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Know the water is sweet but blood is thicker #Kartane

 :: Chesscross :: Quartier de la Sourcière :: Manoir Weiss :: Appartements privés de Kartane
Dim 2 Mai - 19:35


If the sky comes falling down, for you, there's nothing in this world I wouldn't do Kartane & Daimon 15/04
A great hero teaches an entire city that dancing is the greatest thing there is.

I am not some starry-eyed waif here to succumb to your... your pelvic sorcery.

Chez les élémentaires, et les gens de manière générale, il y avait deux catégories de personnes : ceux qui n’avaient clairement rien à foutre dans les appartements du roi des élémentaires, Kartane de son petit nom, et les autres. Et j’avais la chance de faire partie des autres. Il fallait aussi dire que Kartane et moi, ça commençait à être une vieille, très vieille histoire. C’était même une histoire plus vieille que nous deux, puisqu’on avait découvert, et pas dans d’heureuses circonstances, que nous étions en vérité demi-frères, par notre père, ce cher Gilbert, qui même mort avait encore réussi à blesser des gens qui m’étaient chers. Entre nous soit dit, Kartane et moi, nous n’avions jamais eu besoin de cette révélation pour nous considérer frères, disons simplement que notre lien fraternel était passé de coeur, à sang. Voilà tout. Mais cela restait un secret bien gardé, et ma légitimité dans ce coin du manoir n’était nullement dû à un quelconque lien officiel de parenté. Juste à notre historique. Et au fait que les gardes avaient maintenant bien compris qu’il ne valait mieux pas me bloquer le chemin. Mais histoire de ne pas outrepasser malgré tout, j’avais bien pris soin d’apprendre l’emploi du temps de Kartane par coeur -ce que j’en savais en tout cas- histoire de débarquer au moment le plus opportun dans son agenda de ministre -enfin, de roi, plutôt. Donc ce matin, il n’avait logiquement pas de réunions ou de missions impérieuses à heure fixe, au pire je le surprendrais en plein rituel de préparation, et ça ne serait ni la première, ni la dernière fois. Je m’étais donc extrait des draps malgré la tentation de muter en thérian-loir pour aller rendre visite à mon ami. Un jeans et un pull blanc enfilés, ma main en guise de peigne passée dans mes bouclettes de toute façon indomptables, et j’étais fin prêt à aller voir mon ami, Liloo sur mes talons, toujours enthousiaste à l’idée d’aller sociabiliser -surtout qu’elle savait quel sujet me trottait dans la tête, et c’était un sujet qui la passionnait un peu trop pour MON propre bien.

Je connaissais tellement le chemin par coeur que j’aurais été capable de le faire les yeux fermés. Mais j’avais beau être joueur, je n’avais pas suffisamment de temps à perdre pour me lancer ce défi là, et ce fut donc les yeux grands ouverts, quoique un peu marqués par la fatigue, que je me rendis jusque dans ses appartements. Je frappais à la porte en étouffant un bâillement, histoire de quand même annoncer mon arrivée, avant de pousser la porte, m’annonçant avec un :

- Votre altesse ! Je ne vous dérange pas ?

Eclatant. Une manière de l’interpeler pour le plaisir simple de le charrier gentiment, un sourire complice aux lèvres dès que mes yeux rencontrèrent les siens. Ils étaient d’une teinte si froide, presque glaciale, qui auraient pu en glacer plus d’un sur place, mais je ne savais que trop ce qui se cachait derrières ces aigues marines pour me laisser encore avoir. C’était une sensation toujours un peu étrange d’avoir quelqu’un dans votre vie dont la simple vue pouvait étirer vos lèvres. Plus que le manoir où certains membres de ma famille, Kartane était un peu devenu “mon foyer”, quelque chose qui fait qu’on finit toujours par revenir vers lui, et dont la simple présence suffit parfois à apaiser certains maux. Mais si le voir me mettait effectivement instantanément d’humeur plus légère, je savais aussi au fond de moi que j’avais des sujets bien moins joyeux à partager avec lui.

Mais avant d’en venir aux sujets qui fâchent, il y avait plus urgent. Un sujet impérieux, capital. Je croisai mes bras sur mon torse tout en avançant un peu plus dans la pièce pour me rapprocher tandi que Liloo gambader jusqu’à son tapis préféré pour s’y étaler comme une baleine échouée.

- Ah au fait, j’en ai une nouvelle. “Quelle est la remarque la plus vexante qu’un ami t’ait faite ?”

Question tout droit sortie d’un superbe top sur internet !
Ces questions débiles, c’était une très vieille blague entre nous. Il m’avait un jour dit que je pouvais tout lui dire, et tout lui demander. Je l’avais taquiné en répondant qu’il ne savait pas dans quoi il s’engageait, et que ça me donnait juste envie de trouver LE sujet tabou. Et comme j’ai ce qu’on peut communément appeler “un humour de merde”... Depuis, c’est devenu un petit jeu, et je débarque donc régulièrement avec des questions tantôt pourries, tantôt gênantes pour essayer de le piéger. Ca durait depuis un petit moment déjà, alors on commençait quand même doucement à faire le tour des sujets, et pour le moment il s’en était toujours tiré avec finesse, mais je ne désespérais pas, et mes recherches google devenaient de plus en plus étrange au fur et à mesure de mon entêtement…

Je ponctuai ma question d’un grand sourire de gamin fier de sa bêtise. On me disait souvent que j’étais têtu, généralement pas en guise de compliment, mais moi, je trouvais que c’était une grande qualité. Le vainqueur n’est jamais que le rêveur qui n’a jamais abandonné. Alors certes, il fallait choisir ses batailles, et celle-ci n’était sans doute pas une priorité, mais ça m’amusait encore trop pour me lasser. Un jour peut être.

Je pouvais bien prendre un peu de temps pour taquiner un vieux frère avant de venir le tourmenter avec mes questions existentielles qui, elles, pouvaient gâcher le bonheur des retrouvailles -même si ça ne faisait pas TANT de temps qu’on ne s’était pas vus. Le temps parait toujours long loin de ceux qu’on aime.

- Tu crois pas que ce "vérité ou vérité" s'éternise assez comme ça ? Allez P’tit Prince, rentres dans le vif du sujet, sinon c'est moi qui vais devoir tout aboyer à Kartane !

Nous lança Liloo, nous observant alors qu’elle se frottait le dos sur le tapis. Pauvre tapis… Il allait encore se retrouver pleins de poils blancs… Dans un roulement d'yeux, je décidai d'ignorer Liloo et sa passion dévorante pour les enquêtes, reportant mon attention sur mon ami.

- Ignore la… Tu sais qu’elle nous fait des idées fixes. Dis moi plutôt toi, comment ça va ? Tu dois plus savoir où donner de la tête avec tout ce qui se passe en ce moment...

Les accidents, les tournois, en plus de toutes les affaires habituelles dont un roi doit s’occuper… Bon sang, je ne pouvais pas dire que je l’enviais. Par contre, je pouvais, une fois de plus, dire que je l’admirais. Beaucoup.

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Daimon Weiss
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Daimon Weiss
Lun 10 Mai - 20:37

Know the water is sweet but blood is thicker


Kartane avait repoussé les épaisses couvertures de son lit avant de passer directement par la case salle de bain. Son rituel du matin faisait sans nul doute partie de ses moments préférés de la journée. Il sélectionnait toujours avec beaucoup de soin sa tenue quotidienne et prenait un moment pour se passer de la crème hydratante sur le corps après sa douche. Il ne laissait rien au hasard. Son apparence était étudiée scrupuleusement par les gens qu’il rencontrait mais, au-delà de ça, il aimait simplement garder le contrôle sur lui-même jusque dans les petits détails, une chose que Gio ne comprenait pas et ne comprendrait sans doute jamais étant donné le peu d’efforts qu’il fournissait pour le faire.

Sortant de la salle d’eau, il s’installa devant le copieux petit déjeuner qu’on lui apportait chaque matin, vérifiant son emploi du temps du jour sur son téléphone. Il pianotait une réponse à un mail en sirotant son thé lorsque des coups rapides frappèrent à sa porte. Il ne prit pas la peine de répondre : il connaissait la façon de s’annoncer de chaque habitant du Manoir. Lucianna ne prenait pas la peine de toquer et s’engouffrait comme une tornade dans ses appartements quand elle en ressentait le besoin. Jezabel utilisait des coups secs et discrets. Nisha se glissait en douce dans la pièce pour rejoindre sa chambre et Daimon… Daimon n’en faisait qu’à sa tête.

Un sourire affectueux se dessina sur les lèvres de l’élémentaire lorsque la tête blonde aux boucles folles de son frère le rejoingnit dans son salon. Kartane aimait le voir peu importe l’heure du jour ou de la nuit. Malgré son caractère tout feu tout flamme, il avait sur lui un effet aussi apaisant que les mains de sa mère dans ses cheveux, même lorsqu’il le taquinait en sachant très bien ce que le Roi pensait de ce titre. Mais ça n’avait pas d’importance, parce qu’en la présence de Daimon, le Weiss n’avait jamais été un dirigeant. Juste un frère. Il reposa sa tasse sur sa soucoupe en se renfonçant dans sa confortable chaise, les yeux rivés sur lui, suivant, du coin de l'œil, Liloo qui alla s’étaler sur le tapis émeraude. S’il avait fini par s’habituer à ce qu’il soit régulièrement recouvert de poils, même s’il ne le restait jamais longtemps, les domestiques s’en assurant, Gio, lui, trouvait encore le moyen de continuer à désapprouver ce comportement qu’il jugeait absolument indigne - l’eidolon ayant un avis bien à lui de la dignité. Enroulé sur le dossier de la chaise, il ne consentit qu’à jeter un regard dédaigneux à la chienne alors que Daimon eut droit à un vague signe de tête.

Les lèvres de Kartane s’étirèrent davantage alors qu’il remarquait la lueur qui luisait dans le regard vert de son interlocuteur et qui annonçait toujours une plaisanterie. Cette fois-ci n’échappa pas à la règle et Kartane laissa échapper dans un souffle un léger rire. Il aurait dû s’y attendre. Avant de répondre, il désigna la chaise vide en face de lui pour inviter son frère à s’installer, réfléchissant une seconde à sa question.

- J’admire ta ténacité, commenta-t-il, amusé. Et les ressources Google dès qu’il s’agit de questions existentielles… Si tu veux tout savoir, c’était une remarque sur un bracelet que j’avais fait à ma mère lorsque j’avais neuf ans. Et elle ne venait pas d’un ami.

Il lança au blond un regard à la fois entendu et moqueur, puisque c’était lui qui la lui avait adressée. Heureusement, l’amour-propre du Roi avait eu le temps de s’en remettre. Il se figea pourtant, fronçant doucement les sourcils.

- Mea culpa. En fait, je crois que c’était la remarque de Jezabel le jour où elle a sous-entendu que je devrais arrêter l’opéra sous peine de m'user la santé.

Étant donné qu’il mettait toujours un point d’honneur à faire passer sa santé avant toute chose, il avait pris cette déclaration comme un affront. Depuis, sa cousine avait obtenu la preuve qu’elle s’était trompée. Kartane secoua la tête, un sourire toujours accroché aux lèvres, devant l’air fier et ravi de Daimon. En réalité, ce petit jeu, qui durait à présent depuis un certain temps, avait le don de le mettre de bonne humeur. La spontanéité de son frère tranchait avec son quotidien parfaitement rôdé et lui apportait un vent de fraîcheur qu’il chérissait toujours. Cependant, il se doutait qu’il ne venait pas le voir uniquement pour cette question - quoiqu’il aurait pu en être capable - aussi ne fut-il pas étonné d’entendre Liloo, armée de sa patience légendaire, prendre le relais. Il se garda bien d’émettre le moindre commentaire ou de tiquer, mais l’affirmation de Daimon comme quoi son eidolon avait des idées fixes et qu’il ne fallait pas y faire attention était tout sauf convaincante.

- Il faut bien que vous ayez des points communs… railla-t-il gentiment, un éclat taquin dans les yeux avant de hausser les épaules. La passation de pouvoir entre Sullivan et Parker Brent a été un peu tendue, mais rien d’insurmontable. J’attends de voir ce que ça donnera…

Parker Brent. Il faisait confiance à la demoiselle et voulait croire qu’elle ferait une bonne Oméga. Outre ce qu’il avait pu en voir, il savait, bien qu’il ne l’ait jamais rencontrée avant l’enterrement, qu’elle était proche de son frère et il se fiait au jugement de celui-ci. Il ne serait jamais resté proche aussi longtemps d’une personne peu recommandable.

- Et Nisha est plutôt calme, ces derniers jours.

Après la semaine infernale qui avait précédé, Kartane en profitait. Impossible de savoir combien de temps ça durerait. Les crises d’angoisse et de terreur pure de son cousin n’étaient jamais bien loin… Cependant, dans l’immédiat, il n’était pas question de ça. L’élémentaire reprit sa tasse, but une gorgée de son thé pour laisser le temps à Daimon de se retourner, puis vissa son regard, devenu plus sérieux, dans le sien.

- Et donc ?

Il ne demanda rien de plus. Il n’avait pas besoin de préciser qu’il attendait patiemment le fameux “vif du sujet” évoqué plus tôt par Liloo. Il était prêt à attendre encore si son frère en ressentait le besoin, seulement, il avait conscience qu’il semblait parfois plus simple de se lancer lorsqu’on n’avait qu’une perche à attraper qu’en devant soi-même se jeter dans le vide.

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Kartane Weiss
Roi
Kartane Weiss
Kartane Weiss
Age : 30 ans
Date de naissance : 08/03/1991
Métier : Chanteur d'opéra
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Kartane Weiss
Mar 11 Mai - 19:41


If the sky comes falling down, for you, there's nothing in this world I wouldn't do Kartane & Daimon 15/04
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Ce qui était agréable, quand j’arrivais chez Kartane, enfin… L’UNE des choses agréables plutôt, c’était que j’avais toujours la sensation d’être le bienvenu. Jamais un regard ou une remarque qui pourrait laisser croire que je dérangeais, c’était même tout le contraire : toujours un sourire et un coup d’oeil complice, et ce même lorsque ma crétine d’Eidolon filait dégueulasser son tapis, c’était dire ! Le genre de petites habitudes qui mettaient du baume au coeur, si précieuses qu’elles laisseraient sans doute une cassure si elles venaient à disparaître. Mais il n’y avait aucune raison qu’elles ne disparaissent. On se connaissait depuis tellement longtemps que ce lien qui s’était construit assez vite n’avait pu que s’endurcir au fil des années et des difficultés qu’on avait affrontées à deux.

J’interrompais donc sa seigneurerie pendant son petit déjeûner ! Et qui foutait encore des soucoupes sous les tasses, franchement ? Les cafés, pour éviter de tâcher leurs jolies nappes. Mais les gens lambdas, et je m’incluai totalement là dedans, posaient leurs tasses sur des sous verres, au mieux, rien, dans le plupart des cas. Après, je pouvais admettre que Kartane n’était pas quelqu’un de lambda. Et pour le coup, rien à voir avec le fait qu’il soit notre souverain. Je m’approchai de la table où il s’était installé face à un repas de roi, littéralement pour le coup, offrant au passage un grand sourire à Gio qui venait de m’accorder un signe de tête.

- Salut Gio. T’as l’air rayonnant ce matin !

Le charriai-je, parce que clairement il avait l’air aussi désabusé que d’habitude, et le comportement de Liloo y était sûrement pour quelque chose. Se disant, je me glissai sur la chaise d’en face en me demandant sur une échelle de 7 à 10 à quel point l’Eidolon de Kartane devait avoir envie de me croquer le mollet pour mon insolence. J’enchaînai sans traîner avec le coup classique de la question “gênante”, qui ne l’était pas une fois sur deux parce qu’à un moment, on faisait un peu le tour de la créativité des gens. Quoique la dernière fois Parker m’avait soumis quelques idées qu’il faudrait que je teste.

- Google est définitivement un allié de taille pour ce genre de quête. Mais t’inquiètes pas, il ne t’a pas remplacé dans mon coeur. Pas encore, en tout cas.

Enchaînai-je dans un sourire, appuyant mon menton sur mon poing fermé, le dévisageant en attendant sa réponse. Réponse qui me tira un petit rire, car évocatrice de souvenirs.

- Oui alors… Clairement, ce bracelet était un signe du Karma pour te dire de ne jamais devenir bijoutier. J’ai rendu service à ta carrière, quelque part.

Ce qui n’était pas le cas de Jez qui avait failli le détourner de sa carrière. Clairement, son commentaire méritait plus de gagner que le mien. D’autant que le mien était vrai. Ce bracelet était une catastrophe visuelle.

- En tout cas… Tu t’en es encore bien sorti. Félicitations. Mais je ne capitule toujours pas !

Conclus-je dans un grand sourire. Il devait déjà s’en douter de toute façon. Si j’avais capitulé à la première défaite, on n’en serait pas à 67 questions. Oui oui, je les comptais. Je les notais, même. Dans mon petit calepin, où je notais aussi les idées de futures questions. Si un jour quelqu’un me le piquait, celui-ci, non seulement je serais fort triste, car il était rempli de souvenirs, qui seraient sans nul doute trèèèèès utile le jour où je devrais préparer l’enterrement de vie de garçon de Kartane, mais EN PLUS, la personne qui me le volerait se poserait probablement des questions à mon sujet.

Liloo mit fin à notre petit jeu en me pressant extrêmement subtilement à aborder les autres sujets qui m’amenaient ici, outre le plaisir de la compagnie de Kartane. Sauf qu’avant de parler “affaires”, si l’on pouvait dire, je voulais quand même prendre quelques nouvelles de mon vieux frère. On se voyait régulièrement, alors je n’étais pas non plus totalement dans le flou quant à ses activités et son état d’esprit, mais les derniers jours avaient été un peu chargés, et je l’avais moins vu que ce que j’aurais voulu, alors j’allais prendre le temps de m’enquérir de tout ça avant de céder aux caprices de la boule de poile blanche qui continuait de se rouler de bonheur.

- Oh je me fais pas trop de souci, Parker est quelqu’un de fiable, et de solide !

Répondis-je, ne cachant même pas mon biais sur le sujet derrière le grand sourire que son prénom avait déclenché. Je n’avais pas eu l’occasion de la voir depuis, même si je lui avais envoyé quelques petits messages pour qu’elle sache que je pensais à elle dans cette période agitée, donc j’étais content d’avoir de ses nouvelles par un moyen détourné. Mon sourire se teinta de tristesse à l’évocation de Nisha. C’était plus fort que moi, dès qu’on évoquait notre cousin, j’avais le coeur qui se serrait. Ce qu’il avait subi, ça vous déchirerait l’âme de n’importe qui franchement...

- Tant mieux pour Nisha… Il se repose j’imagine ?

Sa vie n’était qu’un éternel repos pourtant peu reposant depuis qu’on l’avait retrouvé. Je faillis me perdre dans des pensées nettement moins joyeuses, mais comme s’il l’avait senti, Kartane me tira directement à la surface par une invitation nullement déguisée à vider mon sac de ce que j’avais ramené pour lui. J’esquissai un sourire un peu moins maussade mais pas franchement joyeux pour autant.

- Hé, je croyais que c’était toi le patient de nous deux !

Fis-je remarquer, remuant un peu sur mon siège. En même temps, plus patient que moi, ça n’était franchement pas une prouesse. Même si globalement parlant, la patience était bel et bien une des nombreuses qualités de Kartane. Et je savais que c’était plutôt une manière d’amener le sujet sans que je n’ai l’impression de poser une boucle blonde entière sur la soupe.

- Booon… alors. Bonne ou mauvaise nouvelle ?
- La booooonne !

S’exclama Liloo depuis son tapis, ne laissant même pas une seconde à Kartane pour répondre. Je lui jetai un regard mi-agacé, mi-attendri. J’avais l’impression d’avoir une Eidolon de 7 ans, parfois. Souvent, en fait.

- OK… On ne va pas désappointer une dame alors…. Figure toi que l’autre jour j’ai eu l’occasion de faire ami-ami avec une fliquette...

Enfin, amant-amant, pour être exact. Bizarrement personne n’utilisait cette expression.

- Et je l’ai plus ou moins convaincue d’aller jeter un oeil au dossier de Mary et John. Comme je m’en doutais, on ne rouvre pas les dossiers classés sans un motif précis, MAIS, le dossier reste accessible pour consultation. Elle avait pleins de questions mais j’ai noyé plus ou moins le poisson en lui disant que je voulais juste avoir quelques réponses concernant ma mère, et elle a mordu à l’hameçon. Ou alors elle fait semblant d’y croire juste pour ma belle gueule. Qu’importe, c’est le résultat qui compte. Résultat des courses, elle m’a pris des photos du dossier.

Conclus-je, agitant sous ses yeux mon téléphone portable, dont lequel se trouvaient les précieuses informations dont j’avais besoin pour faire ma propre enquête. Car Kartane et moi, on savait pertinemment que Jackly, pourtant coupable de bien des horreurs, n’était pas la meurtrière de Mary et John. Enfin, pas directement, en tout cas. Elle avait une grosse part de responsabilité, suffisante pour n’avoir eu aucun scrupule à la faire enfermer là où elle croupissait. Le simple fait de l’évoquer me donnait des nausées… Mais je préférais me concentrer sur le positif, cette première vraie première piste pour mettre la main sur le vrai meurtrier !

- Elle m’a envoyé ça hier, tard, du coup je n’ai pas encore eu le temps d’éplucher tout ça, et si ça se trouve y a rien d’intéressant mais…

Je me mis à nouveau à remuer sur ma chaise, cette fois-ci pour une toute autre raison : l’excitation. La hâte. J’essayais de me tempérer, de ne pas trop me réjouir, car je pouvais encore être déçu, évidemment, ne rien trouver que la police aurait loupé, mais j’avais quand même un peu envie d’y croire.

- J’avais vraiment envie de partager cette information avec toi. Alors j’ai pas traîné...

Finis-je, dans un sourire d’excuse.

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Daimon Weiss
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Daimon Weiss
Mer 19 Mai - 21:47

Know the water is sweet but blood is thicker


Dans un univers où Kartane n’aurait pas eu à solliciter cette place de Roi, il aurait aimé retrouver Daimon tous les matins pour partager son petit déjeuner avec lui ou, au moins, manger un repas par jour en sa compagnie. Passer du temps avec sa famille, en particulier son frère, était un plaisir, presque un besoin pour le brun. Grâce à eux, il n’avait pas peur d’oublier qui il était et pourquoi il se battait. Il ne craignait pas, à leurs côtés, de devenir cette personne insensible et dure qu’il se retrouvait à être parfois, lorsqu’il portait son rôle de Roi. Ils étaient son oxygène et s’il essayait, autant que possible, de dîner avec eux les soirs, les emplois du temps de chacun permettaient rarement à tous les Weiss du Manoir de souper ensemble, surtout ces derniers jours. De ce fait, ces moments privilégiés où Daimon venait le voir compensaient ce manque, même si Kartane aurait accueilli le blond avec une tendresse tout aussi grande quelles que soient les circonstances.

Un sourire amusé étira ses lèvres lorsque son visiteur salua Gio d’un ton à la fois taquin en enjoué dont lui seul avait le secret. Son eidolon le toisa aussitôt, se redressant davantage dans le but ostensible de le prendre haut en grognant à l’adresse de l’importun avec son accent italien :

- Et toi, tu as toujours l’air aussi stupido.

L’insulte, somme toute plutôt gentillette par rapport à ce que la vipère pouvait trouver habituellement, s’apparentait assez aisément à ce qui ressemblait à de l’affection pour Gio. La plupart du temps, il se contentait en effet d’ignorer ses interlocuteurs. Comme pour prouver les dires de l’eidolon, Daimon enchaîna avec son habituelle interrogation. Si Kartane n’aurait su dire depuis quand exactement remontait cette tradition, il se souvenait parfaitement de ce qui avait poussé son frère à se lancer dans cette quête de LA question à laquelle le brun peinerait à répondre.

Alors que le blond s’installait en face de lui en déclarant que Google ne l’avait pas encore détrôné dans son coeur, le Roi resta muet un instant, enveloppant Daimon de son regard affectueux comme si le silence pouvait devenir un drap de tendresse qu’il aurait déposé sur les épaules de son interlocuteur. Il s’agissait de la réponse la plus parlante qu’il lui était possible de donner, car aucun mot ne traduisait, selon lui, le sentiment puissant et indestructible qu’il éprouvait pour son frère et, en l’absence de mot adéquats, les gestes se chargeaient du reste. Il finit malgré tout par rompre ce confortable calme et par répondre à la question laissée en suspens, un brin amusé par les réminiscences du passé qu’elle apportait. Il eut un léger rire en entendant Daimon appuyer ses anciens propos avec assurance, se renfonçant dans sa chaise en croisant lentement les bras, les yeux rivés dans ceux les siens en levant un sourcil, faussement réprobateur.

- Tu n’es pas très encourageant. Si je nourrissais l’espoir secret de devenir bijoutier, mon ego en prendrait un coup…

Il esquissa un minuscule sourire satisfait lorsque son frère assura qu’il s’en sortait bien, une fois encore, pas étonné le moins du monde qu’il ne baisse pas les bras. Kartane, lui, était plutôt confiant. Il n’avait jamais menti à Daimon et il pensait réellement qu’il n’aurait jamais rien à lui cacher. Les secrets pesaient sur les relations, quels qu’ils soient. Or, le blond supportait déjà le poids de trop de chaînes pour lui ajouter celui-ci. Il était hors de question qu’il l’accable davantage. Il désirait le soutenir, pas l’enfoncer. Si pour ça, il fallait aborder des sujets gênants - et il n’en voyait aucun - alors il le ferait sans hésiter une seule seconde.

- J’avoue que je serais déçu que tu baisses les bras si facilement. Je vois encore au moins cinq questions facilement qualifiables de “gênantes” que tu n’as pas encore posées… Mais Google saura certainement t’aider à ce sujet, termina-t-il, un peu gouailleur.

Il reprit son sérieux en évoquant les derniers jours, notant toutefois l'intervention de Liloo dans un coin de sa tête pour y revenir plus tard alors qu’il expliquait rapidement l’impact que le Tournoi des Alphas avait eu sur son quotidien. Il y avait également eu, en faits notables, cet accrochage avec Vegas… Toutefois, Kartane préférait garder ce sujet pour un moment où Daimon n’aurait pas quelque chose à lui annoncer. Son âme sœur n’était pas le genre de thème à aborder à la légère. Il s’en tint donc à Parker Brent, une lueur d’intérêt passant dans son regard alors qu’il prononçait son nom. Son visage se teinta imperceptiblement d’un air à demi sibyllin, ses yeux fixés sur le souvenir des prunelles franches de la jeune femme.

- Elle me plait, lâcha-t-il d’une voix indolente sans rien préciser d’autre.

Une ombre passa devant son regard, à l’image de la tristesse qui se peignait sur les traits de son frère quand le prénom de Nisha tomba dans la conversation. Si le Roi n’avait aucun problème à parler de son cousin, évoquer, ne serait-ce qu’en sous-entendus l’état mental de ce dernier lui causait toujours un pincement au cœur et il savait qu’il en allait de même pour le blond. C’était plus fort que lui. Il ne pouvait pas oublier les horreurs qu’il avait subies. Il tourna la tête vers le babyphone avec caméra intégré qui le reliait à la chambre de Nisha. La silhouette roulée en boule sous la couette, dont dépassait quelques boucles aussi blondes que celles de Daimon indiquait qu’en effet, leur cousin ne s’était pas encore levé.

- Apparemment.

Peu désireux de laisser son frère sur la pente glissante des sujets sombres, Kartane préféra se focaliser sur ce qui l’amenait ici et que Liloo semblait si pressée d’aborder. Si le changement de conversation, peu subtil, parut faire son effet, le sourire du blond n’avait pas vraiment retrouvé de sa superbe. ça ne voulait cependant rien dire. Le brun savait qu’une expression ne reflétait jamais totalement le cœur, même si Daimon restait facile à lire. Il lança à ce dernier un regard entendu, sans prendre la peine de répondre et masquant son amusement. Il était sûr que son frère savait pertinemment le pourquoi du comment de son insistance soudaine. Décroisant les bras, il souleva sa tasse pour la porter à ses lèvres avant que son thé refroidisse, dans l’expectative. Il n’eut pas à attendre longtemps et Liloo lui épargna même l’effort d’ouvrir la bouche en prenant tout le monde de court - même si ça n’aurait pas dû le surprendre. Il se garda de froncer les sourcils. Il aurait préféré connaître en priorité la mauvaise nouvelle. Les mauvaises nouvelles n’auguraient jamais rien de bon, surtout dans leur famille. Il se plia pourtant à la demande de l’eidolon. Si Daimon ne lui annonçait pas directement le sujet négatif, c’était qu’il ne devait pas y avoir d’urgence…

Un éclat orageux voila les prunelles acier de Kartane en comprenant de quoi il en retournait. Ce sujet. Depuis que son frère était libéré de l’emprise de ses parents, en particulier celle de sa mère, il s’était mis à enquêter, notamment sur la mort de Mary et John. Le Roi lui en était reconnaissant, d’une certaine manière, car son titre de Roi ne lui permettait pas de dégager assez de temps pour s’en charger lui-même avec efficacité… Il ne désespérait pas de retrouver un jour la personne qui avait fait ça. De la retrouver et… il n’acheva pas ses pensées. Les images très évocatrices que lui envoyait Gio parlaient d’elles-mêmes. Ordinairement, il calmait les ardeurs de son eidolon, mais pas sur les assassins. Pas sur cet assassin. Il reposa sa tasse et se leva, se mettant à arpenter la pièce d’une démarche élégante en écoutant le compte-rendu de Daimon attentivement. Une part de lui calculait déjà les tenants et aboutissants des informations qu’il lui fournissait et l’autre… l’autre aimait voir le blond s’enthousiasmer pour quelque chose. S’investir. Vivre pour lui. Sans compter que son rapport ravivait l’espoir de venger Mary et John et d’arrêter une personne qui ne possédait aucune place sur cette terre. Cependant, il restait plus réservé que son frère, car il se doutait que ce ne serait pas si simple. Il n’oubliait pas non plus que l’assassin en question ne verrait probablement pas d’un bon œil qu’on s’intéresse à son cas s’il venait à l’apprendre…

Il s’arrêta, le regard braqué sur Daimon, une lueur à la fois douce et sérieuse au fond des yeux, puis s’approcha de lui, faisant courir ses doigts sur le bras du blond jusqu’à atteindre son épaule. Là, il releva encore la main, effleura sa joue d’un geste tendre et continua pour repousser des boucles rebelles et rebondies. Ensuite seulement, il se détourna pour prendre doucement des mains de son frère le portable qui contenait les précieuses informations.

- Merci, fit-il sincèrement en réponse au sourire d’excuse de son interlocuteur.

Ce dernier aurait tout aussi bien pu mener son enquête tout seul dans son coin. Kartane n’aurait pas eu son mot à dire, mais il préférait être au courant. Savoir dans quoi sa famille s’engageait, quelles étaient les possibles menaces et quand ça touchait à un sujet aussi important, il aimait pouvoir participer.

- On va déjà faire des copies, c’est le plus urgent. Et veille à bien sécuriser le fichier. Il n’y a pas de raisons que quelqu’un tombe dessus, mais… on n’est jamais trop prudent.

Surtout que certaines personnes n’attendaient qu’un seul faux pas pour les jeter dans le vide. Et il ne laisserait jamais ça arriver. Il s’éloigna pour aller chercher l’ordinateur portable qu’il avait laissé sur sa table de nuit et revint s’asseoir à table, à une place qui n’était pas encombrée par les diverses assiettes de son plateau de petit déjeuner. Avant d’éplucher le dossier, il y avait une question à laquelle il n’avait pas eu de réponse. Une question qui ne le laissait pas tranquille. Tandis qu’il appuyait sur la touche pour aller son PC, il s’enquit donc avec lenteur :

- Et la mauvaise nouvelle ?

Autant avoir toutes les cartes en main. Il releva donc le nez de son écran pour dévisager son frère, ne sachant pas trop jusqu’à quel point il devait être inquiet.


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Kartane Weiss
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Kartane Weiss
Kartane Weiss
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Kartane Weiss
Sam 22 Mai - 20:34


If the sky comes falling down, for you, there's nothing in this world I wouldn't do Kartane & Daimon 15/04


Si j’adorais interrompre Kartane au milieu d’activités triviales comme un petit déjeûner ou une cérémonie d’habillement, si j’aimais les petites piques de Gio -qui en devenaient presque mignonnes dans son référentiel, où les menaces s’apparentaient fortement à des politesses- et notre interminable petit jeu de questions absurdes, la partie que je préférais dans les visites régulières que je lui faisais restait néanmoins ces échanges bienveillants et apaisants où nous profitions tout simplement de la présence l’un de l’autre. Il avait toujours le mot, le regard ou le geste qu’il fallait pour me rappeler qu’au délà d’une ville ou d’une demeure, ma maison, c’était surtout lui, et les gens que j’aimais. Une maison que j’avais eu besoin de fuir un temps pour mieux réaliser qu’elle était ce dont j’avais besoin. Depuis mes errements de quelques mois, j’avais replanté mes racines ici, et n’avais plus reconsidéré m’en éloigner. Tant de choses m’avaient manqué lorsque je m’en étais éloigné. Il m’avait manqué. Terriblement.

Cela dit, je n’étais malheureusement pas venu sans arrière pensée aujourd’hui. Mais avant de partager avec lui mes baluchons du jour, j’avais préféré m’enquérir de sa valise à lui. Et un nom en particulier dans cette valise attira mon attention, et visiblement, pas que la mienne. Je ne pus retenir un large sourire alors qu’il me déclarait qu’elle lui plaisait, le plus sobrement du monde, comme à son habitude.

- Tu m’en diras tant !

Me contentai-je de répondre, croisant une jambe par dessus l’autre, remuant le pied le plus en hauteur avec amusement alors que je le dévisageai.

- Oh ! Attends... je prends note pour mon questionnaire…

Ne pus-je m’empêcher de le charrier, faisant mine de me pencher pour attraper mon petit calepin temporairement laissé à l’abandon. J’abandonnai le geste à mi-chemin, juste satisfait de ma petite boutade, et prêt à enchaîner sur d’autres sujets. D’autant que Liloo et Kartane semblaient alignés pour une fois sur la nécessité d’aborder les fameux sujets que j’avais ramenés avec moi aujourd’hui. Cette petite fouine d’Eidolon avait bien évidemment sa préférence quant au sujet à aborder, et sans aucune surprise, il s’agissait de l’enquête. Bon, je devais admettre être moi-même relativement intenable et impatient sur le sujet, avide de partager mes découvertes avec mon pilier.

De manière peu surprenante, la réaction de Kartane était nettement moins euphorique et exagérée que la mienne. Il fallait aussi dire que là où moi je me jetais tête la première emporté par la flamme de mes émotions, mon frère se montrait plus mesuré et calculateur -au sens positif du terme, en l’occurrence. C’était un peu mon point faible l’anticipation… Heureusement que j’avais un Kartane dans ma vie pour me tempérer quand je m’enflammais un peu trop. Je lui fis donc la restitution de mes mésaventures sans rien lui épargner, pour finir par lui tendre mon téléphone avec les fameuses informations.

Il s’approcha de moi et, magicien de ses doigts, parvint en un geste à calmer mes ardeurs. C’était presque comme s’il avait un mode d’emploi “sur quel bouton appuyer avec Daimon” intégré en lui. J’esquissai un sourire apaisé en sentant ses doigts se glisser dans mes boucles, un geste qu’on associait tant à la tendresse maternelle dont j’avais été privée. J’hochai doucement la tête à sa suggestion.

- J’ai des copies sur mon drive et dans mes mails, mais je préfère autant que tu en ais également.

Confirmai-je, décroisant mes jambes pour mieux me redresser sur le siège alors qu’il procédait comme annoncé. Je plongeai dans un silence méditatif alors que Kartane s’installait sur un espace libre, me demandant un peu ce que je m’attendais ou non à trouver. J’avais tellement espéré trouver une piste que maintenant qu’elle était là… J’avais peur d’être déçu. De réaliser qu’il n’y avait rien à quoi se raccrocher. Et alors quoi ? Qu’est-ce que je ferais ? Excellente question. Mais ce serait un sacré coup au moral pour sûr.

Et parlant de coup au moral… Ce fut ce moment que choisit mon frère pour me tirer de mes pensées en demie teinte avec une question aussi simple qu’efficace. J’esquissai une grimace. Avec lui, les informations ne tombaient JAMAIS dans l’oreille d’un sourd, je ne devrais pas m’étonner qu’il ramène le sujet sur le tapis de la sorte.

- J’ignorais que t’avais fait un master en rabattage de joie dis...

grognai-je, me renfrognant un peu. Alors oui, j’étais venu ici pour lui en parler, et oui, je lui avais annoncé la couleur. Mais j’étais un incorrigible maître du déni : tant que je ne parlais pas de quelque chose, ce quelque chose cessait d’exister, pendant un temps. Alors oui, si je ne mentionnais pas Vegas, c’était presque comme si elle n’était pas dans le TOP 2 de mes tourments en ce moment.
Je m’avachis à nouveau un peu sur ma chaise, comme si me tasser allait faire rapetisser le problème au passage. Inspirant un grand coup, je posai un regard nettement plus tourmenté qu’auparavant sur lui, avant d’enfin desceller mes lèvres.

- J’ai un problème. Enfin pour le coup, et crois moi ça m’horripile de t’y mêler, mais ON a un problème.

Donnai-je en guise d’introduction, secouant un peu la tête d’un air passablement agacé. Je n’avais même pas encore prononcé son nom que cette rouquine de l’enfer avait déjà rogné mes nerfs à vif. Incroyable ce pouvoir qu’elle pouvait avoir sur moi. Insupportable.

- Comme tu le sais j’évite Vegas autant que possible depuis… trop longtemps sans doute. Et quelque chose me dit que ça ne va pas fonctionner éternellement. La dernière fois elle faisait le pied de grue devant ma chambre, heureusement que Luce m’a prévenu…Bref. Je la sens pas. Elle est persuadée que la mort de Gilbert n’est pas accidentelle. Et elle a tellement de colère en elle, colère qui grimpe en flèche quand elle me voit en plus… Et comme moi aussi elle m’énerve… C’est la poisse absolue d’avoir l’une des seules personnes que tu veux pas voir en âme sœur.

Et voilà, je commençais à trembler rien que de parler d’elle. J’attrapai le bout de l’accoudoir à pleine main, m’en blanchissant les joints, pour stopper ces palpitations aussi incontrôlables qu’irritantes. Admettre la suite allait m’arracher la langue, mais les faux semblants n’existaient entre Kartane et moi. Il m’avait vu dans de pires états, ramassé dans de pires conditions, relevé de pires épreuves. Il n’empêchait que cette histoire remuait des choses en moi dont je me serais amplement passés. Comme cette sombre époque où je voyais ma mère préparer ses poisons en laissant flotter dans l’air la menace de les verser dans l’assiette de Kartane ou de Luce si je ne donnais pas entière satisfaction. Un frisson de dégoût me secoua l’échine, et je l’envoyai valser d’un tressautement d’épaule nerveux.

-J’ai…

Commençai-je, m’interrompant moi-même avec un soupir. Je n’étais définitivement pas doué pour extérioriser, et la seule chose qui ne me faisait pas renoncer à m’exprimer, c’était que j’avais en face de moi la personne la plus à même de m’écouter, et surtout de me comprendre, au monde. Kartane avait toujours été une oreille attentive, une épaule solide, une enlaçade réconfortante, des bras dans lesquels me cacher ou m’oublier. Non seulement n’avais-je aucune envie de lui cacher quoique ce soit, mais en plus, j’étais intimement convaincu qu’il n’y avait pas meilleure personne à qui me livrer tout entier, sans honte et sans hésitation.

-J’ai vraiment peur que ça dérape et que je laisse échapper quelques chose qu’il faudrait pas te concernant si elle me pousse à bout, ce qu’elle fera, et si je déraille…

Je laissai ma phrase en suspend et ma voix mourrir, mais il n’avait sans doute pas besoin d’un dessin. Et si elle me provoquait ? Et si elle accusait Kartane, juste comme ça, pour me faire réagir ? Et si je le trahissais malgré moi ? Cette idée me rongeait encore plus que je ne l’admettais. je m’en bouffais littéralement l’intérieur de la joue. Je détournai un instant le regard de lui pour le poser sur Liloo, qui avait arrêté de se rouler sur le tapis, et m’observai avec un air attristé. Naturellement, elle ressentait tout ce qui secouait mon corps et mon âme, elle savait ce que cette hypothèse réveillait chez moi. Un mélange de colère, d’indignation, d’énervement, de peur, d’abattement, de doute. Pas un heureux cocktail, mais un cocktail que je comptais bien ravaler, car se morfondre n’avait jamais aidé personne, et ça ne commencerait pas aujourd’hui.

Me redressant sur ma chaise, car la posture était importante pour se donner l'élan nécessaire, je forçai un sourire qui était plus pour moi que pour lui, alors que mes yeux délaissaient Liloo pour le retrouver.

- Enfin je suis pas juste venu me lamenter… j’ai pensé à quelque chose. Je voulais avoir ton avis. Je me suis dit qu’un mage pourrait peut être m’aider. Soit à sceller l’information dans ma tête, pour que je ne puisse pas la divulguer. Soit en l’effaçant, temporairement, ou définitivement, à voir. Je ne sais pas trop.Tu connaîtrais quelqu’un ? Parce que le seul mage que je connais vaguement, c’est le meilleur ami de Vegas, autant dire que ce n’est pas une option...


D’autant que le meilleur ami en question et moi, on n’entretenait pas exactement une relation cordiale. Il devait sans doute se montrer professionnel dans son travail mais… Je n’irais en aucun cas lui confier ma vie, et encore moins un secret aussi précieux et dangereux pour Kartane. A l’inverse, si mon frère me recommandait quelqu’un, je lui ferais une confiance aveugle. Il fallait dire que le sujet était suffisamment sensible et important à mes yeux pour ne pas m’en remettre au premier mage venu.

- Et plus important… T’en penses quoi ?

Enchaînai-je, plongeant mon regard incertain dans ses prunelles dont la couleur glacée contredisait la chaleur enveloppante qui s’en dégageait quand elles croisaient les miennes. Parce qu’au delà d’une bonne adresse, j’avais surtout besoin de conseils, d’un avis éclairé. Je savais que je n’étais ni raisonnable, ni mesuré lorsque je parlais de Vegas, ou de quelque chose qui pouvait menacer Kartane. Alors lorsque je parlais des deux ensemble… C’était la fin de mon discernement. Heureusement, je savais qu’il était nettement plus doué que moi pour ne pas céder aux chants du vague à l’âme et garder un esprit affuté en toutes circonstances. Et c’était une des innombrables raisons pour lesquelles il faisait un meilleur roi que moi et qu’un sacré paquet d’autres gens. Même si à mes yeux, il serait toujours le frère avant d’être le roi.

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Daimon Weiss
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Daimon Weiss
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Daimon Weiss
Ven 28 Mai - 18:01

Know the water is sweet but blood is thicker


Kartane attrapa un des scones qui ornaient son plateau de petit déjeuner, bien trop copieux pour une seule personne malgré ses demandes incessantes de diminuer les quantités et en rompit un morceau pour le porter à ses lèvres, une lueur amusée dans le regard en réponse au large sourire de Daimon. Il ne put retenir un rire en le voyant faire mine de noter cette déclaration dans son carnet. Le fameux carnet où il consignait ses questions… et qui ferait sans doute le bonheur de n’importe quel journaliste qui parviendrait à mettre la main dessus. Cependant, si une telle chose devait arriver, le Roi savait par avance qu’il apprécierait sans nul doute beaucoup le spectacle dudit journaliste qui devrait affronter son frère en conséquence…

Pour l’heure, toutefois, il n’y avait pas grand-chose à noter et le blond s’en doutait certainement, parce qu’il n’insista pas. Il était encore un peu tôt pour donner suite à cette conversation. Pour le moment, les choses se résumaient à ces quelques mots, concernant Parker Brent. Pour le moment. Kartane savait attendre. Et il savait également qu’il finirait par mieux connaitre la jeune femme. Alors seulement, et pas avant, il s’autoriserait à en discuter de manière approfondie avec Daimon. Là, il préférait se concentrer sur des sujets plus importants, qui ne manquèrent pas de faire revenir son sérieux.

Avoir accès au dossier de police de l’affaire représentait une avancée considérable pour cette enquête, qui piétinait depuis bien trop longtemps. Il n’était pas certain qu’ils y trouvent de quoi identifier l’assassin, mais même la plus mince des pistes serait déjà bonne à prendre. Il espérait juste qu’à trop courir au bord d’un gouffre, le blond n’y tomberait pas… car même sans prendre en compte la présence d’un meurtrier en liberté, il n’oubliait pas que Daimon vivait avec des démons dangereux. Il ne voulait toutefois pas croire qu’il se laisserait tenter par leur appel, quand bien même son enquête les réveillerait. Il préférait croire en lui. Il savait qu’il avait cette force, celle de les combattre et, à défaut de les faire disparaitre, d’aller de l’avant. Oui, il préférait croire que cette affaire lui permettrait d’aller mieux. De toute façon, il comptait bien suivre ça de près.

Il laissa là ses pensées pour se concentrer sur l’essentiel. Il hocha à son tour la tête, approuvant l’initiative de son interlocuteur ainsi que ses paroles. Après un rapide détour par sa chambre, il s’installa à nouveau à la table, observant du coin de l'œil Daimon, plongé dans un mutisme pensif.

- Il va se prendre un mur, si vous ne trouvez rien dans ces dossiers, commenta la voix de Gio dans son esprit, en aparté.
- Il se relèvera. Je le relèverai, s’il le faut, répliqua son protégé mentalement en branchant le téléphone à son ordinateur pour copier les données.
- Tu ne peux pas porter tout le monde.
- Je me fiche du monde.
- Menteur.
- Disons que je ne porterai pas les autres. Ma famille, si. Autant de fois que nécessaire.


Son eidolon ne répondit rien à sa remarque résolue, sans doute parce qu’il devait se douter que la conversation n’irait pas plus loin. De toute façon, le Weiss savait que la vipère lui faisait confiance pour rester fort. Après tout, c’était elle qui lui avait appris à l’être. Et en parlant de force… il avait une mauvaise nouvelle à affronter. Brisant le calme de la chambre après avoir sécurisé les dossiers copiés sur son ordinateur, il se tourna vers Daimon, à moitié taquin, à moitié sérieux.  

- Tu sais bien que j’ai toujours eu un don inné pour ça…

Le visage de l’intéressé, qui se referma en lui annonçant qu’ils avaient un souci, lui indiqua qu’il s’était trompé sur un point. Il avait cru qu’il s’agirait d’une nouvelle somme toute plutôt bénigne… Il avait tort. Il se redressa inconsciemment contre son dossier autant que le blond s’affaissait sur le sien, comme pour affronter de plein fouet les informations qui l’attendaient. Le voile qui passait sur les yeux verts de Daimon faisait naître une ombre insidieuse dans le cœur de Kartane. Il n’aimait pas ça. Il n’aimait pas le voir avec cet air sombre. ça le projetait des années en arrière… A une époque où il le regardait s’enfoncer, impuissant. Ou plutôt inactif. Plus jamais ça.

- Tu ne peux pas m’empêcher d’être mêlé à tes problèmes, Daimon, fit-il remarquer avec douceur. Ce qui t’affecte m’affecte. C’est aussi simple que ça.

Et il préférait être impliqué directement, sans hésitation. Il ferma son ordinateur et focalisa son attention sur son interlocuteur, laissant pour l’instant la fin de son petit déjeuner de côté avant de plisser légèrement les yeux à la mention de Vegas. Vegas, qu’il avait vue moins d’une semaine avant pour un scandale impliquant Parker, justement. Vegas… cette âme sœur qui tourmentait tant Daimon. Si le Karma choisissait bel et bien les personnes liées entre elles en fonction de ce qu’elles pouvaient s’apporter l’une à l’autre, alors il devait avoir une dent contre son frère. Il ne broncha pas et ne laissa rien paraître, se contentant de continuer à le fixer d’un air impassible pour ne pas venir perturber ses explications. Pourtant, au fond de lui, il se sentait mécontent. La rouquine était un problème depuis longtemps, en effet. Il était donc bien assez temps de s’en occuper. Bien sûr, il avait songé à des solutions. Il aurait pu bannir leur cousine du Manoir, voire même de la ville, mais… il préférait ne pas avoir à en arriver là. Il ignorait quelles conséquences auraient un éloignement contraint sur leur lien d’âme sœur, même si Daimon semblait souffrir de sa présence, et une part de lui… un minuscule part de lui espérait que Vegas saurait entendre raison. Elle était loin d’être stupide. Elle était juste aveuglée, ce qui la rendait dangereuse.

Une colère sourde monta en lui alors que son regard devenu glacial s’attardait sur les tremblements qui agitaient son frère. Une colère froide et irrationnelle. Mais ce n’était pas le moment pour se laisser aller à la rage. Il devait la laisser de côté, la nourrir pour la déchainer lorsqu’il en aurait besoin. Pour l’instant, Daimon n’avait pas à faire face à cette rancœur que Vegas attisait. Il se leva doucement et rejoignit en quelques pas le blond. Se plaçant derrière lui, il se laissa aller à la tendresse qu’il lui inspirait, ignorant la colère qui grondait encore quelque part au fond de lui comme un orage dans le lointain. Il glissa ses doigts dans les mèches folles et massa délicatement son crâne tout en se baissant pour déposer un baiser affectueux sur le haut de sa tête, l’encourageant silencieusement à dire ce qu’il peinait tant à prononcer.

- Prends ton temps,
souffla-t-il.

Il fit descendre ses mains le long de la nuque du blond jusqu’à ses épaules, laissant ses doigts s’y perdre en un geste à mi-chemin entre la caresse et le massage, sans s’arrêter lorsqu’il reprit. Ses paroles le ramenèrent brusquement trois ans en arrière et il se félicita d’être derrière Daimon et non plus sur sa chaise. Cet événement… et Gilbert. Ils continuaient de le hanter même des années après sa disparition. Son ombre les suivait partout. Dans leur vision du monde. Dans leur méfiance. Dans les accusations de Vegas ou d’autres, parfois. Dans les rumeurs et les histoires de leur famille. Dans l’esprit brisé de Nisha. Dans les failles les plus profondes de son frère… et dans les siennes. Kartane n’avait jamais regretté son geste. Il l’aurait refait des dizaines, des centaines de fois si nécessaire. Mais quelque chose avait changé en lui le jour où il avait pris sa décision. Ce n’était pas tant le meurtre, mais son choix lui-même. Le meurtre avait gelé une petite partie de son cœur. Il l’avait endurci, et même s’il avait appris à craindre cette couche de glace qui pourrait tout recouvrir s’il ne faisait pas attention, là n’avait pas été le plus difficile. C’était Daimon. Parce qu’il avait infligé sa décision à son frère, parce qu’il lui avait pris son père, quelque chose s’était cassé en lui. Ce n’était pas grave. Il n’avait pas besoin d’être réparé. Il vivait avec. Mais l’idée d’avoir engendré des dégâts supplémentaires à l’âme déjà endommagée de son frère, ça, plus que tout le reste, lui faisait mal.

Ce jour-là, il avait hésité, hésité et hésité encore à le lui annoncer. Il avait tu son projet avant de le réaliser au cas où il n’y parviendrait pas, mais ça ne l’avait pas empêché de songer à la suite. Il avait su qu’il serait incapable de le cacher à Daimon. Il pouvait jouer la comédie à la perfection, duper le monde entier, mais pas Daimon. La glace qui s’était déposée sur son cœur, la minuscule fêlure qui en avait résulté… il était incapable de la lui dissimuler. Tout ce temps où il avait regardé la vie quitter Gilbert, son regard s’éteindre, son corps s’affaisser tandis qu’il tombait sur le sol, c’était à ça qu’il songeait. A Nisha, oui. Mais à Daimon, aussi. Il avait déposé un fardeau de plus sur ses épaules. Il ne pouvait pas l’en délester à présent que c’était fait. Mais il refusait de le laisser le porter seul.

Il réalisa qu’il avait cessé ses mouvements apaisants lorsque son frère termina de parler. Il ne prit pas la peine de les reprendre. Il resta immobile quelques secondes, laissant le silence s’étirer alors qu’il s’extirpait de ses pensées, sélectionnant avec un soin tout particulier les mots qu’il s’apprêtait à prononcer. Il n’avait que trop conscience de l’importance qu’ils auraient. Lentement, très lentement, il se détacha de ses épaules et le contourna pour se poster à côté de lui. Il vissa ses yeux  dans les siens, s’accroupissant pour ne pas avoir à le fixer de haut et pour être certain qu’il le regarderait lorsqu’il parlerait, prenant sa main dans les siennes pour l’envelopper tout entière. Il ne voulait manquer aucun signe qui pourrait l’éclairer sur la façon dont Daimon se sentait en l’écoutant.

- Daimon, commença-t-il d’une voix bienveillante mais parfaitement ferme, appuyant sur chacune de ses phrases pour leur donner plus de poids. Écoute-moi bien. Ce que j’ai fait, ce jour-là, c’était ma décision. En faisant ce choix, je savais ce que j’encourais. J’avais parfaitement conscience que ça pourrait me rattraper n’importe quand, n’importe où. Je l’ai toujours su. Et j’ai pris cette décision en toute connaissance de cause, malgré tout. En aucun cas, tu ne peux te tenir responsable de cet événement. J’ai fait ce qui a été fait. J’en endosse la responsabilité et je n’ai pas l’intention de fuir les problèmes qui en résulteraient. Ce n’est pas à toi de payer le prix de cet acte, même si… d’une certaine manière, je t’ai fait payer… et j’en suis désolé. Sincèrement, Daimon.

Il pressa un peu plus fort sa main, le regarda avec une tendresse teintée de peine et reprit.

- Mais comprends bien que même si tu venais à parler de tout ça, ça n’aurait rien d’une trahison ou de quoi que ce soit d’approchant. Je ne compte pas t’empêcher de me protéger. Je sais ce que c’est. Seulement, tu ne peux pas le faire au détriment de ton bien-être. Tu ne peux pas exiger trop de toi-même.

Il souffla doucement en secouant légèrement la tête, un sourire attendri se dessinant sur ses lèvres alors qu’il couvait du regard son frère si cher à son cœur. Son tendre frère qui voulait endosser ses soucis et se tenir seul contre le reste du monde…

- Tu ne peux pas me protéger de tout, mon cœur… murmura-t-il d’un ton tendre. Et surtout pas de mes propres choix. Tu en fais déjà tellement…

Il passa son pouce sur la joue chaude de Daimon en une caresse affectueuse et lui sourit. Il aurait aimé pouvoir le garder si loin des tourments qu’il en oublierait le goût des larmes. A défaut, il espérait lui offrir la vie qu’il méritait, ou au moins celle qui s’en approchait le plus.

- Et avant de parler de cette histoire de mage… dis-moi une chose, continua-t-il, se faisant plus grave. Est-ce que tu veux oublier ? Sans prendre en considération le fait que tu craignes de trop en dire. Est-ce que tu voudrais oublier, toi ? Est-ce que c’est ce que tu souhaites ?

S’il existait un moyen pour effacer quelques-unes des ombres qui persistaient dans les yeux de son frère, il ferait tout pour le trouver et pour le mettre en œuvre. Seulement, il n’était pas sûr du bonheur que l’ignorance pouvait apporter, surtout une ignorance factice.



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Kartane Weiss
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Kartane Weiss
Lun 31 Mai - 22:18


If the sky comes falling down, for you, there's nothing in this world I wouldn't do Kartane & Daimon 15/04


Le changement d’atmosphère dans la pièce lorsqu’on passa d’un sujet à l’autre était saisissant. Si Kartane était capable d’une retenue admirable, moi, c’était tout l’inverse. Je n’avais jamais véritablement su vivre mes émotions autrement qu’en les laissant exploser. Et même lorsque j’avais essayé de les réprimer devant ma mère et ses jeux sadiques, ça s’était soldé par un échec. Parce que visiblement, si je n’exprimais pas mes ressentis de moi-même, c’était le petit brasier qui brûlait en moi qui le faisait, et généralement de manière destructrice… Heureusement, avec Kartane, je savais que je n’avais pas besoin de donner dans les faux semblants ce qui, outre me faire du bien au moral, évitait trop d’incendies au sein du manoir. J’avais déjà failli le réduire en cendres une fois, à cause de ma génitrice, tout le monde s’accorderait probablement pour se passer d’un deuxième round.

J’avais beau essayé de garder un semblant de contenance, au final, devant Kartane, mes barrières finissaient toujours pas s’écrouler comme un chateau de sable. Il m’avait fallu une blague qui ne venait pas du coeur et un regard pour m’assombrir. Les sujets familiaux étaient au final rarement gais avec nous, à croire que les Weiss étaient tous maudits à leur manière. J’esquissai un sourire sans joie au commentaire de Kartane. Oh je ne le savais que trop bien qu’il nous était impossible, l’un comme l’autre, de garder nos problèmes pour nous-mêmes. Ce qui faisait notre force, ce soutien infaillible, envers et contre tout et tous, s’avérait également être notre plus grande faiblesse. C’était d’ailleurs une chose qu’on apprenait dans le B-A-ba de la stratégie : ne jamais cultiver ses faiblesses, à moins d’être capable d’y renoncer à tout moment. Mais je n’avais jamais été un bon stratège, alors je me fichais bien d’ignorer superbement ce précepte. Pour mon frère, c’était une autre histoire cela dit. Par son titre, il était plus exposé aux menaces que quiconque d’autre dans la famille. Apparemment, royauté rimait toujours systématiquement avec intrigues. Un fait qui m’était connu depuis longtemps déjà, mais qui ne m’empêchait pas de continuer de m’en inquiéter. Comme aujourd’hui.

Je finis par annoncer le nom de nos troubles du moment, notre cousine, et mon âme soeur, Vegas. D’un simple coup d’oeil, je sentis le comportement de Kartane changer de manière presque imperceptible à sa mention. Lui plus que quiconque savait de quels dégâts la jolie rousse était capable. Son expression se lissa à nouveau comme toujours lorsque je l’abordais avec des sujets sérieux de la sorte. Je dirais bien “réflexe royal”, mais ça n’avait rien à voir avec cela. Il agissait déjà ainsi bien avant d’être hissé sur le trône… Et il n’agissait jamais en tant que roi quand nous nous voyions dans l’intimité.

Moi en revanche, c’était tout mon corps qui s’était mis à parler avant même que je ne déroule les mots. La tension était palpable et visible à l’oeil nu. Elle l’aurait été pour un non initié, alors pour Kartane qui me connaissait par coeur… Il dut sentir que l’agitation typique qui accompagnait trop souvent le prénom de Vegas était particulièrement forte, particulièrement virulente cette fois-ci, car je le vis se lever pour venir s’installer derrière moi. Je ne voyais plus son visage, ses yeux, ses expressions, mais je pouvais les deviner sans mal. La simple sensation de sa main dans mes mèches folles suffit déjà à amener une certaine forme d’apaisement. Léger, et insuffisant, mais bien existant. Lorsqu’elles glissèrent sur ma nuque, il dut sentir à quel point celle-ci était nouée. Je m’interrompis un instant, inspirant un grand coup, et profitant de ce contact chaleureux qui me rappelait que je n’étais pas seul, et que je ne le serais jamais avec lui. Une sensation sans pareille, qui me fit fermer un instant les yeux, et oublier le venin Weiss qui avait commencé à se répandre dans mes veines dès lors que j’avais abordé le sujet Vegas.

Vegas. Rien que sa pensée me glaça tout entier, et je me sentis me tendre malgré les mains miraculeuses de Kartane. Le reste se déversa comme une marée noire, instoppable et dangereuse. Pourtant je n’avais pas gardé cela longtemps sur le coeur, mais à m’entendre, on aurait dit que je me rongeais les sangs depuis plusieurs mois déjà. Techniquement, je me rongeais les sangs depuis 3 ans. Mais j’en parlais, régulièrement, j’extériorisais. Seulement voilà, l’anxiété avait fini par creuser trop profondément pour être ignorée plus longtemps. Et je me retrouvais à l’expulser hors de moi sous sa forme la plus brute, des mots qui trahissaient la détresse, et l’absence d’issues que je commençais à percevoir.

Kartane me laissa finir et laissa le silence retomber après ma diatribe, comme pour s’assurer qu’il n’y aurait pas un reliquat qui suivrait. Le silence n’avait jamais été inconfortable entre nous, alors je le laissai se poser comme un voile, tout en douceur, sans avoir besoin de le briser. Ce fut d’ailleurs lui qui le fit. Je sentis ses mains se détacher de moi, laissant comme un vide derrière elles. Du coin de l’oeil, je le vis revenir dans mon champ de vision, sur le côté, accroupi. Je le laissai prendre ma main sans bouger de ma position, croisant ses yeux alors je m’arrachais la lèvre inférieure à coup d’incisives furieuses. Ce n’était pas l’appréhension de ce qu’il allait me dire, c’était juste l’angoisse liée à toute cette situation que j’avais essayé de ravaler et qui montrait finalement ses crocs. Je me reculai dans ma chaise, comme si j’essayais de fuir cette discussion que j’avais pourtant moi-même lancée. Ironique. Mais récurrent. A son ton lorsqu’il prononça mon prénom, je sentis que je n’allais pas recevoir un avis et une adresse tout de go, mais ce n’était guère surprenant. Sur les sujets de fond, je n’avais jamais vu mon frère se hâter inutilement, là où moi j’avais une certaine tendance à expédier -ce qui était souvent synonyme de fuite, admettons le.

Tout comme il m’avait laissé m’exprimer, je le laissai parler sans l’interrompre même si l’envie de lui couper la parole pour le contredire était vive par moment. Dans le fond, je comprenais son opinion, j’avais globalement la même à son égard. Je serrai mes doigts sur les siens à défaut de lui répondre… Je souris au surnom affectueux dont il ne m’affublait pas si souvent, pour mieux me redresser et contracter ma main à la suite de ses dires, comme s’il m’avait donné un léger court jus.

- Tellement ? N’exagère pas...

Protestai-je dans un murmure. Ce n’était pas une contradiction véhémente, juste… une légère correction. J’avais plutôt l’impression du contraire, moi. D’être celui qui subissait et que l’on sauvait, d’être celui qui fuyait et que l’on rattrapait. J’étais à peu près en accord avec cet aspect de moi mais… Je ne pouvais pas le laisser me dorer un blason que je ne méritais pas. Il avait toujours tendance à être trop tolérant et trop favorable à mon sujet. Lorsqu’il glissa sa main sur ma joue, je la recouvris de la mienne, l’emprisonnant là pour qu’elle n’en bouge pas tout de suite, fermant un instant les yeux et puisant dans son énergie pour la suite de la discussion. Kartane n’était pas un homme facile à contredire, pourtant c’était bien ce que je m’apprétais à faire.

Comme s’il l’avait compris, il me coupa l’herbe sous le pied en m’adressant une question que je n’avais pas envie de me poser moi-même. Je pinçai les lèvres dans un “tu fais chier avec ta question” silencieux. J’en connaissais la réponse, je n’avais même pas besoin d’y dédier la moindre seconde de réflexion pour la ressentir.

- Non.

répondis-je à contre cœur dans un froncement de sourcils.

- Bien sûr que non. Les souvenirs, même les mauvais, ils nous construisent autant que les bons. Peut être plus.

Je n’allais pas lui mentir à ce sujet. D’abord parce que j’en étais bien incapable, mais surtout parce que je n’en avais pas la moindre envie. J’avais toujours été honnête avec lui, c’était la fondation même de notre relation. Et surtout, et contrairement à ce que lui-même semblait penser, ce n’était pour moi pas ce qui devait le plus influencer ma décision, quelle qu’elle soit.

- Mais ca ne veut pas dire que ce n’est pas la bonne chose à faire.

Je retirai ma main des siennes d’un geste rapide mais doux, matérialisant bien malgré moi mon avis probablement contraire au sien. Nous avions beau nous aimer profondément, nous n’étions pas toujours d’accord pour autant. Au contraire, c’était peut être parce que nous avions cet amour inconditionnel qu’on pouvait se permettre d’échanger nos avis sans filtre et sans détour. Je remuai sur ma chaise pour me pencher en avant, venant poser ma main sur son avant-bras.

- Kartane, s’il t’arrivait quelque chose, je ne m’en remettrais juste pas. Alors si ce quelque chose était ne serait-ce qu’un peu de ma faute… Évidemment que je me tiendrais responsable. Au moins en partie.

Contrairement à lui, j’interpelai très rarement mes interlocuteurs par leur prénom complet. J’étais plutôt un adepte des petits surnoms, ridicules de préférence. Mais c’était un moyen comme un autre de lui faire savoir que j’avais déjà très sérieusement réfléchi au sujet, et ma demande aujourd’hui résultait d’une introspection somme toute assez aboutie. Oui, je lui avais demandé son avis, parce que j’avais besoin de savoir ce que lui-même avait sur le coeur mais… Ca restait un avis subjectif. Et il y avait bien une chose sur laquelle on ne tomberait jamais d’accord : le fameux “au détriment de mon bien être”, comme il l’évoquait. Si mon sens du sacrifice était à mes yeux ma plus précieuse qualité, Kartane ne manquait pas de régulièrement me poussait à l’inverse.

- Tu l’as dit toi-même. Ce qui t’affecte m’affecte. Je ne laisserai rien, et certainement personne te faire du mal si c’est en mon pouvoir de l’empêcher. Et ça, mon frère, ce ne sont pas les conséquences de tes choix. C’est mon choix à moi.

Je ponctuai ma phrase d’un sourire, déjà un peu plus authentique, alors que je tendais la main pour venir glisser mon index sous son menton en une caresse tendre. Finalement, et contre toute attente, je me sentais un peu mieux, comme en paix avec moi-même, simplement en lui ayant ouvert mon coeur. Ah… il opérait vraiment des miracles sur moi. Le sujet n’en restait pas moins grave, et critique. Mais le poids sur mes épaules s’était un peu allégé. C’était ça, la magie de tout partager avec quelqu’un : c’était porter sa croix à deux, et plus seul.
Mes lèvres s’étirèrent encore un peu plus, en un sourire d’excuse qui voulait dire « désolé d’être une tête de mule ».

- Et donc… une idée de mage compétent et de confiance ?

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Daimon Weiss
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Daimon Weiss
Mer 23 Juin - 20:11

Know the water is sweet but blood is thicker


La gestuelle du corps exprimait parfois bien plus de choses que des paroles. Kartane avait appris à y être attentif dès son adolescence, pas pour se protéger ou anticiper les menaces, mais bel et bien par inquiétude pour Daimon et pour Nisha. Il redoutait de découvrir un jour des failles dont il n’aurait pas soupçonné l’existence, des failles qu’il n’aurait rien fait pour tenter de combler. Alors, il s’était mis à lire entre les lignes. Quelque part, il l’avait en fait toujours fait, simplement, il n’en avait pas réellement conscience avant ça. Toujours était-il qu’il savait interpréter la plupart des réactions de son frère, même celles qu’il faisait sans y penser. Pourtant, n’importe qui aurait réussi à décrypter l’angoisse et la nervosité du blond sans avoir besoin de le connaître. Il suffisait de voir le traitement qu’il infligeait à ses lèvres pour le deviner, et ses mains crispées en témoignaient tout autant. Kartane ne possédait pas le don de l’apaiser ou de prendre sur lui le poids qui pesait sur les épaules de son frère, en revanche ça ne signifiait pas qu’il ne pouvait rien faire. De toute façon, il était hors de question qu’il renonce avant même d’avoir essayé et, même s’il ne parvenait pas à détendre Daimon, ça ne l’empêchait de donner son avis. Il s'appliqua donc à commencer à répondre et ne fut pas étonné de voir son interlocuteur le contredire dans un souffle.

Kartane ne se donna pas la peine de répliquer. Il aurait pu. Il avait une liste démesurément longue de raisons qui auraient étayé son affirmation. Le blond était son cousin, son meilleur ami, son frère, son âme sœur de cœur à défaut d’être celle que le Karma avait choisie pour lui, sa lumière et sa motivation. Sa présence l’avait nourri, l’avait poussé en avant et fait de lui ce qu’il était aujourd’hui. Et même si la plupart des gens auraient pu croire, de l’extérieur, que le Roi était le pilier dans leur relation, il n’en était rien. Le brun s’appuyait tout autant sur lui que l’inverse. Après tout, Daimon avait veillé sur lui si longtemps et si fort… Il avait affronté sa mère, son père même, parfois, la cruauté de leur famille et les humiliations. Alors non, Kartane n’exagérait pas. Il pensait chacun de ses mots, même ceux qu’il ne disait pas parce qu’il n’en avait pas besoin. Ce fut pour ça qu’il se contenta de plonger son regard inébranlable dans les yeux verts qui lui faisaient face, tranquillement assuré tandis qu’un minuscule sourire venait soulever le coin de sa bouche.

Alors qu’il arrivait aux sujets épineux, sa main vint effleurer avec tendresse la joue du pompier, caressant sa peau lorsque les doigts de ce dernier se refermèrent sur elle. Ce contact chaud le poussa à poser sa question. Bien sûr qu’il voulait apaiser son frère et l’aider à aller mieux, cependant… pas à n’importe quel prix. Certaines choses étaient trop précieuses, trop importantes pour être sacrifiées. Lui effacer ses souvenirs… ce serait immuable et il ignorait les effets que ça aurait. Quand bien même ils restaient terribles et créaient des démons dans le cœur du blond, ils l’avaient construit. On n’effaçait pas d’une fondation des briques sans en altérer l’architecture. Pourtant, si Daimon lui assurait qu’il s’agissait là de ce qu’il voulait… il l’accepterait. Cette décision ne lui appartenait pas. Il pouvait simplement être honnête avec lui et partager son point de vue. Il fut toutefois rassuré d’entendre la réponse à son interrogation. Il se permit de fermer les yeux de soulagement l’espace d’une seconde. Ils étaient encore clos lorsque la voix de son interlocuteur reprit. La chaleur sur sa main disparut et Kartane baissa la sienne pour la poser sur les genoux du blond, rouvrant les yeux pour l’écouter.

Il n’aimait pas cette phrase. “La bonne chose à faire.” Ces cinq petits mots étaient lourds de sens et de sous-entendus. Ils portaient tellement en eux. L’incertitude, tout d’abord, parce qu’il n’existait aucune façon de savoir quelle voie était meilleure qu’une autre. Paradoxalement, il y avait aussi la détermination sous-jacente. “La bonne chose à faire.” Celle que l’on voulait faire. Celle qu’on ne regretterait pas. Le choix de Daimon. Et en arrière-plan, très au fond, il y avait les conséquences de ces mots. Les sacrifices. Tout ce qu’ils impliquaient. C’était ça, plus que tout le reste, qui assombrissait le tableau.

- La bonne chose à faire est celle que tu ne regretteras pas. Si ton choix est contraire à tes envies, tu finiras par en éprouver de l’amertume… un jour ou l’autre.

Il se tut, conscient que le blond n’en avait pas terminé et hocha lentement la tête à la suite de ses propos, son regard se teintant de tendresse en entendant son prénom entre les lèvres de son interlocuteur. Il avait toujours aimé les intonations qu’il insufflait dans ces quelques syllabes, a fortiori parce que ça n’arrivait pas souvent. C’était comme une mélodie rare qu’il fallait savourer. Pourtant, il y avait plus important. Bien sûr qu’il comprenait son frère. Il ressentait la même chose et il ne pouvait pas lui interdire d'éprouver ce sentiment, précisément parce qu’il l’aimait et qu’il faisait partie de Daimon. Jamais il ne voudrait effacer ça. Il sut donc qu’il avait perdu. Le reste de ses paroles ne fit que le confirmer. Les épaules se Kartane se relâchèrent imperceptiblement tandis qu’un voile de résignation nimbait son regard, accompagnant l’affection qui s’y reflétait. Il esquissa un sourire. Il ne pouvait pas lutter contre certains arguments. Les choix de Daimon lui appartenaient. S’il les faisait en son âme et conscience… alors il n’avait pas à les brider. Ses décisions avaient été trop souvent piétinées, sa liberté trop bafouée pour qu’il l’entrave à son tour et, plus que ça, il respectait sa volonté.

- Tu sais bien que je ne peux rien te refuser, quand tu m’appelles comme ça… souffla-t-il à mi-voix.

Il soupira calmement, se redressant pour faire quelques pas alors qu’il laissait traîner ses doigts sur le plateau de la table.

- Très bien, reprit-il un peu plus fort en se tournant vers lui. Mais il existe certainement d’autres solutions que t’effacer la mémoire. Probablement un verrouillage de certains souvenirs, ou quelque chose qui s’en approcherait.

Le brun s’approcha à nouveau de Daimon et passa son doigt sous son menton.

- J’aimerais avoir ta promesse que tu ne toucheras pas à ta mémoire avant d’avoir tout essayé.

Il fixa un instant son frère, laissant les mots flotter entre eux, écartant délibérément la question qu’il lui avait posée. Il y répondrait. Il répondait toujours aux demandes du blond, à qui il accordait beaucoup trop d’importance pour le laisser dans le flou. Cependant, il y avait autre chose qu’il se devait d’évoquer avec lui avant de réfléchir aux tenants et aux aboutissants de la raison de sa présence, à savoir trouver un mage capable de l’empêcher de parler. Autre chose qui réveillerait certainement la tension de Daimon. Une chose qui tournait et retournait dans sa tête depuis des mois sans qu’il ne trouve de conclusion satisfaisante. Et cette chose, c’était justement ce qui les menait tous les deux à avoir cette discussion.

- Daimon…

Après quelques secondes de silence, Kartane s’appuya contre la table et croisa les bras, un léger pli barrant son front. Ses lèvres se pincèrent pour former une ligne fine tandis qu’il ressassait les mots qu’il s’apprêtait à prononcer.

- Je ne suis pas certain que Vegas soit vraiment notre ennemie. La traiter comme telle la conduira peut-être à le devenir… Mais tu la connais mieux que moi.

Il se décolla du plateau de bois pour combler la distance qui le séparait de son frère et il prit délicatement son visage en coupe pour visser son regard dans le sien, l’empêchant de le détourner ou de fuir. D’un ton ferme mais conciliant, il continua :

- N’écoute pas tes doutes. J’ai besoin de ton avis, de ton véritable avis. Dis-moi, est-ce que selon toi... nous devrions traiter Vegas comme une ennemie ?

Si Kartane s’était toujours méfié d’elle, son statut d’âme sœur de Daimon l’avait jusque-là empêché d’agir avec elle comme avec une opposante. Il avait repoussé le moment de prendre une décision définitive mais il savait depuis des mois qu’il devrait un jour faire un choix. Seulement, ce choix, pour cette fois… il ne pouvait pas le faire seul.


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Kartane Weiss
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Kartane Weiss
Mar 20 Juil - 16:17


If the sky comes falling down, for you, there's nothing in this world I wouldn't do Kartane & Daimon 15/04



Le fait que Kartane ne réplique rien à mon argumentation n’avait rien de bien surprenant. Nous n’étions pas toujours d’accord sur tout, mais lorsque nos avis divergeaient, il n’avait jamais été homme à forcer son opinion sur la mienne, au contraire. Il écoutait, il s’exprimait, et si d’aventures nous n’arrivions pas à converger vers une conviction ou une décision commune, nous avions suffisamment d’estime, de respect, de maturité, et d’amour l’un pour l’autre pour l’accepter. C’était sans nul doute l’une de nos principales forces. Le concept de diviser pour mieux régner ne pouvait, de fait, pas fonctionner avec nous. Ce que la majorité des gens avaient compris… Vegas étant comme trop souvent l’exception qui confirmait la règle.

Vegas… J’aurais bien dit qu’elle était la rose épineuse de la famille, mais quand on vient d’une famille qui est un amas de ronces, une rose épineuse est une mince affaire. Non Vegas, c’était plutôt la plante carnivore des Weiss, en ce moment. Une plante carnivore assoiffée de sang. Plus particulièrement, du sang de Kartane, ce qui expliquait pourquoi le sujet me turlupinait autant. Je n’étais de manière générale pas en faveur de l’acharnement dont pouvait faire preuve certains membres de notre maudite famille, mais quand l’acharnement en question touchait en plus Kartane… J’avais tendance à sortir les crocs. Même si pour le coup, c’était une approche exceptionnellement pacifiste que j’explorais. Alors certes, je ne garantissais pas un coup de mâchoire perdu lorsque je serais face à la venimeuse rousse, mais au moins j’assurais nos arrières avec un plan un peu plus cérébral. Je me connaissais un peu trop bien, je savais que dans le feu de l’action, je pouvais démarrer des incendies indésirés.

C’était ainsi que j’avais déroulé mon fil de pensée à Kartane, recueillant ses impressions tout en partageant en toute transparence le fin fond de ma pensée.

- Ca tombe bien alors, parce que je sais déjà qu’affronter Vegas sans précaution préalable, c’est précisément ce que je regretterai.

Répondis-je doucement, recouvrant sa main de la mienne alors que j’utilisais ses propres arguments contre ce qui semblait être son option de prédilection. Ne rien faire, c’était impensable. Restait à savoir quoi faire, et cette décision là n’était pas des plus faciles, car les possibilités semblaient pour le moment limitées. J’étais certain que si Kartane avait une autre corde à son arc, une corde moins définitive et destructrice, il me l’aurait déjà proposée. Mais le dilemme était là : les alternatives étaient limitées. L’une, celle de ne rien faire à part peut être croiser très fort les doigts, était d’entrée de jeu écartée, car porteuse de regrets à coup sûr. Restait l’autre. Rien qu’au langage corporel de Kartane, je sus qu’il avait compris que je ne me laisserais pas convaincre.

Un sourire se dessina à nouveau sur mon visage à son commentaire. D’avoir vocalisé tout ce que j’avais sur le coeur, d’avoir reçu son écoute et sa bienveillance, je me sentais déjà un peu délesté de ce fardeau.

- Ah oui ? Rien du tout ? Faudra que je le fasse plus souvent alors, je prends bonne note...

Le taquinai-je, me reculant dans mon siège alors qu’il se redressait pour s’éloigner. J’attendais le mais. Voir mon frère capituler n’était pas exactement chose rare -nous étions tous les deux déterminés de nature, ce qui était la manière flatteuse de dire que nous pouvions être têtus- mais cela s’accompagnait généralement d’une condition, qu’importe sa forme. Son soupir m’indique que la fameuse n’allait pas tarder à arriver, et je le suivis patiemment des yeux, dans l’expectative.

Il revint vers moi, glissant son index sous mon menton alors que je redressai docilement la tête pour accompagner son geste, un sourire s’étirant sur mes lèvres. La voilà la condition.

- Tu es dur en affaire.

Fis-je remarquer, pas surpris, juste attendri de le voir toujours si protecteur des choses qui m’étaient chères, en l'occurrence mes souvenirs. J’attrapai avec délicatesse la main qu’il avait glissé sous mon menton, la retournant doucement pour la ramener à mes lèvres et y déposer un baise-main aussi sophistiqué dans l’apparence qu’il n’était simple et pur dans la signification.

- Promis, mon frère. Je me ferai cobaye de mage avant de me faire amnésique.

Je n’avais pu retenir la touche d’humour, c’était plus fort que moi, mais Kartane me connaissait par coeur et savait déjà que ce n’était pas parce que je me permettais une touche de plaisanterie que je ne prenais pas le sujet au sérieux, ou que je n’y mettais pas tout mon engagement. Au contraire.

Mais si je pensais en avoir fini avec les sujets critiques, j’étais bien naïf. Mon prénom retentit dans le silence qui venait de se réinstaller, et rien qu’à son ton, je savais que le sujet qui allait être abordé était grave. Je l’accueillis par un léger infléchissement des sourcils, pour lui signaler que j’étais tout à son écoute. Il se redressa, croisa les bras, les traits de son visage venant trahir la contrariété autant que la position de son corps. Je n’avais pas l’habitude de le voir se positionner ainsi. Les bras croisés trahissaient généralement une volonté de se fermer à l’autre, ou à la conversation, tout l’inverse de ce que Kartane faisait habituellement, et ce détail m’interpela. La suite ne fit que renforcer cette impression, mais je ne dis rien, me contentant de l’observer avec minutie jusqu’à ce qu’il ne pose ses mots. Je compris alors instantanément le trouble qui émanait de tout son être. Toujours la plante carnivore. Ou plutôt la marionnettiste derrière.

Je fus un peu surpris de le voir m’emprisonner le visage alors qu’il déroulait la question qu’il avait sur le coeur. Etais-je du genre à fuir lorsqu’on parlait de mon âme soeur ? C’était possible. Pas volontairement. Je n’avais jamais la volonté de cacher quoique ce soit à Kartane… Mais le sujet était pour sûr litigieux par nature, et il était possible que j’ai trop souvent recours à la fuite de manière inconscience. Comme un réflexe de protection. Mais cette fois-ci, parce qu’il en avait sans nul doute besoin, je ne me défilai pas, plantant mes yeux dans les siens. Je n’avais même pas besoin d’accorder de réflexion à cette question. La réponse était déjà gravée au fond de mes entrailles. Il n’y avait qu’à la lire à haute voix.

- Vegas n’est pas l’ennemi, elle n’est que l’outil. Mais un outil diablement efficace manié par le bon stratège.

Ma voix était dure à l’évocation pourtant non nominale de Darcy. Darcy. Sans aller jusqu’à dire qu’elle était responsable de toute la misère du monde, elle était pour sûre responsable de celle de Vegas et, dans une moindre mesure, de certains d’entre nous. J’avais pour cet Eidolon un mépris considérable qui flirtait de près avec la haine. Et c’était d’ailleurs réciproque, Darcy ne s’en cachait aucunement. La guerre froide était déclarée depuis quelques temps déjà entre nous, et le terrain Vegas était plutôt aux mains de l’ennemi pour le moment.

Ce fut d’un ton inhabituellement inclément que j’ajoutais, mes prunelles toujours aux prises de celles de Kartane même si mes pensées avaient quelque peu dérivé.

- Donc soit on brise l’outil, le stratège tombe avec. Soit on brise le stratège, et on libère l’outil. Mais j’ignore à quel prix.

Perdre son Eidolon était, si on en croyait ce qui s’en disait, une déchirure à l’âme. Ce qu’il resterait d’une Vegas à qui on aurait arraché Darcy ? Je ne pouvais qu’imaginer le pire. Mais ce qu’il resterait d’une Vegas lentement consumée par la haine de son guide spirituel ? Je n’y voyais rien de bien prometteur non plus…

- Tu connais mon avis sur le sujet. Je suis fatigué de voir les mauvaises personnes payer pour les vrais coupables.

Une conviction que nous partagions tous les deux, et qui avait un écho tout particulier dans nos coeurs du fait de notre passif commun.

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