Thérianthropes [5/5]

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Keith n'a manqué de rien pendant son enfance. Sa mère, une femme au foyer, s'occupait de la maison ainsi que de son frère et lui pendant que son père, chef de famille, s'occupait de faire bouillir la marmite en travaillant. Enfin, faire bouillir... en tant que P.D.-G. d'une entreprise de construction, il faisait bien plus, en réalité. Si Keith a reçu une éducation stricte, il a également eu beaucoup d'amour de la part de ses parents, surtout après ses sept ans, quand on a découvert qu'il était alpha.

Son parcours scolaire s'est fait sans encombre. S'il n'était pas un excellent élève, il avait toujours la moyenne et était très assidu aux cours de thérianthropie. Il s'est très vite découvert une passion pour le football américain et a même fait partie de l'équipe universitaire de Chesscross. Il aurait pu passer professionnel, mais une blessure à l'épaule l'en a empêché. C'est pendant sa convalescence qu'il a rencontré sa femme, agréable façon d'occuper le temps libéré par l'arrêt du football. Au bout de quelques mois, il a décidé de l'épouser, ce qu'il a fait une fois son diplôme obtenu. Un an plus tard, il a eu la joie de voir sa famille s'agrandir par la naissance de son fils. Malgré ses obligations professionnelles - il a pris la suite de son père à la tête de Sullivan's building - et d'alpha, il s'est efforcé d'être présent pour lui.  

Laureen est née dans la campagne irlandaise. Elle a deux sœurs aînées avec qui elle s'entend bien et toutes les trois jouaient dans leur immense jardin pendant des heures, construisant des cabanes, cueillant des fleurs ou tout simplement se coursant les unes les autres. Elle a toujours été très proche de la nature et des plantes, aussi, lorsque sa famille a déménagé à Chesscross, ça a été pour elle une nouvelle vie à laquelle elle a eu du mal à se faire.

A cette époque, elle a été la cible de brimades à l'école, car elle venait de la "cambrousse" et avait des manières différentes des jeunes de son âge. Son caractère timide ne l'aidant pas à se défendre, elle restait souvent seule et cachait à sa famille ses difficultés, honteuse de ne pas pouvoir y mettre fin elle-même. Ces brimades se sont poursuivies jusqu’au lycée, même si, avec les années, celles-ci se sont faites moins insistantes.

C’est assez naturellement qu’elle a choisi un cursus universitaire qui lui permettrait d’approfondir sa passion pour les plantes. Elle a quitté la demeure familiale, malgré son attachement pour les siens, de peur d’être un poids. Aujourd’hui, elle est chercheuse et mène sa vie tranquillement après avoir passé un an à étudier la flore unique de Madagascar.

Noah ne se souvient plus des raisons du divorce de ses parents, mais il se rappelle très bien ses conséquences. Il y a eu beaucoup de cris, beaucoup de visites au tribunal, et finalement, sa mère a eu la garde de sa grande sœur et lui. Souvent absente pour son travail et décidée à se refaire une nouvelle vie, elle ne prenait pas vraiment le temps de s’occuper de son fils. Noah, toujours en demande d'attention cependant, a fini par tenter de la gagner en faisant le pitre à l’école. Petit garçon plein d’énergie, il enchaînait les bêtises et les plaisanteries. C’est ainsi que sa mère, fatiguée et agacée, l’a envoyé chez son père à l’adolescence malgré les efforts de Noah pour lui plaire (souvent soldés par des catastrophes dues à son empressement).

Ce nouveau départ a finalement fait beaucoup de bien au jeune homme, qui, rapidement, s’est retrouvé très complice avec son père. Ce dernier l’emmenait en sortie, le faisait participer à des jeux et passait du temps avec lui. Par la suite, Noah s’est totalement épanoui, même si l’absence de sa mère lui pèse encore parfois et que sa maladresse presque irréelle lui joue souvent des tours.

Orpheline à l’âge de huit ans, Kim a grandi chez son oncle et sa tante, avec ses cinq cousins et cousines. Elle a rapidement appris à devenir indépendante, sans pour autant jouer des poings quand on lui manquait de respect, même lorsqu’elle subissait les taquineries, jamais trop mesquines, de sa famille lorsqu’elle se perdait au cours de ses longues balades solitaires - Kim n’a jamais eu un très bon sens de l’orientation. Au cours de son adolescence, sa tante a développé un cancer. Cette période difficile, qui a laissé la famille chamboulée et prise au dépourvue, a renforcé les liens entre eux et a achevé de souder la jeune fille à ses cousins et cousines.

Elle s’est cependant disputée avec son oncle lors de ses dix-neuf ans, lorsqu’elle s’est mise à sortir avec l’un de ses anciens instructeurs, de presque dix ans son aîné. Son tuteur désapprouvait cette relation et, ce jour-là, de terribles mots ont été prononcés. Kimberley s’en est allée en claquant la porte et, si elle voit toujours très souvent ses cousins et cousines qu’elle adore, elle n’a plus jamais recroisé la route de son oncle. Se retrouvant dehors, elle est partie vivre chez son petit ami, qu’elle a épousé six mois plus tard.

Leur mariage a duré trois ans, trois ans qu’elle a passés heureuse, avant qu’ils divorcent brusquement d’un commun accord. On offrait à son mari une chance de réaliser son rêve de jeunesse de partir enseigner dans un village laotien perdu au milieu de la campagne et, ne voulant pas faire obstacle à ses envies, Kimberley a préféré en rester là malgré les suppliques de son homme pour qu’elle l’accompagne : elle ne se voyait pas autre part qu’en ville, près de sa famille. Loin de se laisser démonter par ce divorce, elle s’est lancée dans la formation d’inspectrice par la suite et profite de sa vie à fond.

Warren est un activiste fiché, engagé et borné défendant la cause animale, mais pas n’importe laquelle ! Il est absolument contre la domestication des animaux par l’homme. Pour lui, c’est une aberration, pire même, une abomination, et il est bien décidé à faire entendre son point de vue. Depuis ses dix-sept ans, il milite - un peu trop - activement contre ça, distribuant des tracts, organisant des manifestations et s’impliquant dans des associations pour tenter d’embrigader d’autres citoyens dans son sillage. En bon orateur, il réussit régulièrement à faire grossir les rangs de son groupe.

S’il ne se tenait qu’à ça, certainement que la police de Chesscross n’aurait jamais eu à s’intéresser à lui. Malheureusement, son engagement va jusqu’à briser les vitrines de certaines animaleries, enlever et relâcher des animaux domestiques à leur propriétaire ou s’en prendre à ses opposants - oui, Warren ne nie pas avoir déjà balancé son poing dans de jolies gueules d’aristos empaffés. Son refuge lui sert d’ailleurs de couverture pour cacher les pauvres bêtes qu’il arrache à leur maître avant de les jeter en pleine nature, et à accueillir certaines réunions clandestines de ses partisans pour préparer leurs prochaines actions illégales - et souvent musclées.