sans lui dire avec qui, puis toute la journée ET qu’il lui dise tout de suite en rentrant qu’il avait rencontré quelqu’un, elle avait peu de doute sur ses activités nocturnes. Elle savait également que c’était donc la première fois de Sigurd, et elle trouvait ça d’autant plus mignon qu’il était opérateur de téléphone rose depuis plusieurs années maintenant.
Mais elle avait quand même laissé sa question volontairement assez vague pour que son frangin puisse décider s’il voulait lui en parler, ou s’il souhaitait pour l’instant esquiver la discussion sur ce sujet. Non pas qu’elle le laisserait sans tirer sans aucune information, mais pour l’instant, elle pouvait s’en contenter. Pour l’instant.

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Lun 17 Mai - 14:26

The Phoenix
Fall Out BoyclickDanaë & Sigurd
le 30 mars
xxxUn jour mon prince viendra et ma soeur le mordra
C’est toujours ces petits gestes qui ont l’air de rien qui me font le plus chaud au cœur. Un sourire, ma main dans la sienne et puis cette façon tellement naturelle de réajuster mes cheveux… Je me sens tellement bien, avec elle. Plus que notre maison, c’est à ses côtés que je me sens chez moi. Je reste silencieux à la regarder, savourant juste ce moment de bonheur tout simple. On n’a jamais eu besoin de mots pour se parler, elle et moi. Peut-être parce que je parlais mal anglais quand on s’est connus ? A vrai dire, je ne m’en souviens pas tant que ça. Ce que je sais, par contre, c’est que quand on se regarde de cette façon, on se comprend. Je peux presque deviner qu’elle est contente que je sois là et je suis sûr que c’est pareil pour elle. Pendant longtemps, j’ai cru que si je rencontrais un jour mon âme-soeur, ça me ferait un peu cet effet-là. Il s’avère que c’est à la fois vrai et faux… mais c’est pas grave. C’est bien comme ça. Ce sera juste notre truc à nous deux.

Je lâche quand même la phrase qui me démange depuis ce matin. Elle a toujours été au courant de toutes mes histoires. Je lui raconte tout. Je lui ai parlé des filles pour qui je craquais, adolescent, et mes toutes premières copines - enfin… c’est pas comme si j’en avais eu beaucoup. Aujourd’hui pourtant, c’est différent. Je le sais. Je l’ai senti dès que j’ai rencontré Ace. Ce que je ressens pour lui c’est… bien plus profond. Même si je le connais pas et que c’est un con ! Au sourire de ma soeur, je comprends qu’elle n’est pas étonnée. Est-ce que ça se lit sur mon visage ? J’avoue que même moi, j’ai conscience d’avoir un sourire idiot collé aux lèvres. Je me laisse aller dans son étreinte, passant mes bras autour d’elle pour la serrer à mon tour contre moi. Quand j’étais petit, je pouvais me lover contre elle, mais aujourd’hui, vu que je la dépasse largement, c’est un peu l’inverse. Évidemment, ça m’empêche pas d’adorer nos câlins.

- Faut dire qu’on n’a plus l’habitude d’être séparés maintenant qu’on vit ensemble, rigolé-je.

Je souris de plus belle quand elle embrasse ma joue alors qu’elle s’éloigne pour prendre sa tasse. Je décide de faire pareil et j’y trempe mes lèvres en essayant d’effacer mon air béat de mon visage - mais c’est peine perdue d’avance. Je rosis un peu quand elle me confirme ses soupçons. C’était si évident ? Je réalise que dit comme ça… c’est complètement grillé que je viens de perdre ma virginité. A moins que ce soit son sixième sens féminin ? Enfin… pour le coup je crois que c’est juste de la logique. Je ris doucement de ma propre naïveté. J’ai l’impression d’être un ado qui rentre après avoir fait le mur… Heureusement, Danaë est pas du genre à juger, au contraire. Je relève les yeux à temps pour croiser son regard qui m’observe et je rougis d’un cran à sa question, posée l’air de rien. Je suis pas dupe pour un sou ! O.K., c’est clair, elle sait tout. Je peux vraiment rien lui cacher… Mais d’un autre côté, c’est quelque chose que j’adore alors je vais pas m’en plaindre, ou alors juste un peu, pour la forme. En plus, ça l’amuse… j’attrape la couette d’une main et j’en jette un coin sur sa tête en guise de vengeance, un sourire mutin aux lèvres, en faisant attention à ne pas renverser son mug et le mien. J’avale une gorgée de mon chocolat pour me donner contenance et réfléchir à ma réponse.

Comment j’ai trouvé ça ? Bah… Incroyable, c’est vite vu. Mais y’a tellement plus… Déjà, je n’ai jamais parlé à Danaë d’une attirance pour les mecs, pour la simple et bonne raison que… ben j’avais jamais été intéressé avant par autre chose que par les filles. Ensuite… Je sais pas trop comment présenter les choses. Je sais que je peux tout lui dire et je me suis jamais retenu avec elle, seulement, les mots se bousculent dans ma tête. Mais si je balance tout en vrac, elle va rien comprendre. Je commence donc par répondre à sa question en me remettant à sourire alors que des bribes de ma nuit passée me reviennent en mémoire. Heureusement qu’elle peut pas lire dans mes pensées… pour le coup, là, je serais gêné !

- C’était… dingue. Mais je pensais pas que ça ferait autant de courbatures… grimacé-je en en rigolant.

Je redeviens un peu plus sérieux et je regarde ma tasse. Est-ce qu’elle va trouver ça bizarre, mon attirance subite pour un homme ? Je ne connais pas trop son point de vue là-dessus. Je m’inquiète pas plus que ça, parce que c’est Foxy, elle est super tolérante et je le sais. En fait, elle est même plutôt du genre à s’énerver contre les cons qui sont contre… Seulement, c’est à moi que ça fait un peu étrange, de me dire que je craque pour un mec - et quel mec, en plus ! Sauf que c’est définitif, quand je repense à Ace, je suis certain que je peux pas me tromper. Et malgré ce qu’il a dit, malgré sa réaction, pour moi, c’était pas une erreur.

- Euh… c’était… enfin c’est… un mec. Et il s’appelle Ace.

Voilà, c’est dit. Et comme si ça avait ouvert une vanne, je me retrouve incapable de m’arrêter.

- Il est grand, blond et super musclé, genre… pas montagne de muscles, tu vois, mais super bien foutu ! Et il est super… passionné. Et il a un de ces sourires ! C’est un truc de fou. Il est garagiste et c’est un élémentaire de feu, d’ailleurs ça se voit ! Et son eidolon, c’est un cafard, c’est marrant. Par contre, il a pas d'ascenseur et il habite… genre au quatrième ou au cinquième étage, je sais plus, c’est pas super pratique. Oh et il a des grandes mains, aussi ! ça fait… bizarre. Mais c’est cool.

Je me tais histoire de pas m’aventurer sur le terrain glissant du pourquoi ces grandes mains sont cool. Je crois qu’elle peut comprendre toute seule. Je me réajuste bien sur le matelas, hésitant à virer ma prothèse quitte à devoir la remettre plus tard pour rejoindre mon lit. Ou alors je pourrai demander à Danaë si elle veut bien aller récupérer mes béquilles pour m’éviter de la remettre pour deux minutes… Finalement, désireux d’être à l’aise, je pose mon mug et je décale la couette pour enlever ma jambe artificielle, que je pose doucement sur le sol avant de me remettre à mon aise et d’enchainer, l’air de rien.

- Et… c’est mon âme sœur.

J’ai beau me le répéter, j’ai encore du mal à le croire. ça me fait bizarre de le dire à voix haute, comme si ce n’était pas vraiment réel. Alors que si, ça l’est. Ace, c’est mon âme soeur. Voilà.

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Jeu 27 Mai - 18:25

❝ Un jour mon prince viendra et ma soeur le mordra ❞

Sigurd & Danaë

La réplique de son frère l’amusa, et elle hocha doucement la tête. C’était si vrai… Déjà qu’ils ne se quittaient pas beaucoup enfants, puis adolescents, le fait d’avoir emménager ensembles n’avait pas vraiment arrangé les choses ! Non pas qu’elle s’en plaignait au contraire, mais le manque en était d’autant plus dur à vivre.

Comme prévu, sa question innocente ne trompa pas Sigurd qui lui envoya un bout de couette en guise de vengeance, poussant la rousse à protéger sa tasse de chocolat chaud à tout prix, avec un petit cri de protestation. Quelle idée de risquer un tel délice dans SON lit en plus ! Elle lui fit les gros yeux pour la forme, mais un sourire amusé éclairait son visage, et elle se contenta donc de lui tirer la langue, dans un réflexe des plus enfantins, mais libérateur.
Tandis qu’il semblait chercher ses mots dans son lait chocolaté, elle but le sien à petite gorgée, savourant le moment et la chaleur liquide qui glissait dans son corps. Elle n’était pas pressée, même si le réveil lui piquerait les yeux le lendemain matin, elle était bien trop curieuse pour repousser cette conversation. Et puis, à l’enthousiasme de son frère, elle n’eut pas à attendre bien longtemps pour qu’il se lance dans l’explication et le récit de sa nuit et de sa rencontre.

La première réponse de Sigurd déclencha un éclat de rire de la part de Danaë qui en posa sa tasse pour ne pas la renverser. L’esprit pragmatique de son frère dans toute sa splendeur. Il lui fallut quelque secondes pour se calmer, et noter le sérieux qui avait pris place sur le visage du jeune homme. Un instant, elle eut peur de l’avoir vexé, mais son visage était détendu. Elle le connaissait assez pour savoir qu’il était circonspect et pensif, et non pas blessé par son éclat de rire. Elle se mordilla la lèvre inférieure, son amusement laissant place à l’inquiétude.

- Euh… c’était… enfin c’est… un mec. Et il s’appelle Ace.

Oh. Alors, celle là, elle ne l’avait pas vu venir ! Ses yeux s’agrandirent de surprise, accompagnés d’un petit sourire déconcerté. A sa connaissance, son frère n’avait jamais manifesté d’intérêt amoureux ou sexuel pour un homme jusqu’alors.
Elle n’eut pas vraiment le temps de commenter ou de poser des questions car cet aveu sembla ouvrir les vannes chez Sigurd qui déballa tout d’un coup, sans même reprendre son souffle, au point que Danaë s’inquiéta un instant qu’il ne s’évanouisse par manque d’oxygène.
Le déluge d’informations lui tomba dessus, et son esprit analytique tenta d’en récupérer le maximum avant d’être noyé. Blond, check. Bien foutu, noté. Elémentaire de feu, garagiste et eidolon cafard, ok. (Un cafard ?! Vraiment ? Elle n’était pas sûre de ce que cela révélait sur ce Ace, ou même sur l’ancêtre qui l’accompagnait…)
A partir de là, elle perdit un peu le fil, et raccrocha au train alors que son frère mentionnait de grandes mains. Cette mention le fit d’ailleurs taire, et elle put noter avec amusement que ses pommettes rosirent en même temps. Oui mieux valait garder ces détails pour lui, elle avait déjà assez d’informations d’un seul coup à gérer.

La pause dans sa tirade lui permet d’ingérer les informations entendues pendant qu’elle le regarde enlever sa prothèse. Avalant une autre gorgée de chocolat, la rousse prit le temps d’ordonner à son tour ses pensées pour répondre, mais son frère lui coupa à nouveau l’herbe sous le pied.

- Et… c’est mon âme sœur.

A nouveau, la jeune femme resta sans voix. Les yeux écarquillés et la bouche légèrement entrouverte, elle resta ainsi quelques secondes sous le choc de l’annonce avant de penser à refermer la bouche et cligner des yeux. Bah ça alors…
Une légère pointe de jalousie se réveilla à cette mention, mais elle la fit rapidement taire. Non désireuse d’approfondir cela maintenant, et de savoir si elle jalousait son frère d’avoir trouvé son âme soeur, ou si elle jalousait ladite âme soeur pour la place qu’il prenait dorénavant dans le coeur de son frère.

Un peu engloutie par toutes ces informations, pensées et sentiments, Danaë secoua la tête, faisant voler quelques mèches, avant de boire le reste de sa tasse à longue gorgées, mettant tranquillement de l’ordre dans sa propre tête. Elle eut finit le chocolat chaud bien avant que son esprit se soit discipliné, aussi prit-elle tout son temps pour reposer la tasse sur sa table de nuit avant de se retourner vers Sigurd. Elle lui adressa un doux sourire.

- Ca.. Ca fait beaucoup d’informations d’un coup.

Elle échappa un petit rire, secoua à nouveau la tête, puis planta son regard dans celui de son frère, penchant légèrement la tête de côté, comme un chien curieux.

- Tu es content ? Comment te sens-tu ?

C’était la question principale pour elle. Tout le reste pouvait attendre. Si les réponses étaient positives, alors ils pourraient se lancer dans une discussion animée sur ce Ace, avec un récit détaillé de leur rencontre et de tout ce qui s’était passé ensuite. Mais elle tenait avant à s’assurer de l’état psychologique de son frère suite à ces deux derniers jours. Car si cela faisait beaucoup d’informations pour elle, c’étaient surtout de sacrés évènements à gérer pour lui. Il était sa priorité.

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Ven 4 Juin - 15:30

The Phoenix
Fall Out BoyclickDanaë & Sigurd
le 30 mars
xxxUn jour mon prince viendra et ma soeur le mordra
Je rigole en voyant Danaë me faire les gros yeux. Depuis le temps que je la connais, cette technique marche plus sur moi ! Quand j’étais plus jeune, c’était super efficace, il suffisait qu’elle me regarde comme ça pour que je me fasse tout petit, mais maintenant… Déjà j’ai appris à déceler la lueur taquine dans ses yeux et ensuite, j’ai eu des années pour m’habituer. Sans compter que j’ai vécu avec mon père, aussi, qui, dans le genre intimidant, est pas mal non plus. Du coup, avant même qu’elle me sourie, je sais qu’elle est beaucoup plus amusée que fâchée - bon par contre si j’avais renversé son mug, je dis pas… Je pouffe de plus belle alors qu’elle tire la langue et j’essaie de la lui attraper au passage, mais elle est trop rapide pour moi. Elle a toujours eu de meilleurs réflexes et une meilleure agilité, mais elle triche aussi ! Moi, je suis persuadé que son renard lui facilite les choses. Mais comme je suis bon perdant, je me contente d’une moue boudeuse qui dure moins de deux secondes.

Après un instant de silence à réfléchir à sa question, je finis par lui répondre et son rire me fait légèrement monter le rose aux joues. Bah quoi ? C’est vrai ! Quand on parle de la première fois, on mentionne jamais les courbatures ! Moi j’avais entendu parler de la douleur sur le coup, mais pas après ! Puis sérieux j’ai les muscles de ma jambe endoloris ! Ma jambe quoi !! Pourquoi ? Bon, je sais pourquoi. Mais n’empêche, c’est déstabilisant ! Heureusement que j’ai l’habitude, avec l’athlétisme… malgré tout, elle arrive à m’arracher un sourire amusé. J’avoue que, comme premier commentaire sur mon expérience, c’était un peu… disons que j’aurais pu trouver mieux. J’ai tendance à vraiment pas avoir de filtre, avec Foxy…

Et pourtant, je mets un instant à lui avouer que la personne avec qui j’ai passé la nuit est un homme. C’est juste que c’est nouveau, pour moi… Et même si j’ai pris la journée pour y réfléchir, ça reste encore un peu bizarre. ça m’a fait du bien, de pouvoir prendre du recul et de me poser. Simplement, ça a fait naître de nouvelles questions. Est-ce que je suis bi ? Ou est-ce que c’est juste Ace ? Parce qu’il est mon âme sœur ? Est-ce que c’est ça être pansexuel ? J’y connais pas grand-chose, au final… Je crois que je m’en fiche, en réalité. Les choses sont comme elles sont, pourquoi faudrait tout expliquer et tout chercher à comprendre ? Moi ça me va comme ça, pour l’instant en tout cas. Par contre, j’ai pas envie que Danaë pense que je lui ai caché des trucs jusque là. Qu’elle croie que je lui faisais pas assez confiance pour lui parler de ma sexualité alors que bon, c’est pas du tout ça !

Et puis une fois lancé, je lui donne plein de détails qui, admettons-le, ne sont pas hyper utiles ou nécessaires, mais… c’est plus fort que moi. En vrai, y’a plein de trucs que j’aimerais lui dire, tellement que je sais pas quoi exactement. Je voudrais pouvoir directement transmettre mes souvenirs dans sa tête. Enfin… Pas tous évidemment. Disons une partie, le reste, c’est privé ! Et puis, je crois que ça l’enchanterait pas, même si l’idée me fait rire. Je réfléchis à tout ça en me réinstallant maintenant que je suis plus à l’aise. Je prends mon mug et je descends bien la moitié du chocolat chaud pour faire passer tout ça. Je regarde Danaë qui semble… un peu perdue dans ses pensées. J’aurais peut-être pu attendre un peu avant de parler d’âme sœur direct… Mais je crois que j’avais besoin de lui dire. Je fais comme elle et je termine ma tasse dans le petit silence qui s’étire entre nous. Je ne dis rien, je préfère attendre tranquillement qu’elle assimile tout ça. Je lui ai un peu imposé mon rythme, à elle d’installer le sien. Je crois qu’à sa place, je serais un peu largué par autant d’infos…

Je la regarde en souriant doucement quand ses mèches volètent autour d’elle. J’aime beaucoup mes cheveux, mais les siens sont magnifiques. J’adore les coiffer. J’arrive pas à me retenir et j’attrape une de ses mèches rousses pour jouer distraitement avec alors qu’elle pose son mug sur la table de nuit - d’ailleurs j’en profite pour faire pareil de ma main libre. J’aimerais bien savoir à quoi elle pense, à cette seconde. Je la connais par coeur, mais pas au point de lire dans son esprit… Je suis quand même un peu rassuré quand elle me sourit, de ce sourire bienveillant qui fait du bien. En réponse, je lui adresse une petite grimace désolée.

- C’est vrai, pardon… c’est juste que… j’ai l’impression que je pourrais en parler toute la journée.

Je rigole un peu, ayant conscience que c’est bête, puis parce que je croise son regard et… quand elle fait cette tête-là, penchée sur le côté, j’ai l’impression de voir son renard. ça me fait rire, c’est trop mignon. Je réprime mon air amusé pour cette fois, pourtant, parce que bon, sa question est sérieuse et je vois bien que c’est important pour elle. Je prends un instant pour choisir mes mots.

- Je… pense que oui. Non, si. Je suis content. J’en suis sûr.

Je lui souris, mais moins franchement. Oui, je suis heureux, sauf que voilà… tout n’est pas rose. Même si j’ai décidé de pas me laisser abattre, ça fait toujours mal. J’hésite entre lui dire tout de suite et ajouter une info de plus à la longue liste ou attendre qu’elle me questionne. Je sais que je peux rien lui cacher, j’ai pas envie de l’inquiéter… Je décide de continuer à répondre à sa demande pour amener ça en douceur. Si je lui dis cash que je me suis fait mettre à la porte, elle serait capable de vouloir aller retrouver Ace sur-le-champ. Bizarrement, cette idée me réconforte.

- Je suis content parce que je regrette rien. Même si ça a été rapide et carrément inattendu, je voudrais pas changer une seule chose. C’est juste…

Je hausse les épaules et je soupire, lâchant sa mèche de cheveux pour appuyer mon crâne contre la tête de lit.

- J’ai l’impression que la suite va être un peu compliquée…

Ouais, à peine. Je sais pas trop à quoi m’attendre. J’espère qu’il me rejettera pas…

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Lun 7 Juin - 16:55

❝ Un jour mon prince viendra et ma soeur le mordra ❞

Sigurd & Danaë

Même occupée à mettre de l’ordre dans ses pensées, Danaë ne peut s’empêcher de sourire et de fermer les yeux quelques secondes lors que Sigurd se met à jouer avec une mèche de ses cheveux. Elle adorait ça, et ce n’était pas pour rien qu’elle le laissait souvent s’en occuper -outre le fait qu’il était indéniablement plus doué qu’elle pour ça.
Son explication lui attire un sourire attendri. Elle se rappelait elle aussi la première fois qu’elle avait été amoureuse, elle aurait pu passer des jours à en parler aussi. Et il n’était même pas son âme soeur, alors elle imaginait bien dans quel état était Sigurd.

Il prit son temps pour lui répondre, et cela l’inquiéta un instant. La réponse pourtant, était positive, bien que pas très sûr de lui et cela ne la rassura pas complètement. Elle fronça légèrement les sourcils, penchant la tête de côté pour attendre la suite. Elle sentait bien qu’il ne lui disait pas tout, et elle n’eut pas à attendre longtemps avant qu’il n’enchaine avec d’autres informations, un peu moins enjouées que les premières.

Inquiète, la rousse s’agenouilla sur le lit pour se mettre à sa hauteur et se rapprocher de lui, caressant sa joue d’une main et lui tournant le visage vers elle pour pouvoir le regarder dans les yeux.

- Comment ça ?

Une tonne d’idées inquiétantes lui venaient en tête, et elle préférait n’en dire aucune à voix haute de peur de passer pour une folle un peu beaucoup parano. Elle secoua doucement la tête, se forçant à se calmer. Ca ne pouvait pas être si grave, puisqu’il lui avait dit qu’il allait bien, qu’il était content, et qu’il ne regrettait rien.
Avec un sourire amusé, Danaë pensa un instant qu’elle subirait une angoisse impossible le jour où elle aurait des enfants, vu l’état dans lequel elle se mettait déjà pour son frère adulte.

Elle rapporta son attention sur le visage et les yeux de son frère. Sa main était toujours posée sur sa joue, son pouce dessinant avec douceur un arc de cercle sur sa pommette.

- Tu sais que tu peux tout me dire n’est-ce-pas ?

Elle ponctua sa question d’un doux sourire, accordé au ton affectueux de sa voix. Ce qu’elle ressentait pour Sigurd était inconditionnel, et il lui arrivait souvent d’oublier qu’il n’était pas son frère de sang. Cela ne changeait tellement rien pour elle, qu’elle ne prenait même plus la peine de préciser ou d’expliquer quoique ce soit quand elle le présentait. Il était son frère, et c’était tout.
Elle espérait juste qu’il en était conscient, et qu’il n’hésiterait jamais à lui confier quoique ce soit, par crainte de sa réaction, d’où la nécessité qu’elle avait ressenti de poser cette question.

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Mer 23 Juin - 20:21

The Phoenix
Fall Out BoyclickDanaë & Sigurd
le 30 mars
xxxUn jour mon prince viendra et ma soeur le mordra
Et voilà, j’étais sûr que j’allais l’inquiéter… De toute façon, je sais que même si j’avais pas ouvert la bouche, elle aurait compris toute seule que quelque chose n’allait pas. Enfin, c’est un peu extrême de dire ça mais… Quoique. Non, c’est vrai, y’a bien un truc qui va pas. Je peux faire le malin autant que je veux et avoir toute la bonne volonté du monde, n’empêche que le comportement de Ace m’a blessé et qu’une part de moi n’arrive pas à s’empêcher de craindre un peu l’avenir. Pas assez pour me paralyser, j’ai décidé que je laisserai plus la peur me clouer sur place, mais assez pour gâcher légèrement le bonheur que je ressens. Et d’ailleurs, ça m’énerve, dans un sens. C’était tellement magique et… et la fin a tout fait s’effondrer. Evidemment, ça efface pas les bons souvenirs, simplement… disons que ça assombrit un peu le tableau, quoi.

Je fixe le plafond, me sentant un peu las quand Danaë pose sa main sur ma joue pour m’inviter à la regarder. Je me tourne pour plonger mes yeux dans les siens, un peu coupable en avisant l’inquiétude qui transparait dans ses prunelles. J’aime pas quand je lui cause du souci… Mais j’imagine que je pourrai jamais l'empêcher de s’en faire pour moi, comme je m’en fais pour elle dès qu’elle a l’air d’avoir moins le moral. Le mieux que je puisse faire, c’est de limiter les dégâts et de la rassurer. De toute façon, je peux pas me taire juste pour pas l’inquiéter, ça aiderait pas. Puis je suis incapable de garder ce qui me travaille pour moi sans lui en parler. C’est plus fort que moi. Sauf que… Je sais pas trop comment amener ce sujet en particulier.

J’ai conscience que ma sœur risque d’en vouloir énormément à Ace… Oui, ça me fait plaisir, parce que je me sens soutenu. L’idée qu’elle aille dire ses quatre vérités à cette andouille, ça m’amuse et ça me réchauffe le cœur. Mais d’un autre côté… J’aime Ace. Et j’aime Danaë. J’aimerais bien qu’ils s’entendent… Enfin, je mets un peu la charrue avant les bœufs, là. Je viens à peine de le rencontrer… Je souris doucement alors que le pouce de Foxy décrit de légères arabesques apaisantes sur ma joue. Quoi qu’il se passe par la suite… je suis pas tout seul. Et ça me suffit, en vrai. Je me penche pour lui faire un bisou sur le bout du nez.

- Evidemment que je le sais. Et j’ai jamais eu peur de te parler, au contraire. C’est juste… que tu vas pas être contente.

Je grimace. C’est le cas de le dire… Mais y’a de quoi. J’ai pas envie de minimiser le coup au moral que ça a été, de me faire jeter aussi violemment. M’enfin, je sais tellement pas grand-chose de lui… C’est trop tôt pour le juger ou pour décréter que c’est un con - bon, moi je le dis, mais moi j’ai le droit, je me suis fait mettre à la porte ! Je lui adresse un sourire pour atténuer mes propos. Parce que oui, y’a de quoi se fâcher, oui, ça m’a fait mal, mais savoir qu’elle est là pour moi et la perspective de lui en parler, ça apaise largement la douleur. Je prends une grande inspiration et je me jette à l’eau.

- Ce matin, il a pas du tout assumé… Quand on s’est réveillés, il a… pété un câble. Mais il avait vraiment l’air remué. j’ai même cru qu’il flippait, à un moment, mais je sais pas, c’était confus… En tout cas, il était super énervé et il a voulu me foutre dehors.

Je baisse les yeux et je joue avec une de mes bagues en repensant à ce matin, le coeur serré malgré tout, et je murmure :

- En vrai, c’est pas tant que ça me fait mal… C’est juste que… ça me fait peur. Et je sais que je devrais pas parce qu’on peut pas savoir ce qui passera plus tard et que ça sert à rien de se prendre la tête pour un truc qui est pas arrivé, mais… et si ça se passe comme ça tout le temps ? Qu’il veut vraiment pas de moi ? Si c’était vraiment une erreur, pour lui ?

Parce que c’est bien ce qu’il a dit, non ? C’est allé tellement vite que je peux pas me souvenir de ses paroles exactes, mais clairement, c’était ce qui ressortait de ses propos. Il voulait pas du tout assumer ou garder contact.

- J’ai pas l’intention de le laisser fuir et je compte pas déprimer dans mon coin sans rien faire. Et je suis carrément décidé à aller le chercher par la peau du cou s’il le faut ! Mais… je mentirais si je disais que je suis totalement serein, quoi…

Je voudrais être aussi assuré que je prétends être. Je peux faire semblant devant les autres, mais devant Danaë… Non. Avec elle, je peux me laisser complètement aller, je le sais.

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Jeu 19 Aoû - 14:09

❝ Un jour mon prince viendra et ma soeur le mordra ❞

Sigurd & Danaë

Le fait qu’il soit conscient qu’il pouvait lui parler de tout, et qu’il affirme même à voix haute qu’il n’avait jamais eu peur de lui parler relâcha une certaine tension à l’intérieur de Danaë. C’était rassurant de savoir cela. Ca n’empêcherait pas les mauvaises choses de lui arriver, évidemment, mais cela lui permettait de savoir qu’elle serait toujours en mesure de le soutenir, d’être là pour lui, et même de l’aider, car elle serait toujours au courant de ce qui se passerait dans sa vie.
Elle eut un petit sourire amusé à la fin de sa phrase.

- Laisse moi gérer ma mauvaise humeur, contente toi de cracher le morceau.

Eh bien quoi ? Elle n’allait rien nier du tout. Son frangin la connaissait assez bien pour savoir ce qui pouvait la mettre en colère ou non, et s’il disait que ce qu’il avait à lui dire ne la ravirait pas, elle le croyait volontiers. Mais elle pouvait se gérer, dans une certaine mesure, et elle était prête à prendre un minimum de recul sur les informations qu’elle allait recevoir. Par exemple, elle ne tuerait pas l’âme soeur de Sigurd dans les 48h qui arrivaient. Voyez, qu’elle pouvait être raisonnable !

Une grande inspiration plus tard, son frère lui déballait le mauvais côté de cette rencontre qui l’avait pourtant rendu si heureux, et qui expliquait qu’il ne soit pas rentré directement plus tôt dans la journée. La jeune femme l’écouta sans mot dire, prenant sur elle pour ne pas hurler qu’elle allait arracher la peau de cet abruti -quoi ? Elle avait dit qu’elle ne le tuerait pas, elle n’avait rien dit sur la torture !- alors qu’elle était témoin de la douleur de Sigurd à travers sa voix et ses yeux.
Danaë serra les mains de son frère dans les siennes, hochant doucement la tête en réponse à ses questions rhétoriques, attendant qu’il finisse pour intervenir. Elle se mordilla un instant la lèvre inférieure, indécise quant à ce qu’elle s’apprêtait à lui dire. Peut être valait mieux commencer par autre chose.

- Bon, t’avais raison, je suis pas très contente, mais j’ai pas pour intention d’aller lui casser la gueule.

Elle laissa une petite pause, avant d’ajouter avec un petit sourire.

-  Pour l’instant.

Elle donna un petit coup d’épaule à son frère, tentant de lui arracher un sourire.

- Et puis, c’est normal d’être blessé, en colère et apeuré après ce qu’il a fait. C’est pas vraiment sensé se passer comme ça le matin qui suit ta première fois. Même si ça arrive bien plus souvent qu’on ne le croit.

Elle eut un petit rire ironique et secoua doucement la tête.

-  Après, de ce que tu m’en dis, j’ai un peu l’impression que tu n’es pas le seul pour qui ça a été une première fois hier soir… Ca peut expliquer son chamboulement, même si ça n’excuse pas son attitude.

Danaë s’arrêta une nouvelle fois. Laissant ses réponses pénétrer l’esprit agité de son frère avant de l’interpeller d’une voix douce.

- Sigurd ?

Ses yeux rencontrèrent les siens, et elle lui adressa un doux sourire avant de continuer.

 - Tu sais que les âmes soeurs ne sont pas forcément voués à être amoureux n’est ce pas ? Certaines âmes soeurs sont frère et soeur, père et fils, cousins, vagues connaissances ou même ennemis.

Elle s’arrêta un instant, mais la lâcheté n’avait jamais été un de ses défauts, aussi continua-t-elle.

- C’est donc possible qu’Ace ne soit pas prêt à avoir une relation amoureuse avec toi, même si tu es son âme soeur. Et le temps, ton affection et ton entêtement peuvent, ne rien y changer.

Elle lui adressa un sourire, déposa un baiser sur sa joue, et ajouta doucement.

- Je sais que tout ça est un peu enivrant, mais il est probablement un peu tôt pour être sûr de l’ampleur de tes sentiments envers cette personne. C’est un jeune homme que tu viens de rencontrer, avec qui tu as fait ta première fois, et qui se révèle être ton âme soeur. Ces points sont indépendants les uns des autres, ce n’est pas pour autant que cela doit mener à de l’amour, tu comprends ce que je veux dire ? 

Elle sourit a nouveau, serrant ses mains dans les siennes.

 - Je te souhaite évidemment d’obtenir ce que tu veux, et que ça évolue dans le bon sens entre vous, mais ne soit pas aveuglé par toute la nouveauté, et l’ivresse de ce lien d’âme soeur. Il est trop tôt pour savoir si tu es amoureux de cet homme, et encore bien trop tôt pour évoquer ce genre de sentiments à voix haute envers lui, crois moi. Surtout vu comment il a réagit ce matin. Tu risques de le faire fuir encore plus surement et rapidement.

Cela ne l’amusait pas vraiment d’avoir ce genre de discours, mais elle avait été à la place de Sigurd -lien d’âme soeur en moins- et elle savait à quel point son adorable, généreux et doux frère pouvait s’emballer vite. Ce qui, dans ce cas là, pouvait être renforcer par une première fois, et un lien mystique que personne ne comprenait encore vraiment très bien. Elle refusait de le voir heurter les mêmes écueils qu’elle, si elle pouvait l’éviter, et encore moins qu’un salaud mal intentionné puisse se servir de son innocence, de sa bonté et de sa générosité contre lui. La détermination, la force et le courage de Sigurd forçait son admiration chaque jour, mais c’était aussi son rôle de le mettre en garde afin qu’ils n’utilisent pas ces magnifiques qualités à poursuivre des objectifs -ou des personnes- qui n’en valaient pas la peine.
Même si, évidemment, dans la mesure où il décidait de n’en faire qu’à sa tête, elle le soutiendrait. Toujours.

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Ven 24 Sep - 11:37

The Phoenix
Fall Out BoyclickDanaë & Sigurd
le 30 mars
xxxUn jour mon prince viendra et ma soeur le mordra
Je lâche un petit rire quand Danaë me répond. Dit comme ça, ça donne l’impression de devoir gérer un ouragan ! Enfin quelque part… c’est pas si loin de la vérité, quand elle s’énerve, elle peut faire des dégâts, ma sœur ! Mais je sais qu’elle est aussi très réfléchie et qu’elle est pas du genre à agir sans raison. Si elle se met en tête d’aller s’énerver contre Ace, c’est qu’il l’aura vraiment cherché. Même s’il m’a fait du mal, je doute qu’elle en vienne à frapper à sa porte pour lui faire la tête au carré pour ça. Je sais qu’il s’est pas bien comporté – c’est pas moi qui vais dire l’inverse ! – mais bon, il m’a pas cassé la gueule non plus. Cela dit, ça aurait peut-être été plus simple… la douleur physique, ça finit toujours par passer. Parfois ça reste plus que d’autre et c’est dur sur le coup, mais ça cicatrise. Alors que ses paroles à lui… elles restent collées à moi, peu importe que je veuille y prêter trop d’attention. J’espère qu’elles vont finir par s’estomper toutes seules.

Je lui raconte tout ce qui me pèse et mettre des mots à voix haute sur mes doutes, j’ai l’impression que ça me soulage tout en m’inquiétant davantage. C’est bizarre. Ça fait du bien d’en parler, seulement ça rend les choses réelles. Pas tant les faits, j’ai eu le temps de m’y faire. Non, le truc que ça rend réel, c’est mes doutes. Je peux pas dire que j’en ai jamais, mais la plupart du temps, je me fixe un objectif et je fonce pour l’atteindre. C’est mon petit côté thérian, je crois. Il faut bien que ça marque, d’avoir grandi dans une meute de canidés. Je peux pas courir à quatre pattes alors je suis devenu fonceur différemment. A moins que j’aie juste hérité du caractère de papa… enfin bref, tout ça pour dire que j’aime pas ça. Je sais pas vers où je dois aller. J’ai envie de suivre mon but et de faire en sorte de faire craquer Ace. Dans ma tête, c’est ça. Seulement… j’ai trop de « et si » qui me parasitent. Ça me fait un peu peur. Je veux pas finir paralysé faute de m’être décidé.

Je fixe Danaë en pressant en retour ses doigts entre les miens de la même manière qu’elle le fait, le cœur un peu battant. C’est bête, mais j’attends vraiment son avis. J’ai besoin de savoir ce qu’elle, elle pense. Mes choix m’appartiennent et je les ferai pas en fonction d’elle, parce que c’est pas elle qui vit ma vie, mais j’accorde quand même énormément d’importance à son opinion et je sais d’avance que ça pèsera dans la balance. Je l’observe tandis qu’elle se mord la lèvre. Je voudrais qu’elle me dise de foncer comme je l’ai toujours fait. Au moins, je saurais que peu importe mes doutes, je prends le bon chemin. Enfin peut-être pas forcément le bon, on peut pas savoir ce qu’il y a au bout. Disons plutôt qu’à défaut de dissiper tous mes doutes, ça en enlèvera assez pour chasser ce qui m’empêche d’avancer.

Je pouffe, rigolant à sa plaisanterie qui, j’en suis absolument sûr, est à moitié sérieuse. Ça me fait quand même du bien d’entendre quelque chose de léger. Je réponds avec un air taquin en lui enfonçant légèrement mon index dans les côtes.

- C’est pas parce que tu veux pas lui casser la gueule pour l’instant que tu as pas envie de lui mordre les fesses !

Je grimace un peu à la suite. Moi, j’avais pas l’impression que c’était si répandu, de se faire traiter comme ça, mais bon, je suis pas un expert… et je trouve que c’est nul, comme comportement. Surtout que je sais qu’elle parle en connaissance de cause… Sérieux, ça craint ! C’est pas parce qu’on a pris son pied et que c’est fini qu’on doit jeter l’autre comme un vieux mouchoir ! Enfin j’ai conscience qu’elle est du même avis que moi, évidemment. Je la laisse continuer, devinant qu’elle a pas terminé et je hoche la tête plus sérieusement quand elle me dit qu’elle pense que c’était aussi la première fois d’Ace. J’avoue que je me suis fait la même réflexion. Je peux pas en être sûr mais bon, c’était tellement violent comme rejet…

- Ouais, c’est ce que je me suis dit, aussi…

Je lui demanderais bien si, à son avis, il vit mal son homosexualité comme je le crois, mais la réponse, je la connais déjà. On peut pas le savoir, c’est tout. Le regard un peu perdu dans le vide, je relève les yeux vers elle quand elle m’appelle. Mon cœur rate un battement. Sa façon de me regarder, comme si elle voulait m’envelopper dans une couverture de douceur, fait naitre en moi une inquiétude que je peine à masquer. C’est comme ça qu’elle me regarde quand elle essaie de me préserver du poids de certaines réalités sans vouloir me mentir ou me les cacher pour autant. Elle m’a regardé comme ça le jour où elle m’a fait comprendre que mes parents ne se remarieraient jamais, qu’ils soient amoureux ou non. Et je sais aujourd’hui qu’elle a eu raison de le faire. Ça m’a fait grandir. Seulement je redoute ce qui va suivre.

Je serre mes lèvres quand elle commence en douceur en m’annonçant que des âmes sœurs ne sont pas forcément en couple. Je le sais. Evidemment que je le sais. Vegas est loin de porter la sienne dans son cœur. Elle est liée à un type qui lui fait du mal, sûrement de façon pire qu’Ace avec moi. Mais elle, elle est pas amoureuse… enfin je crois pas. J’ai assez entendu ma meilleure amie en parler pour l’avoir bien imprimé. Sauf que je comprends où Danaë veut en venir. Et j’ai pas envie d’entendre la suite. Je détourne le regard. J’ai pas la force d’affronter sa prévenance alors que je sais que ça va me faire mal. Et oui, en effet. Oui, ça fait mal. Très. Pourtant ça fait qu’une journée. A peine vingt-quatre heures. Vingt-quatre petites heures et l’idée de ne jamais l’avoir dans ma vie de cette façon, ça me brise le cœur. Presque littéralement, d’ailleurs. J’ai l’impression qu’il s’effondre dans ma poitrine quand je m’imagine privé de la présence de Ace, de ses baisers, de son contact, de son sourire. Je crois que je vais manquer d’air.

Je bouge pas d’un pouce en sentant que ma sœur m’embrasse doucement sur la joue. Je suis incapable de faire un seul mouvement. Depuis des années, depuis mon opération, pour être précis, je me suis toujours dit qu’il ne tient qu’à nous de faire changer les choses. Je me suis promis de plus jamais rester paralysé par ce sentiment d’impuissance, de plus jamais baisser les bras avant d’avoir tout essayé, de plus jamais déprimer et encore moins de m’apitoyer sur mon sort sans rien faire. Je crois sincèrement qu’on peut faire bouger les choses. Qu’à force d’essayer, les sentiments peuvent faire trembler le ciel. Et quand on ne peut pas malgré tout, c’est pas grave si on y a mis tout son cœur et toute son énergie parce qu’alors on regrette rien. Mais là… Je sais plus. Pour la première fois depuis des années, je sais plus. J’en suis plus sûr. Est-ce que ça vaudrait juste pas la peine d’essayer ? Est-ce que c’est voué d’avance à échouer ? Si ma sœur y croit pas, est-ce qu’elle a raison ? Parce que c’est bien ça qu’elle essaie de me dire, non ? Ou je comprends mal ?

Danaë continue et sa remarque fait voler en éclat quelque chose en moi. J’écarquille brusquement les yeux sous la violence de la peine qui plante ses griffes en moi alors que ces derniers commencent à s’embuer. J’essaie de retenir mes larmes mais j’ai la gorge qui se noue. Ma lèvre inférieure se met à trembler. C’est pas dans ma nature de douter et d’hésiter. Et là, je devrais douter non seulement de mes choix mais même de mes sentiments ? Est-ce que je ne peux pas me faire confiance ? Parce que j’ai pas d’expérience ? Que tout est allé très vite ? Que tout glisse entre mes doigts ? Que j’ai mélangé trois choses distinctes ? Je serre les dents en accusant le coup. Mes yeux me brûlent. La nouveauté ? L’ivresse du lien ? Oui, je l’ai ressenti, ça. Cette euphorie grisante, chaude, enivrante, évidemment que ça a contribué à me pousser dans ses bras. Comment je pourrais oublier ça ?

Mais c’était pas tout. Indépendamment de cette sensation d’être connecté, je sais, je sais qu’il y a autre chose. J’ai beau n’avoir jamais été amoureux, même si j’ai bien sûr eu de gros béguin, ça non. Non, non, je peux pas en douter. Je peux pas croire que je l’invente, juste parce que je me serais laissé emporter par la nouveauté. Je connais le sentiment de liberté et de bonheur, de sérénité aussi, qu’on ressent quand on commence quelque chose qu’on n’avait jamais fait et qui nous transporte. J’oublierai jamais ce que j’ai ressenti quand j’ai réussi à courir avec ma prothèse pour la première fois. Même si c’est un contexte totalement différent, je crois que ça me donne un aperçu de ce que ça aurait pu être, des faux sentiments pour Ace. Mais c’est pas le cas. Pourquoi ce serait trop tôt ? Pourquoi est-ce qu’il faudrait des règles et limites à l’amour ? Moi, j’y crois pas. Je crois qu’on peut tomber sincèrement, totalement et irrémédiablement amoureux en un seul regard. Je le crois jusqu’au plus profond de moi. Je chasse la douleur et le chagrin en me concentrant sur cette conviction. Non, je me trompe pas. Je peux me tromper sur beaucoup de choses, mais pas sur ça. Non, pas sur ça.

- Non, Danaë, fais-je d’une voix sourde mais parfaitement décidée. Je me trompe pas, tu sais. Je m’en fous qu’on puisse dire que c’est tôt, que je suis jeune, que notre lien d’âme sœur me rend confus, moi, je suis certain de ce que je ressens et ça, personne peut me l’enlever. Et peut-être que ça passera un jour, j’en sais rien, mais là, je te le dis, j’aime Ace. Et ça a rien à voir avec notre lien ou notre première fois. Parce que c’est précisément parce que je l’aime que je lui ai donné ça sans hésiter. Parce que j’étais sûr de moi. J’ai pas peur de regarder au fond de moi, Foxy. Je sais qui je suis. Je sais ce que je veux et je sais ce que je ressens, même si je sais plus quoi faire.

Je reste une seconde le regard plongé dans le sien. Evidemment que j’en veux pas à Danaë de m’avoir dit ça. Il y a pas de barrières entre nous et c’est ce que j’aime. Mais si elle pense que j’ai tort, alors tant pis. C’est pas grave si elle comprend pas. C’est pas ça qui va nous éloigner. Je voudrais juste qu’elle l’accepte, c’est tout. Je suis con de douter. Puisque j’aime Ace, je devrais juste tout faire pour le convaincre. Je veux pas de regrets. Plus que le reste, plus que tout, regretter, c’est hors de question. Et je baisse les bras, ça arrivera. Je continue, à voix basse cette fois. Je sais pas trop si je me parle à moi-même ou à elle.

- Mais je sais que si je fais rien, je vais le regretter… Je m’en fiche si je le fais fuir. J’irai le chercher. Est-ce que… c’est vraiment une mauvaise chose de vouloir se battre pour ce qu’on veut ?

Je fixe nos mains enlacées, la question résonnant dans mon esprit. Je sais plus, ce qui est bien ou pas. Là, tout de suite, je sais plus…

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Lun 4 Oct - 17:36

❝ Un jour mon prince viendra et ma soeur le mordra ❞

Sigurd & Danaë

Bien qu’elle eu capté le stress d’anticipation qui s’était épanoui dans le regard de son frère quand elle l’avait interpellé, Danaë ne s’était pas rétractée. Elle n’avait pas vraiment envie de lui dire tout ça, mais la lâcheté n’avait jamais fait parti de ses défauts, et il avait besoin d’entendre tout cela. Malgré tout, lorsque les larmes emplirent les yeux si bleus de Sigurd et que sa lèvre inférieure se mit à trembler sous le coup de l’émotion, elle eut bien du mal à retenir ses propres larmes.
Elle détestait voir son frère souffrir et savoir que c’était elle, ou tout du moins le contenu de ses paroles, qui lui causait cette peine amplifiait son mal-être.

Elle lui laissa le temps d’assimiler, gardant ses mains serrées dans les siennes, en l’observant attentivement, même lorsqu’il détournait le regard. Elle observa ses pensées passer sur son visage, ses questionnements, ses propres réponses, sa détermination et ses doutes.
Son attention se re-concentra sur elle alors qu’il lui répondait, et elle écouta sans l’interrompre. Elle hocha doucement la tête à sa tirade, sans rien dire en revanche. Ce n’était pas vraiment qu’elle ne le croyait pas, ni même qu’elle le pensait trop jeune pour être amoureux. Il n’y avait pas d’âge pour cela. Peut importe que la nature de cet amour, sa profondeur ou sa difficulté diffère en fonction de si on a 5, 12 ou 35 ans. On peut tomber amoureux à n’importe quel âge.
Ce qu’elle avait voulu faire comprendre à Sigurd, c’était surtout que son affirmation arrivait bien trop tôt dans leur relation. Il le connaissait à peine, il ne savait pas qui était ce Ace. Il avait eu un coup de foudre, ça c’était évident. Et c’était puissant, elle le savait. Mais ce n’était pas de l’amour. L’amour ça se construisait petit à petit, grâce au temps passé ensembles, à ces qualités et défauts que l’on découvrait peu à peu chez l’autre… Ces petites manies que l’on trouve adorables, puis agaçantes puis adorables à nouveau. Les expériences, les moments, les souvenirs partagés ensembles. On tombait amoureux petit à petit, insidieusement, et ça vous surprenait tout d’un coup lorsque vous vous rendiez compte que vous étiez complètement mordu de quelqu’un au point de pas pouvoir vous en passer…

Malgré toutes ses pensées, elle n’en dit pas un mot. Elle ne demanda pas à Sigurd quelle était la couleur préférée de Ace, le nom de ses frères et soeurs, ses rêves, ses qualités et défauts, ou encore ce qu’il aimait chez lui. Elle savait, qu’il ne pourrait pas lui répondre, mais elle estimait que c’était un peu trop cruel que de mettre Sigurd si violemment devant cette vérité de cette manière, là maintenant. Ce n’était pas sa place, et manifestement, c’était une leçon de vie que son frère devrait apprendre seul, aussi dur et douloureux que cela pourrait se révéler être.
Elle soupira doucement, tiraillée par son envie d’être honnête et d’aider Sigurd, et celle de le laisser apprendre et grandir à son rythme. Après tout.. S’il avait beaucoup de chance, peut être aurait-elle tort sur ce Ace, et son frère n’aurait pas à se confronter à tout cela…

La voix, ténue et basse mais bien reconnaissable de l’enchanteur, la ramena à l’instant présent et elle lui adressa un sourire attendri.

- Non Sigurd. Tu es bien placé pour savoir qu’il est important de se battre pour ce que l’on veut.

Elle s’arrêta un instant, cherchant ses mots, tentant de trouver les termes pour faire comprendre sa pensée à son frère sans qu’il ne le prenne pour un manque de compréhension ou de soutien de sa part.

- Rappelle toi juste que tout cela ne dépend pas QUE de toi. Une relation, ça se construit à deux. Tu pourrais y mettre tous les efforts que tu veux, être le plus parfait des jeunes hommes, et le petit copain le plus attentionné du monde… Tu ne peux pas forcer quelqu’un à t’aimer. Tu ne peux pas l’avoir à l’usure, au bout de long mois de forçage, de coup d’un soir et de suppliques. Les sentiments ne se forcent pas.

Elle fit une pause, penchant la tête de côté.

 - De toute façon, tu ne le voudrais pas n’est-ce-pas ? Serais-tu vraiment heureux, si Ace finissait par céder seulement parce qu’il n’en peut plus de se battre ? S’il acceptait de sortir avec toi, non pas parce qu’il s’est rendu compte que ça valait le coup de tenter une relation ou qu’il tient à toi et ne veut pas vivre sans toi, mais parce qu’il est juste las de te dire non ? Et que c’est juste plus facile de te dire oui ?

Danaë lui sourit gentiment, sans condescendance ou extrême douceur, juste avec une complicité et une affection née de leurs longues années de conversation. Elle voulait juste qu’il comprenne, et qu’il admette, que peu importe ce qu’il ressentait, il n’avait pas le pouvoir de forcer Ace à changer si ce dernier ne le voulait pas. Mais également, qu’elle n’était pas contre le fait de se battre pour le faire changer d’avis. Juste que tout ne dépendait malheureusement pas de lui, et que ça pouvait très bien ne pas marcher, ou se retourner contre lui.
Dans tous les cas, comme d’habitude, elle serait là pour lui. Parce que c’était son rôle de grande soeur, et qu’elle l’avait toujours pris à coeur depuis le moment où ce petit garçon blond qui ne parlait pas un mot d’anglais avait posé le pied dans son salon.

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