Ah putain, mais c’est pas vrai? Comment il en est encore arrivé là? L’élémentaire souffle, recule et manque de se prendre un crochet du droit mais son sourire canaille vient remplacer son souffle avant qu’il ne riposte d’un coup de poing bien senti dans le ventre de son adversaire. Ce type? Il ne le connaît pas du tout. En fait la journée a commencé comme toutes les autres journées. Il s’est levé, de mauvaise humeur, sans avoir trop dormi. Envoyer chier Harry est une part de son quotidien importante alors que le cafard lui lance un bonjour poli tous les matins. Bonjour ton cul, oui! Et ensuite, “morning routine” classique, comme disent les nanas qu’Ace prend parfois à l’occasion. Enfin bref, une clope, un verre de café instantané (il en restait miraculeusement au fond d’un placard) et une toilette au lavabo avant d’enfiler des fringues, sa veste et de partir. Aujourd’hui est un jour de repos, alors comme d’habitude Ace est allé se détendre près de la plage, observer le lever de soleil. C’est un truc qu’il aime bien faire, voir toutes ces couleurs illuminer sa bécane rutilante, comme si elle était en feu, comme si elle était comme lui l’espace d’un instant. C’est rassurant, dans un sens, apaisant, peut-être, Ace ne sait pas trop. Enfin il aime bien quoi. Et puis son moment de félicité s’est fait la malle quand la bande de conardos qui le suit partout l’a trouvé. Il se demande souvent s’ils n’ont pas un boulot, une maison où rentrer, même un truc piteux comme lui mais quelque part. Vraisemblablement non puisqu’à chaque fois qu’il sort, ils sont dans les parages. C’est franchement chiant, cette histoire mais la dernière fois qu’il leur a dit de se barrer, ils étaient de retour le lendemain. Donc voilà, il a passé la moitié de la journée avec ces gros nazes sur les talons, à juste traîner par-ci, par-là puis il a fini par se stopper à son spot préféré des Camelines: un muret, par loin d’une petite épiceries où on peut voir tout ce qu’il se passe sur le croisement. Il aime bien se mettre là, Ace et juste regarder les gens qui passent, qui font leur vie, qui se soucient pas de lui. Quand il le peut, il s’assoit sur le muret et fume et se ferme au monde en regardant les gens et puis c’est tout. Mais bon évidemment, aujourd’hui c’était pas comme ça. Il sait pas trop ce qu’il s’est passé mais pour une fois il était accoudé au muret et les connardos ont commencé à siffler les nanas qui passaient, quelle bande de cons, sérieux, comme s’ils avaient une chance de se taper des canons pareils… Et puis l’un d’eux a sifflé la mauvaise nana parce que son mec s’est approché. Pourquoi Ace s’est pris le coup? Franchement il en sait rien mais le type s’est vite ravisé quand il a vu les flammes envahir ses cheveux. La colère est partie arrivée aussi vite que d’habitude et Ace a tapé. Et maintenant? Maintenant il fout la raclée de sa vie à un type.
Il sent ses phalanges s’écraser sans grâce sur la joue rapeuse de son interlocuteur tout en sentant quelque chose de violent et douloureux se déclencher dans sa jambes, le faisant reculer sur le coup.. Il suffit de ce moment d’inattention pour que le type lui foute un coup de genou dans l’estomac et pour qu’Ace se plie. De toute façon la douleur bizarre et radiante dans sa jambe est trop étrange, comme si ça lui arrive à lui et en même temps non… Il suppose que c’est ça, une douleur fantôme mais le truc c’est qu’il a tous ses membres encore bien attachés à son corps. C’est douloureux comme cette fois-là où un type lui a fait tomber un liquide chelou sur la chaussure et qu’Ace a dû l’enlever d’urgence, brûlé. C’est trop étrange et franchement énervant comme sensation. Il était en plein combat, là, c’est quoi ces conneries! L’autre mec croit en plus que sa torpeur lui vient du coup dans le bide mais c’est juste une piqure de moustique par rapport à ce qu’il ressent là. Il se redresse, en rage de ne pas comprendre, fait un pas boitillant, puis un second et fiche un autre coup dans la mâchoire de l’homme. C’est là qu’il les entends, les sirènes de police. Et quand la voiture s’arrête à leur niveau, une autre vague lui prend la jambe. Et alors qu’il reconnaît la chevelure blonde, la sienne s’éteint et Ace grogne. Super, inspecteur labrador.
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