Panique au zoo ! - Event n°1 - Sigurd et Daimon

La tête enfoncée dans l’oreiller, mon bras partit à tâtons en quête du coupable qui venait de me tirer d’un sommeil profond. Ma main s’empara du téléphone, et mes doigts commencèrent à tapoter et swiper au hasard pour faire taire le bruit. Je finis par décrocher et coller l’appareil à mon oreille, pour venir gratifier l’appelant, toujours non identifié à ce stade, d’un :

- ...llo ?

Encore étouffé par l’oreiller.

- Dai, enfin putain !! Dépêche toi, on a une intervention d’urgence au zoo !

Je tentai de reconnecter mes neurones, mais à peine extirpé des bras très confortables de Morphée, et de la fourrure toute douce de Liloo, c’était compliqué.

- Mais je suis de repos...

Protestai-je mollement, me rappelant enfin pourquoi j’étais encore entortillé dans les draps alors que mes collègues semblaient si alertes.

- C’est une urgence. On a besoin de tout le monde sur le pont. Y a une élémentaire de feu qui pète un plomb et des tigres en liberté !
- Des QUOI ?

Là, j’étais déjà plus réveillé. Je réussis à décoller mes yeux encore englués de sommeil pour zieuter mon téléphone. Donc nous n’étions bien PAS le 1er avril. Ce n’était donc pas une blague. Ou alors c’était une blague hors 1er avril, et une de très mauvais goût. D’ailleurs toutes les blagues incluant un réveil trop brusque étaient d’un goûteux douteux si vous voulez mon avis.

- T’es le plus proche alors ne passe pas par la caserne, on se rejoint sur place !

Me lança mon collègue avant de raccrocher, me laissant tout sonné et penaud. C’était quoi ce démarrage de journée ?!

J’activai rapidement le mode 4eme vitesse qui me permettait de passer en pilote automatique et de me préparer même en ayant pas tout à fait les yeux en face des trous. J’étais fatigué de ma soirée agitée de la veille, mais heureusement pour moi, ne buvant jamais d’alcool, je m’évitais toujours la célèbre gueule de bois. Quelques minutes plus tard j'étais fin prêt.

-  Même pas le temps pour un petit dej rapide ?

Me supplia Liloo en prenant son air le plus piteux possible pour m’attendrir.

- Désolé ma grande. « Tigres et incendie » pèse plus dans la balance que ton estomac qui gargouille !

La taquinai-je en rassemblant mes affaires pour le départ. Le manoir n’était en effet pas si loin du zoo, alors en moto c’était l’affaire de quelques minutes. Je profitai des quelques instants où je cadenassais mon bolide pour mettre les points sur les i à Liloo.

- OK si jamais c’est trop agité, tu sors fissa du zoo et tu m’attends ici. S’il y a une foule paniquée, tu files. Si tu vois du feu, tu files. Si tu vois un tigre, tu files. Sans lui faire de câlin, tu te tailles, c’est compris ?!

- Ooooh... oui PAPA !

Je lui jetai un dernier regard sévère, avant de soupirer. Elle avait intérêt à m’écouter. Je n’aimais pas me séparer d’elle parce que je savais que ça finirait mal pour nous, mais je n’étais pas tranquille à l’idée de l’emmener dans ce merdier. Mon collègue avait quand même parler de tigres en feu ! Enfin de tigres, et de feu, mais vous voyez ce que je veux dire…
Ceci étant clarifié -enfin autant clarifié que possible avec Liloo dans la balance- je pouvais me concentrer sur le travail qui m’attendait, et un travail de taille. Je partis au pas de course en direction de l’entrée, et rapidement, le flot allant dans le sens opposé s’intensifia. J’avais l’impression d’être un saumon allant contre le courrant, et si en général j’étais plutôt fier de ne pas être un mouton, là, c’était tout sauf pratique. J’étais bien content de mon 1m83 qui me permettait AU MOINS de voir par delà les têtes affolées. Rapidement, je fis signe à Liloo de se mettre sur le côté pour éviter de finir piétinée.

A l’entrée, on essaya de me dissuader de rentrer, et la discussion se fit dans les cris pour essayer de couvrir le brouahaha et la panique ambiants. Je parvins à leur faire comprendre que j’étais pompier et à me faufiler à l’intérieur du zoo, mais mon travail de saumon était loin d’être fini. La bonne nouvelle, c’était que je n’avais qu’à suivre le flot de la frayeur pour probablement tomber sur la source du problème. A trop essayer de regarder au delà des crânes de tout le monde, je ne vis pas la petite furie qui me fonça droit dedans avec son plateau publicitaire. Et bordel, ça faisait pas du bien un plateau en bois en plein dans le diaphragme. Elle nous fit tomber à la renverse, dans l’herbe, alors que les dizaines de mini-bouteilles de jus de pomme juicy smile s’éparpillaient autour ou sur nous.

- Arg… mais vous pouvez pas regarder devant vous quand vous vous enfuyez en courant ?

Grommelai-je en essayant de me remettre sur pied. La gamine ne prit même pas une minute pour me répondre, elle avait déjà sauté sur ses baskets roses pour déguerpir d’ici à l’allure d’une thérianguépard, mais laissant comme deux ronds d’flan, littéralement sur le cul. Haussant les épaules, je songeai qu’un petit jus de pomme ne me ferait pas de mal -surtout que j’avais le ventre vide, et besoin d’énergie pour affronter un incendie. Je ramassai les cinq ou six bouteilles les plus en état, les glissai dans les poches de mon blouson, avant de repartir à contre-courant, cette fois-ci en essayant d’emprunter des chemins détournés pour ne pas me reprendre une ado trop pressée et trop myope.

Ce fut au détour d’un virage que j’arrivai devant un enclos littéralement en feu ET défoncé. OK. Quelque chose me disait que j’étais au bon endroit. Il y avait déjà un peu moins de monde, une grande majorité s’étant déjà enfuie loin et vite. Bon. En attendant que les copains arrivent, j’allais commencer par essayer de réduire voir d’éteindre le feu histoire de ne pas aggraver la situation. Je m’apprétai à me mettre au travail, mais un hurlement à m’en crever les deux tympans attira mon attention, et me retournant, je vis un homme en panique totale détaler dans ma direction avec, à ses trousses, mais toujours à distance respectable, un tigre en feu. Pas le temps de réfléchir, je plongeai sur le côté avant de me prendre l’un ou l’autre ou les deux… et surtout avant de vérifier que le champ était libre. Et il ne l’était pas, comme put en attester le pauvre bougre qui me servit de matelas.

Je roulai sur le côté en grognant des excuses, et c’est là que je vis sa tête. A celui que j’avais écrasé comme un rouleau à pâtisserie applatirait une pâte. Oh non. Non non non. Manquait plus que ça. Manquait plus que LUI ! Sérieusement l’univers ? Un incendie ? Des tigres en feu ? Et maintenant Sigurd Hirtzmachin ? Et après quoi ? Satan en liberté sur terre ? Ah non, Satan s’appelait Jacklyn et était bel et bien interné dans un hôpital psychiatrique.

- C’est une blague… c’est une putain de mauvaise blague...

ronchonai-je en essayant de me remettre sur mes jambes. Je m’étais fait mal en tombant, parce que ma jambe n’avait pas l’air de vouloir me garder en équilibre. Tant pis, je resterais à quatre pattes pour lors. J’allais râler sur l’univers qui s’acharnait à lâcher les plaies d’Egypte -oui oui, Hirtztruc en faisait clairement partie- sur ce malheureux zoo, mais la vue d’un gros chat paniqué fonçant à toute vitesse vers Sigurd me coupa net le sifflet.

- ATTENTION !

Hurlai-je. Et de manière parfaitement inattendue, mon premier réflexe ne fut pas de me barrer d’ici, mais d’essayer de sauver la vie de cet abruti de première. Ca devait être la vocation de pompier bien ancrée en moi, hein, je voyais pas quoi d’autre. Sauf que j’étais un peu à court d’idées pour agir. Alors oui, j’aurais pu me servir du feu, mon jumeau maléfique dont j’étais inséparable. Mais allez savoir pourquoi… Que ce soit parce qu’il y avait déjà trop de feux à mon goût, ou parce que mon cerveau avait décidé de suivre la foule qui s’était carapatée de là vitesse grand V, ce ne fut pas ce qui se passa. Du tout. A la place… j’attrapai le premier trucs que j’avais sous la main -4 des 6 bouteilles de jus de pomme que j'avais ramassées- pour les balancer à la gueule du tigre. En espérant qu’il soit jusdepommephobe, ou suffisamment perturbé pour laisser le temps à l’autre couillon de ramper ailleurs. Sinon Vegas allait me tuer. Genre, plus que d’habitude, quoi.

Dans la famille combo suprême “journée de merde”, le Karma avait quand même fait fort. Caser dans le même jour un incendie géant pendant mon repos -déjà que j’avais pas des masses de congés !-, des tigres en liberté avec le feu aux fesses, ET Sigurd… Ca faisait trois gouttes d’eau pour faire déborder le vase. Et visiblement, le mage était du même avis que moi à en croire son air irrité au possible. En même temps il avait toujours cette tête quand il me parlait, c’était physique entre nous. Et pas dans le bon sens du terme.

- Ah mais j’aime bien le feu moi. Et les tigres… faut juste se dire que ce sont de gros chatons. Toi par contre...

Répondis-je, un sourire moqueur aux lèvres. Et comme pour bien me rabattre le caquet, l’univers trouva sans doute intéressant de nous envoyer un de ces fameux “gros chaton” en pleine poire histoire de me donner une petite leçon. C’était le Karma qui me disait “je vais t’en foutre des gros chatons moi !”. Y avait pas mieux pour calmer un fanfaron celà dit, car je n’en menais clairement plus large alors que le félin fonçait vers Sigurd tous crocs sortis. Instant de panique… Je vis Sigurd tenter de se protéger avec ses bras -sérieusement mec ?!- tandis qu’on décrétait une mort cérébrale de mon côté. Du feu, ça aurait été intelligent, Daimon… Ca fait reculer les bêtes sauvages le feu, et puis tu le maîtrises, c’est quand même un peu l’idée du siècle non ? Pas pour mes neurones occupés à faire la file indienne de la panique, visiblement. Y en avait un dans le lot qui dut se désolidariser de la chenille parce que soudainement, une idée jaillit de nulle part. Celle de jeter mes jus de pomme à la tronche du gros matou. Parce que clairement, entre une pluie de bouteilles et du feu… Voilà quoi. Stupido, comme disait Gio.

Mais Stupido étonnamment efficace ! J’y croyais pas moi-même à ma technique ridicule, et pourtant, le prédateur fit bel et bien demi-tour, nous épargnant tous les deux. J’avais dû tomber sur le seul tigre bouteillophobe de toute l’Amérique, et c’était tant mieux !
Sigurd et moi on resta un instant silencieux et haletant, le temps que l’information ne grimpe à notre matière grise : on était saufs. Pour le moment. Le mage brisa le silence pour me remercier, et je répondis par un hochement de tête qui voulait plus ou moins dire “ben normal quoi…”. Ouais, il était insupportable, et il avait des goûts relationnels vraiment déplorables, mais de là à le laisser aux griffes d’une grosse bêbête, fallait peut être pas pousser.

Sauf que l’autre trouffion ne trouva rien de mieux que d’enchaîner avec une critique déguisée de ma technique. J’ouvris de grands yeux, le dévisageant comme s’il était demeuré.

- Euh… venant du type qui a essayé de se protéger d’un tigre AVEC SES BRAS ?

Non mais quel muffle ce type ! Je lui sauvais les miches, et il trouvait à râler sur la forme.

- La prochaine fois je te laisserai finir en steak hein...

Grommelai-je, vexé comme un poux. Je me découvrais une susceptibilité que je ne connaissais même pas franchement jusque là. Comme quoi… quand on dit que y a des gens qui font ressortir le pire en vous. J’entrepris de me relever, chassant les brins d’herbe pot de colle des mes cuisses et mes fesses, jetant un regard en biais à Sigurd l’ingrat.

- Si, je peux aider à contrôler le feu.

Grognai-je en zieutant autour de moi pour essayer d’évaluer l’ampleur des dégats. Grande. L’ampleur était grande. Y avait des départs de feu à de multiples endroits, ce qui rendait cela très compliqué à contenir.

- Mais si on ne trouve pas la source, ça ne va pas règler le problème de juste contenir les incendies

Ajoutai-je, glissant ma main dans mes cheveux alors que je réfléchissais à la meilleure stratégie à adopter. Ma phrase dut enclencher un interrupteur dans la tête de Sigurd, puisque celui-ci se mit soudainement à pointer du doigt une jeune femme visiblement en sale état ou en train de faire un malaise, dur à dire, l’accusant ouvertement.

- Ca te prend souvent d’accuser les gens comme çaAAAAAAH

Sans me demander mon avis, il venait se s’emparer de mon bras pour m’entraîner à sa suite comme si j’étais une valise à roulettes. Mais c’était qu’il avait sacrément de force en plus ce con ! Ce ne fut qu’arrivés devant elle qu’il ralentit la cadence, et que je pus récupérer mon bras en tirant d’un coup sec et en lui jetant un regard noir. Le type le plus sans gêne du monde quoi !
Plantés devant la jeune femme, il était assez évident qu’elle était en pleine crise… Ce qui pouvait alimenter la théorie selon laquelle elle serait responsable de ce fiasco. Bon. Si c’était une élémentaire de feu, elle devait avoir un Eidolon quelque part, on pouvait commencer par ça.

- Est-ce que t’as vu une bestiole traîner autour d’elle ? A part les tigres je veux dire.

Après l’Eidolon avait pu s’éloigner, ou la perdre dans la cohue. Après tout, je m’étais moi-même séparé de Liloo pour sa propre sécurité. Je m’approchai un peu d’elle, ne sachant trop comment m’y prendre. Moi ma spécialité c’était de séduire les femmes, pas de les rassurer !

- Mademoiselle, est-ce que tout va bi...

Je fus interrompu par un cri. Aigu. Et long. Elle s’était mise à hurler comme une folle furieuse, me faisant sursauter et reculer en même temps. Et alors même qu’elle nous perçait les tympans au marteau piqueur, je vis mon pantalon prendre feu sous mes yeux.

- Je crois que ça répond à nos doutes...

Grommelai-je, sans doute exagérément calme vue la situation. Mais pour ma défense, le feu ne me faisait aucun effet. Alors certes, c’était dommage pour mon jeans, mais ma peau, elle, en resortirait intacte. Je finis tout de même par étouffer la flemme, songeant que ce n’était pas le moment de se balader en slip juste par flemme d’éteindre un pantalon en feu. Ceci étant fait, deux choses étaient maintenant assez claires : d’abord, c’était bien elle qui était en train de transformer le zoo de Chesscross en enfer sur terre. Et ensuite, l’approcher, et surtout la calmer, s’annonçait plus difficile que prévu.

Chopant Sigurd par le coude, je le tirai à moi pour nous éloigner de l’élémentaire pyromane.

- Tu veux pas essayer de la calmer là ? T’as pas un sort ou un truc pour nous l’endormir ? Les feux existants, je peux gérer après, mais j’aimerais déjà qu’elle arrête d’en créer de nouveau...

Les sous-titres disaient simplement “Tu veux pas te rendre utile un peu ?”.

Le désastre des tigres avaient été évité de justesse. Nous étions miraculeusement en vie, Sigurd et moi, et ce grâce à de petites bouteilles de jus de pomme… franchement, qui aurait parié là dessus pour notre survie ? Pas moi en tout cas, c’était certain. Pas Sigurd non plus, même si côté défense la sienne laissait franchement à désirer, ce que je ne pus m’empêcher de souligner. Mais il ne semblait pas franchement convaincu d’avoir eu le réflexe le plus cretin qu’il soit. Haussant un sourcil, je ne pus retenir le sarcasme dans ma voix.

- Euh… Rouler sur le côté ? Avoir un instinct de survie ? J’en sais rien moi… même me balancer moi à la gueule du tigre aurait eu plus de sens !

Répliquai-je en levant les yeux au ciel. Alors certes, ça m’arrangeait bien qu’il ne se soit pas servi de moi comme bouclier humain, mais il n’empêche que ça aurait été plus malin de sa part que de juste se rouler en boule en espérant que le tigre allait l’esquiver de lui-même. Et en prime, il trouvait à redire à MA manière de sauver SES miches. Non mais le monde à l’envers ! Ce que je ne manquais pas de souligner parce que bon… je voulais bien être là bonne poire occasionnelle mais fallait pas non plus critiquer ma manière de l’être. Je ne m’attendais juste pas à un Sigurd tout penaud en face de moi. Ok, maintenant c’était moi qui me sentais bête. Je le dévisageais dans un froncement de sourcils, claquant mes dents entre elles dans un tic nerveux.

- Oui bah… c’était pas très drôle.

Conclus-je dans un haussement d’épaules. Y avait de toute façon plus urgent que nos petites affaires de mécompréhension mutuelle. Genre… des tigres, un incendie… et visiblement une élémentaire hors de contrôle. Ou en tout cas celle que je pensais être une élémentaire. Je demandai à mon acolyte s’il voyait un eidolon -enfin un animal en langage commun- dans le coin pour confirmer ma théorie, mais il ne trouva rien de mieux que de me faire remarquer que nous étions dans un zoo.

- T’es sûr que t’es le meilleur ami d’une élémentaire ?

Il allait quand même pas me dire qu’il avait jamais discuté de Darcy avec Vegas ? Bon. On s’en foutait. La jeune femme venait de littéralement foutre le feu à mon pantalon, donc le doute n’était plus permis. Le blondinet se mit instantanément à paniquer, ce qui était plutôt drôle à voir, même si je m’efforçai de ravaler mon sourire.

- T’en fais pas pour ça, je suis sur que je peux lancer une nouvelle mode.

Pourquoi pas après tout ? Si les jeans déchirés faisaient fureur, pas de raison pour que les jeans brûlés non. Mais les futures tendances de la mode allaient devoir attendre un peu car on avait une hystérique à calmer, et pour ça, je misais plutôt sur mon comparse à vrai dire. Il lui fallut un petit temps de réflexion avant de dégainer un semblant de plan qu’il m’exposa.

- 5 fois ? la vache c’est l’arnaque d’être mage…

Fis-je remarquer à haute voix. Ça avait l’air bien compliqué cette affaire d’enchantement. Avec un peu de perspective, si ça se trouvait, mon plan d’effacement de souvenirs avec un mage n’était même pas faisable. J’en avais un sous la main, de mage, c’était peut être l’occasion de me renseigner. Oui mais c’était de Sigurd dont on parlait. Il y avait 50% de chance qu’il me raconte n’importe quoi juste parce qu’il ne pouvait pas me voir en peinture et 99% de chance que ce soit répété à Vegas, or c’était tout ce que je voulais éviter. Donc en résumé, mauvaise idée. ET mauvais timing.

Sa voix me tira de mes considérations alors qu’il me donnait ses instructions. Oh bah ça va qu’il se sente pas trop pousser des ailes non plus, la seule raison pour laquelle j’obtempérais c’était parce que se chicaner avec lui, si tentant fut-ce, ne nous aiderait pas beaucoup avec notre petit souci.

- Oui chef.

Lâchai-je pour la forme, un sourire un brin moqueur au coin des lèvres. Ceci étant dit, je lui laissai son espace pour travailler et commençai à m’occuper des différents départs de feu pour les éteindre - ca ferait moins de travail pour mes collègues plus tard. La voix de Sigurd attira mon attention, et je me tournai juste à temps pour le voir pointer une feuille en fuite du doigt. Euh… il me prenait pour son clebs ou quoi a m’envoyer courir après ses affaires ? Bon, je m’offusquerai plus tard, là y avait comme une urgence. Je me mis à détaler après la feuille, me ridiculisant sans nul doute comme on le fait toujours dans ce genre de cas, avant de l’écraser d’un pied furieux au sol. Bon, y avait une jolie trace grise de semelle dessus maintenant, mais au moins je l’avais. Je reviens triomphant en arrière, prêt à faire remarquer à Sigurd que la prochaine fois il pourrait aller chercher ses pense-bêtes tout seul, mais je fus coupé dans mon élan narquois en le retrouvant étalé de tout son long par terre.

- Merde…

Grommelai-je en trottinant jusqu’à lui. Me penchant en avant, je l’attrapai par le bras, le soulevant en grimaçant un peu pour le remettre sur pied. Il n’était pas franchement lourd, mais on ne soulevait pas les gens comme on soulevait un panier…

- Euh, ça va ? Qu’est-ce qui s’est passé ?

Demandai-je dans un froncement de sourcils. J’avais l’impression d’avoir loupé quelque chose. Y avait quand même littéralement rien sur quoi se casser la binette par terre… Peut être que faire des enchantements l’étourdissait ? C’était VRAIMENT l’arnaque d’être un mage. Moi le feu, quand je m’amusais avec, je me sentais encore plus énergisé. Merde. Le feu. La fille. J'aurais presque oublié qu'il devait finir son truc. Je plaquais la feuille avec l’autographe de mon pied en plein dessus sur sa poitrine.

- Tiens. Ton anti sèche.

Fouillant dans ma poche, je constatai qu’il me restait encore deux jus de fruit qui n’avaient pas fini en projectiles anti-tigres. Je lui en tendis un, le jaugeant du regard pour m’assurer qu’il était en état de finir son machin.

- Et tiens. Du fuel. T’as l’air d’en avoir besoin.

Peut être qu’il avait manqué de sucre et que c’était pour ça qu’il s’était viandé après tout…

- Si t’as besoin de moi je serai au stand barbecue

Ajoutai-je, désignant du pouce le feu derrière moi. Bon, mes collègues mettaient un sacré bout de temps à arriver. Ils avaient dû être coincés en chemin, probablement.