Let me be a child with you ♪ - Ft Dakota Calvin

Let me be a child with you

Le hasard de son emploi du temps et de sa charge de travail fait que Dakota se trouve au niveau de l’accueil de la bibliothèque quand un idiot fait une entrée fracassante et tout sauf discrète dans l’immeuble. L’histoire aurait pu s’arrêter là, sauf que l’idiot en question, elle le connaît. Elle le connaît même très bien ! Pour le coup, elle ne sait pas si elle doit être amusée ou exaspérée par l’attitude de Joshua et, comme souvent, elle se retrouve coincée quelque part entre les deux. Ce qui ne l’empêche pas d’afficher un air désapprobateur ! D’ailleurs, elle n’est pas la seule à désapprouver son comportement vu le concert de “chut” qui l’accueille. Bah oui, quelle bonne idée, faire encore plus de bruit pour signifier à un crétin - mignon - qu’il fait trop de bruit. Sans réfléchir, Dakota s’avance vers lui et lui donne un coup sur la tête avec l’exemplaire du Vilain petit canard qu’elle a dans les mains. En général, elle évite de se servir des livres comme d’une arme mais là, ça lui a échappé malgré elle. Et elle avait les mains prises, ce qui réduit ses chances de lui donner une tape derrière la tête. Puis c’est pas comme si elle y avait été trop fort non plus, contrairement à ce que la réaction de Joshua laisse entendre.

- Comme si je t’avais fait mal, marmonne-t-elle en levant ouvertement les yeux au ciel.

Malgré tout, la brune s’empresse de déposer les livres qui encombrent ses bras sur le chariot des retours pour qu’ils soient rangés plus tard. L’air de rien, elle n’a pas envie de lui faire mal et même si elle reste persuadée qu’il exagère, ça ne l’empêche pas de vérifier qu’il n’a rien de grave. Enfin, c’était son intention initiale mais elle est rapidement coupée dans son élan par les protestations de Joshua puis par un gobelet qui atterrit sous son nez. A en juger par l’odeur, il s’agit d’un chocolat chaud. Le traître ! Il connaît ses faiblesses et il n’hésite pas à s’en servir pour la faire flancher. Pourtant, elle essaie de résister, vraiment, de garder son air sévère aussi, mais c’est peine perdue quand il évoque un gâteau au chocolat ! Quel fourbe quoi ! Depuis quand les loups c’est sournois d’abord ?

- Et c’est pas une façon d’entrer dans une bibliothèque, gâteau au chocolat ou pas ! proteste-t-elle avec une moue bougonne avant d’abdiquer.

Comme pour lui montrer qu’elle ne lui en veut pas, ou pour l’embêter - au choix - elle récupère le sachet qu’il a fait tombé sur la table près d’eux. Sans lui laisser la possibilité de protester, elle l’ouvre pour vérifier ce qu’il y a à l’intérieur. Comme annoncé, il y a bien le fameux gâteau au chocolat avec son glaçage à la framboise qui l’attend… Lui, clairement, il ne pense pas à sa ligne mais tant pis ! Elle est bien trop gourmande pour résister à une sucrerie pareille ! Elle referme le sachet alors que le brun s’approche d’elle pour lui planter un baiser sur la joue, auquel elle répond par un sourire plein de tendresse. Celui-là alors, il faut toujours qu’il en fasse des tonnes… mais ça fait partie de son charme et, avec le temps, elle a appris à l’aimer comme ça !

- Je vais bien et toi ? répond-elle simplement sans se défaire de son sourire.

Bon, ce n’est pas tout à fait exact mais ça suffira comme réponse. Disons qu’elle va mieux, ce qui est déjà énorme par rapport à ces derniers temps. Même si elle fait toujours des cauchemars, elle dort mieux et l’air de rien, ça joue énormément sur son moral. En voyant qu’ils sont le centre de l’attention, elle pose une main sur son bras pour l’attirer ailleurs.

- Viens, on va aller ailleurs. En plus, tu sais qu’il est interdit de consommer de la nourriture dans la bibliothèque ! le réprimande-t-elle gentiment.

Bien sûr qu’il le sait cet idiot, parce qu’elle le lui répète à chaque fois qu’il se pointe ici avec le goûter ! Ce qui l’empêche pas de recommencer à chaque fois qu’il vient ! Et à chaque fois, elle le laisse faire parce qu’elle est trop faible face à des pâtisseries… Clairement, il abuse de sa faiblesse le bougre ! Enfin bon, elle pestera plus tard, pour l’instant, elle préfère l’entraîner loin de l’accueil où il attire beaucoup trop l’attention - et elle aussi par extension. Au passage, elle s’arrête près du comptoir pour glisser un mot à sa collègue.

- Je prends ma pause, lui annonce-t-elle en se penchant vers elle. Si jamais il y a un problème, appelle-moi d’accord ?
- Pas de soucis ! Amuse-toi bien avec ton petit-ami ! lui répond sa collègue sur un ton complice de manière pas vraiment discrète.

Ce qui, bien sûr, fait rougir Dakota instantanément. Génial… En plus, c’est pas du tout son petit-ami ! Mais elle se voit mal expliquer ça maintenant, surtout qu’elle n’a pas envie de parler de sa vie privée. Donc plutôt que de démentir, elle entraîne Joshua jusqu’à l’ascenseur qui conduit aux étages. Une fois dans la cabine, elle appuie sur le bouton du dernier étage et se tourne vers lui quand les portes se referment.

- Tu te fais toujours remarquer quand tu viens me voir, lâche-t-elle mi-bougonne, mi-amusée.

Et comme d’habitude, il ne laisse personne indifférent, surtout les femmes, mais en même temps, vu sa silhouette athlétique, c’est pas étonnant ! Comme quoi, il y a des choses qui ne changent pas vraiment de l’époque du lycée… Quand la cabine s’immobilise à l’étage, elle l’entraîne à sa suite et utilise son badge pour déverrouiller une porte réservée aux employés. Plutôt que de l’emmener dans son bureau comme elle fait souvent, elle préfère profiter du beau temps et de la terrasse de la bibliothèque. Ici, ils seront tranquilles normalement, parce que l’air encore un peu frais risque de dissuader ses collègues de venir.

Let me be a child with you

Des années qu’elle le connaît, des années qu’il se comporte de la même manière et malgré ça, Dakota n’a pas réussi à devenir insensible au charme insolent de Joshua. Elle aimerait pourtant, mais rien à faire, une part d’elle réagit toujours ! Et là, alors qu’il se contente de répondre de manière exagéré qu’il va toujours bien quand il est avec elle, avec ce foutu sourire de séducteur dont il n’a que trop conscience, elle sent ses joues rosir légèrement. Heureusement qu’il n’a jamais su que son petit a vraiment marché pendant un temps, sinon, elle en entendrait parler jusqu’à la fin de sa vie ! Plutôt que de penser à tout ça mais surtout pour éviter que le louveteau ne remarque son trouble, elle l’attrape par le bras pour l’entraîner ailleurs et se cache derrière ses mécanismes de bibliothécaire pour lui rappeler que la nourriture est interdite dans le bâtiment. Mais bien sûr, comme Josh reste Josh, il ne peut s’empêcher une remarque taquine - accompagné d’un gloussement qu’elle niera avoir trouvé craquant - alors qu’il connaît parfaitement la réponse.

- Sans façon ! répond-elle sur un ton un brin boudeur alors que ses doigts se resserrent sur le sachet, des fois qu’il a la mauvaise idée de mettre sa menace à exécution.

Après une brève entrevue avec sa collègue, pour l’informer qu’elle prend sa pause, elle est prête à entraîner Joshua dans un lieu où il attirera moins l’attention, mais c’était sans compter sur une remarque innocente de sa fameuse collègue. Qui se méprend sur sa relation avec le loup et le qualifie de “petit-ami”. Et là, Dakota sait qu’elle est foutue, il suffit de voir le sourire qu’affiche Joshua pour le comprendre. Elle a beau essayer de lui faire les gros yeux pour le dissuader de se lancer sur ce chemin, rien n’y fait, il voit une brèche et il s’y engouffre avec bonheur, la faisant rougir de plus belle. Oh misère… Elle est sûre qu’elle va entendre parler de cette histoire pendant des semaines et qu’elle n’arrivera pas à faire entendre à ses collègues que cet idiot n’est pas son petit-ami ! Autant limiter les dégâts ! Du coup, elle l’entraîne de force dans l’ascenseur, aussi rouge qu’une tulipe, en priant pour que cet échange disparaisse magiquement de la mémoire de sa collègue.

Elle a rarement été aussi heureuse de se retrouver enfermée dans une cabine qu’à cet instant, même si l’attitude nonchalante de Joshua lui donnerait presque envie de lui redonner un coup de livre. Il a de la chance, puisqu’elle n’a aucune arme à sa disposition, et hors de question qu’elle sacrifie les gâteaux pour cet idiot. Du coup, elle se contente de râler, parce qu’il faut bien qu’elle le fasse, sinon il va se croire tout permis ! Mais quelle idée franchement de confirmer une relation amoureuse entre eux ! Des fois, elle se demande ce qui lui passe par la tête, mais peut-être qu’il vaut mieux qu’elle ne le sache pas. Même si la situation la gêne, une part d’elle reste amusée par l’imbécilité de Joshua et à son grand désarroi, ça se sent quand elle parle. Zut… Elle est foutue, il va pas la lâcher. Enfin bon, tant pis, elle préfère passer à autre chose et le conduit jusqu’à la terrasse pour une pause goûter bien méritée, surtout après le passage à l’accueil. Sauf qu’au lieu de se délecter de la saveur du chocolat dans sa bouche, elle est coupée dans son élan avant d'ouvrir le sac par Joshua qui, de nouveau, la fait rougir. Elle est presque tentée de rentrer dans son jeu, juste pour le surprendre et, peut-être, le mettre mal à l’aise, mais elle sait que deux d’eux, c’est elle que ça va gêner alors elle s’abstient.

- Sauf que tu n’es pas mon petit-ami, lui rappelle-t-elle en récupérant son gobelet de café. Aux dernières nouvelles, tu préfères les grands blonds athlétiques plutôt que...moi…

Ce n’est pas exactement comme ça qu’elle voulait finir sa phrase mais elle s’est reprise au dernier moment. Elle n’a pas vraiment envie de se lancer dans un débat avec Joshua sur la manière dont elle se perçoit. A la place, elle s’installe sur une des chaises qui entourent la table et lui fait signe de la rejoindre alors qu’elle pose le deuxième gâteau face à elle. Franchement, elle est trop généreuse avec lui, parce qu’il mérite même pas de goûter vu son comportement ! Après une gorgée de chocolat - excellent d’ailleurs - elle repose son gobelet et cherche à accrocher le regard de Joshua.

- T’as décidé que c’était ma fête aujourd’hui ou il y a une raison en particulier qui me vaut autant de taquinerie ? demande-t-elle sur un ton à la fois amusé et sérieux. Non parce que tu es là depuis deux minutes, tu t’es fait remarquer et toute la bibliothèque doit être en train de penser qu’on s’est planqué dans un coin pour se bécoter à l’heure qu’il est…

Elle a essayé, vraiment, de dire ça sur un ton détaché, comme si elle s’en moquait et que cette idée la laissait de marbre. Sauf que la coloration rose de ses joues, qui n’a rien de naturel, la trahit clairement.

Let me be a child with you

Naïvement, Dakota a cru qu’évoquer Sigurd lui permettrait de détourner facilement la conversation vers autre chose qu’elle-même et la supposée romance qu’elle vit avec Joshua. Sauf que non, bien sûr que non, cet abruti de loup n’est pas si facile à duper et, bien au contraire, il profite de la perche qu’elle lui tend involontairement pour sauter à pieds joints dans la possibilité de la taquiner encore plus. Raaah ! Foutu ami qui la connaît trop bien ! Le pire, c’est qu’il arrive à merveille à la troubler et qu’elle se retrouve à rougir avant même qu’il ne termine sa phrase. A croire qu’il s’est mis en tête de la faire ressembler à une écrevisse trop cuite toute la journée. Au bout de quelques secondes, elle finit par se reprendre et même si ses joues sont toujours un peu rouges, elle parvient à lui faire les gros yeux en gonflant l’une de ses joues d’un air mécontent. Bon, elle n’est pas sûre d’être très crédible mais on va dire que ça passera quand même ! Malheureusement, elle n’a pas hérité du talent inné de ses parents pour les airs intimidants.

- Corps et âme ? T’as pas l’impression d’exagérer ? ronchonne-t-elle en passant une main dans ses cheveux et en détournant le regard, gênée. Tu faisais ça juste pour m’embêter ou pour… Je sais même pas en fait ! Mais t’étais pas amoureux de moi comme tu l’es de Sigurd ! Je me trompe ?

Elle termine de protester en plantant son regard dans le sien, persuadée d’avoir raison sur ce dernier point. Surtout lorsqu’ils étaient adolescents, même si la situation n’a pas vraiment changée, si ce n’est qu’elle a pris plus d’assurance. C’était une ado renfermée, mal dans sa peau, qui se cachait derrière ses cheveux, des vêtements trop grands et des bouquins. Joshua, quant à lui, c’était l’athlète bien sculpté, adulé de tous, et coureur de jupons. Le genre de scénario qui n’arrive que dans les romans à l’eau de rose pour jeune et encore, Dakota ne les trouve pas vraiment crédibles ces bouquins. Donc oui, pour elle, ces tentatives de séduction n’avaient pas été sincères et certaines l’avaient même un peu peinée, puisqu’elle avait eu de vrais sentiments pour lui, sans jamais ne lui avoir avoué. Enfin bon, ce temps est révolu maintenant et elle n’a pas envie de se prendre la tête avec tout ça. Ressasser le passé, elle l’a trop fait, surtout ces derniers temps, et elle veut avancer maintenant. Résultat, elle prend son courage à deux mains pour demander à Joshua ce qui va pas, étant donné qu’il semble particulièrement décidée à la gêner et à la faire rougir. Sauf qu’elle se piège elle-même en évoquant le baiser imaginaire que la plupart de ses collègues imaginent qu’ils échangent en ce moment-même et se retrouve à rougir de nouveau. Franchement, elle maudit sa nature à rougir facilement tout comme sa pudeur. Elle a l’impression d’être une adolescente en pâmoison devant un bel éphèbe. Ce qui n’est plus le cas puisqu’ils ont tous les deux atteint l’âge adulte !

- Oh, tais-toi… soupire-t-elle quand il la qualifie d’adorable.

Pour rajouter un côté dramatique, elle laisse tomber sa tête entre ses bras croisés sur la table pour cacher son visage cramoisi. Finalement, peut-être qu’elle va vraiment finir comme une écrevisse trop cuite. Et même pas par la faute de son crétin d’ami ! Heureusement qu’elle a un chocolat chaud et un gâteau chocolat-framboise pour se consoler. Bon, peut-être qu’il n’est pas si crétin que ça, Joshua, en fin de compte, mais quand même ! Elle finit par relever la tête pour justement prendre une bouchée de la douceur qu’elle a sous les yeux. Ok, elle lui pardonne de se payer sa tête parce qu’il lui a apporté cette merveille ! Et tant pis pour ses kilos en trop… De toute façon, elle ne fait pas vraiment d’efforts pour essayer de les perdre donc bon, arrivée à ce stade, hein… Elle se désintéresse cependant de la pâtisserie quand Joshua se décide, enfin, à lui répondre. De manière très laconique et sans lui apporter aucun début de réponse. Il a vu Sigurd. Ok. Et rien d’autre. Tout ça, ça sent mauvais et pas besoin d’être devin pour le deviner ! Suffit de voir ses mâchoires se serrer et son visage se fermer pour deviner qu’il y a anguille sous roche. Ou baleine sous gravillon dans le cas présent.

- Ok, reprend-elle calmement. Tu as vu Sigurd, avant-hier soir, dans un bar. Qu’est-ce qui s’est passé ensuite ?

Son ton est calme, doux, parce qu’elle n’a pas envie de le brusquer ou de le presser. S’il ne veut pas répondre, il est libre de ne pas le faire, elle ne va pas le forcer ou lui en vouloir, mais s’il veut se confier, elle sera là pour l’écouter. Et le soutenir, quoi qu’il arrive. D’ailleurs, pour bien le lui montrer, elle attrape doucement sa main par-dessus la table et en caresse le dos en geste circulaire du pouce pour essayer de l’apaiser.