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Stairway to the Sky - Kartane Weiss [Karma Interdit]

 :: Chesscross :: Quartier de la Sourcière :: Quartier résidentiel :: Cimetière
Sam 3 Avr - 15:04

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Stairway to the Sky


Le 4 avril 2021

Pourquoi autant de gens s’étaient-ils déplacés ? Alors que le regard de Parker parcourait l’assemblée, la question revenait, encore. Elle ne comprenait pas. Qui étaient-ils ? Bien sûr, il y avait les membres de la meute, jusque-là, rien d’anormal. Quelques connaissances de son père, certaines de Dave aussi, qu’elle reconnaissait, d’autres qu’elle n’avait jamais vu mais qui, à en juger par leurs propos, les connaissaient bien. Ses proches, qui étaient là pour la soutenir, et elle leur en était reconnaissante pour ça. Puis il y avait les autres, ceux qu’elle n’avait jamais vu, dont elle n’avait jamais entendu parler, mais qui avaient pleuré comme s’ils venaient de perdre un être cher. Tous des menteurs. Venus par convenance, curiosité, ou pour grapiller quelques informations. Elle avait même repéré des journalistes dans l’assemblée, mais ils avaient été mis dehors rapidement. La présence de tous ces vautours suffisait à énerver l’ourse. Ou plutôt l’alpha, puisque tel était son rôle à présent, quand bien même elle n’en voulait pas à cet instant. C’était déjà suffisamment déchirant d’enterrer les deux hommes qui l’avaient élevée, de faire ses adieux, sans qu’en plus on exige d’elle plus qu’elle ne pouvait donner.

Faire ses adieux… ça lui semblait tellement abstrait. Elle ne comprenait pas que ça puisse rendre leur perte moins douloureuse, comme on lui avait pourtant répété. En vérité, elle ne réalisait pas vraiment ce qui se passait, elle se sentait comme déconnectée, surtout avec tous ces regards braqués sur elle, qui attendaient qu’elle montre la marche à suivre. Merde ! Ce n’était qu’une jeune femme de 24 ans, elle ne savait pas quoi faire, elle ! Elle se fichait bien de ce qu’on attendait d’elle ! Depuis cinq jours, elle n’arrivait pas à se défaire de cette impression d’être en plein cauchemar, que bientôt, peut-être, elle se fera réveiller par son père qui la taquinera sur l’heure qu’il est, comme à son habitude, mais non, ça n’arrivera plus jamais ! Un sentiment familier de désespoir s’empara d’elle sans prévenir et elle détourna le regard pour se concentrer sur autre chose. Surtout ne pas montrer ses faiblesses, ce n’était pas le moment de pleurer, pas alors qu’elle était loin d’être seule, pas alors qu’elle avait passé la nuit à ça et que ses yeux étaient secs, pas alors que son attitude était analysée, décortiquée, et jugée. Tout ça parce que, qu’elle le veuille ou non, il s’agissait de sa première apparition « publique » en tant qu’alpha et que beaucoup attendaient qu’elle fasse un faux pas.

Près d’elle se tenait Lya, sa meilleure amie, toujours là pour la soutenir, sur qui elle a toujours pu compter, cette jolie blonde qui était comme une sœur pour elle et sur qui elle concentra son attention. Quand cette dernière remarqua qu’elle l’observait, elle lui adressa un faible sourire, pour l’encourager, mais Parker n’était pas dupe. Elle voyait bien ses yeux bouffis et rougis par les larmes, elle savait bien que son amie souffrait de cette perte, et elle savait aussi que son attitude, ces derniers jours, l’avait sûrement blessée. Oui mais voilà, Parker n’avait pas été en état de voir qui que ce soit. Elle n’était sortie de sa chambre que pour préparer les obsèques et s’était retrouvée face à des questions qu’elle souhaitait ne jamais revoir. Quelle sorte de bois pour le cercueil, quelle couleur pour le marbre, quel type de cérémonie, combien d’invités, quelles fleurs, combien de discours, par qui, le choix de la musique… tout ça avait été beaucoup trop. Trop de choix à faire, trop de questions parasites, trop d’informations en même temps, trop de responsabilité d’un coup. On avait attendu d’elle qu’elle fasse un discours, qu’elle résume la vie de ces deux hommes qu’elle aimait plus que tout, elle en avait été incapable. En réalité, elle avait à peine prononcé quelques mots depuis le début la journée.

La cérémonie était terminée, mais on ne lui avait pas laissé le temps de se recueillir sur ces tombes fraîches, couvertes de fleurs, dont le marbre n’avait pas encore été installé à cause des délais de fabrication. Elle avait dû suivre le mouvement, pour se retrouver au milieu de cette réunion informelle, où tous les invités se massaient autour d’un buffet. Comment était-elle supposée manger alors que son monde n’avait plus aucun sens ? Que l’appétit avait déserté depuis des jours déjà et que la simple présence d’inconnus lui retournait l’estomac ? Plus le temps passait et moins elle se sentait à sa place au milieu de tous ces gens. Elle avait l’impression d’étouffer, de suffoquer, comme si son sang s’était mis à bouillir dans ses veines et qu’un élémentaire d’air avait décidé de vider la salle de son oxygène.

Cette petite « fête », ce n’était pas elle qui l’avait organisée, encore moins prévue. La mère de Lya s’en était chargé, avec d’autres membres de la meute, parce que si ça n’avait tenu qu’à elle, ça n’aurait jamais eu lieu. Était-elle obligée de rester au milieu de ces hypocrites pour autant ? Il fallait croire que oui vu le nombre de personne qui venait vers elle, mais elle n’en pouvait juste plus. Qu’on lui fiche la paix ! C’était tout ce qu’elle souhaitait. Au lieu de ça, elle avait dû se lever, se doucher, s’habiller et en mettant les vêtements qu’on avait choisi pour elle, elle avait eu l’impression d’enfiler un costume. Cette femme dans ce blazer noir, avec un chemisier tout aussi noir, un pantalon sombre et une paire de converse, ce n’était pas elle. D’ailleurs, pourquoi tout le monde s’habillait en noir pour les enterrements ? Pour montrer un chagrin que la plupart ne ressentait pas ?! Son père préférait la couleur lui… C’était encore un de ces clichés stupide, comme la pluie, toujours au rendez-vous dans les films ! Alors que là, un timide soleil d’avril brillait et qu’on entendait les oiseaux gazouiller par les portes ouvertes. En voyant une énième personne essayer de se frayer un chemin vers elle, Parker craqua. C’était la goutte de trop, le signal qu’elle devait prendre la tangente avant d’exploser. Alors elle se glissa hors de la salle, à travers l’une des portes ouvertes et se retrouva dans un petit jardin qu’elle ne connaissait pas.

Elle ne savait même pas où elle était bon sang ! Elle avança de quelques pas, pour s’éloigner de la porte et être hors de portée de vue. Elle se retrouva derrière un arbre mais, inquiète, elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule pour s’assurer qu’on ne l’avait pas suivi. Ses yeux se posèrent ainsi sur un chevalet qui annonçait les obsèques de Dave Norrington et Peter Brent, avec en-dessous, une photo d’eux. Sur laquelle ils souriaient, heureux, affichant une complicité évidente. Eux, qui l’avaient abandonnée et laissée derrière, dans un monde cruel alors qu’elle n’était pas sûre d’avoir les armes nécessaires pour s’en sortir seule. Seule… Elle leur en voulait pour ça ! Certes, ils n’avaient pas choisi de mourir mais le résultat était le même. Elle était seule ! Perdue ! Malheureuse ! Et elle ne savait pas quoi faire ! Elle voulait se reposer sur son père, comme elle le faisait jusque-là, elle voulait partager ses doutes et ses craintes avec Dave, qu’elle considérait comme un oncle, mais elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait plus. Et une part d’elle les détestait pour ça. Une part d’elle se détestait pour ça. Elle ne savait pas quoi faire de ce désespoir qui s’agitait en elle depuis des jours, de cette rage qui la consumait quand elle ne s’y attendait pas, de ce sentiment d’injustice qui lui tordait le ventre. Encore moins aujourd’hui, où ces sentiments étaient plus forts. Son poing droit s’abattit violemment sur l’arbre en face d’elle une première fois. Quand il repartit la seconde suivante, elle y concentra tout ce mélange d’émotions négatives qu’elle ressentait. Peut-être était-ce seulement son imagination, ou un contre-coup de la douleur, mais elle se sentit moins accablée après ça, plus vide aussi. Sans réfléchir, elle recommença, parce qu’elle ne savait pas quoi faire d’autres. Parce que c’était le seul moyen qu’elle avait pour se débarrasser de tout ça. Son poing nu s’écorcha de nouveau contre l’écorce. Encore. Et encore. Et encore. Alors que des larmes silencieuses lui brouillaient la vue.
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Parker Brent
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Parker Brent
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Parker Brent
Sam 3 Avr - 20:10

Stairway to the sky

4 avril 2021

Parker Brent n’avait pas fait de discours pour commémorer les vies de Dave Norrington et Peter Brent. La désapprobation générale et le désappointement des journalistes n’étaient pas compliqués à ressentir. Chez certains, les regards se faisaient plus sombres et le chagrin s’éloignait déjà pour laisser la place aux critiques et aux qu’en-dira-t-on, mais Kartane préférait ne pas y prêter attention, contrairement à son eidolon qui s’appliquait à les mépriser. Il ne se trouvait pas ici pour se frotter encore aux opportunistes ou même leur accorder la moindre importance. Non, il était venu pour rendre un dernier hommage à un alpha qui le méritait et à son bêta, emporté avec lui. Il ne les connaissait pas bien, même s’il avait déjà pu les rencontrer, mais il éprouvait du respect pour ces hommes dont il avait eu des échos. Aussi, lorsqu’il avait reçu l’invitation officielle qui le conviait aux funérailles, il ne lui avait pas fallu longtemps pour prendre sa décision.

Alors que chacun patientait pour présenter son dernier adieu aux défunts, Kartane laissa errer son regard parmi la petite foule massée dans le cimetière autour des deux tombes encore ouvertes, sur lesquels des pétales de fleurs étaient lancés. Ses yeux s’arrêtèrent sur Parker Brent. La fameuse demoiselle qui n’avait pas pris la parole quand tout le monde attendait avec une impatience déplacée qu’elle ouvre la bouche. Elle portait un costume noir qui lui donnait un air sévère et élégant qu’elle n’avait, de toute évidence, pas l’habitude d’arborer. Le poid du chagrin la rendait raide et ses prunelles noires fixaient un point invisible pour les autres, probablement sa peine ou ses souvenirs. Elle ne pleurait pas. Certains chuchotaient, à côté de lui, qu’elle ne devait pas avoir de cœur. Ces réflexions firent naître une ombre de sourire amer sur les lèvres du Weiss. Ces personnes n’avaient jamais eu à pleurer un proche. Elles ignoraient ce qu’était la douleur, celle qui allait au-delà des larmes. Les journalistes et les commères qui attendaient avec tant d’avidité qu’elle fasse sa première apparition en public un jour comme celui-ci et qui critiquaient son silence, pourtant compréhensible, oubliaient manifestement qui étaient les vraies ordures, ici.

Il resta en retrait le temps que toute la foule passe devant les cercueils, écoutant les quelques commentaires que Gio glissait parfois. Lui-même préférait rendre son dernier hommage en toute intimité, une fois que tous les gens se seraient éloignés, loin des reporters qui surveillaient ses moindres faits et gestes et qu’il avait déjà dû écarter plusieurs fois depuis son arrivée. La plupart commençaient à rejoindre la salle qui se trouvait juste à côté du cimetière et où un buffet était prévu. Les lieux se vidaient peu à peu et le calme revenait.

Kartane s’éclipsa en réajustant son foulard. En ce début avril, le léger courant d’air frais faisait du bien et le soleil réchauffait doucement l’atmosphère. Il s’engagea dans une allée déserte, couverte par quelques arbres. Autour de lui, les tombes offraient une compagnie tranquille, teintée de mélancolie. Il n’entendait plus la rumeur des paroles lointaines. Tout le monde avait dû rejoindre la salle, à présent. Néanmoins, il ne s’arrêta pas pour autant, profitant de ce moment de solitude bienvenue : ordinairement, l’unique endroit où il pouvait se promener en toute quiétude était le parc du Manoir. Il passa devant le mausolée de sa famille, débauche de marbre, de dorures et d’architecture finement ouvragée sans même lui accorder un regard. Les Weiss qui comptaient réellement à ses yeux ne dormaient pas ici.

D’une démarche tranquille et assurée, il erra dans le cimetière un moment avant de se décider à retourner auprès de l’endroit où reposaient désormais les anciens alpha et bêta des ursidés. Au détour d’un tombeau, un avertissement de son eidolon le fit ralentir. Un bruit sec et sourd avait retenti, assez proche. Il s’arrêta totalement pour se focaliser sur les alentours. Le son continuait avec la régularité d’un métronome. Il s’avança vers son origine, prudent, Gio en alerte. Le claquement lui semblait parvenir d’un peu plus loin. Ses sens aux aguets, son serpent prêt à intervenir, tendu sous sa chemise ample, il raccourcit ses foulées, se redressant inconsciemment pour parer à tout danger. L’air autour de lui paraissait s’épaissir et se charger de tension. Sans chercher à se cacher, il s’engouffra dans un carré de pelouse pour contourner un mausolée qui lui bloquait la vue. Là, derrière, se trouvait Parker Brent. Parker Brent et un homme qui, lui, désirait manifestement rester discret.

Dos à lui, il tenait un smartphone et filmait la scène qui se déroulait devant eux. La nouvelle alpha des ursidés tapait et tapait contre un arbre. De là où il se trouvait, Kartane ne distinguait pas ses larmes, mais son expression ne laissait aucun doute quant au fait que, si elle n’avait pas pleuré devant la foule, elle relâchait à présent la peine qu’elle avait gardée pour elle. Il s’agissait d’un tableau intime. Inviolable. Un tableau mutilé par la présence d’un intrus mal intentionné.

Les yeux de Kartane se braquèrent vers le journaliste qui filmait. Si son regard pouvait paraitre tranquille, voire endormi, la lueur glaciale et menaçante qui miroitait au fond de ses prunelles promettait la peur. Alors qu’il n’était plus qu’à quelques centimètres du parasite, ce dernier réalisa brusquement que quelqu’un se trouvait derrière lui. Il se retourna dans un sursaut et son visage s’anima un instant d’une curiosité malsaine, comme si la présence du Roi en ces lieux lui assurait le scoop de l’année. Kartane ne lui laissa cependant pas le loisir de réagir. Sans le quitter des yeux, il leva la main lentement, inéluctablement, jusqu’à la poser sur le portable.

- Hé mais v…

La protestation de l’homme mourut dans sa gorge alors que ses prunelles restaient prisonnières de celles du Weiss. Celui-ci n’eut même pas à forcer pour prendre des mains le téléphone qui filmait toujours. Il baissa les yeux sur le smartphone, interrompit l’enregistrement et, d’un mouvement nonchalant, supprima tout le contenu du dossier images. L’homme ouvrit la bouche pour signifier son mécontentement, parfaitement lisible sur son visage. La crainte et l’intimidation se mélangeaient à l’avidité et à la révolte. La révolte... La bouche du brun se releva en un sourire doucereux, presque sensuel qui tranchait abruptement avec l’éclat froid de son regard. Dans un coin de sa tête, il pouvait sentir Gio qui l’encourageait silencieusement à le punir.  La température de l’air paraissait brusquement avoir chuté de plusieurs degrés et le long frisson qui courut le long de l’échine de l’importun n’échappa pas à Kartane. Le journaliste dû sentir ce qu’il risquait car il préféra bafouiller d’une voix étranglée :

- Je… Je n’ai rien de plus. Je ne raconterai rien. Je ne raconterai rien, je vous assure !

Il leva les mains, les yeux exorbités derrière ses lunettes rectangulaires aux montants épais et voulut reculer, trébucha, se figea. Le Roi réduisit la distance qui les séparait d’un pas et se pencha vers lui jusqu'à ce que leurs visages ne soient plus qu’à quelques centimètres.

- Oh non, susurra-t-il d’un ton à la fois polaire et sirupeux qui ne souffrait aucune réponse. Tu ne raconteras rien, non.

Il plaqua le téléphone contre la poitrine de l’homme sans expliciter davantage. Il n’en avait pas besoin. L’aura lourde et menaçante qui flottait dans l’air comme une chape de glace parlait pour lui. Le journaliste rattrapa de justesse le portable et décampa sans demander son reste. Kartane l’observa s’éloigner, ne détachant son regard de sa silhouette que lorsque celle-ci disparut au détour d’une allée. Ensuite seulement, il se tourna pour faire face à Parker Brent, à quelques pas de lui, plongeant ses yeux dans les siens. Il n’y restait aucune trace de larmes.

- Je vous présente tout mon soutien, Parker Brent, pour l’épreuve que vous traversez, déclara-t-il doucement à mi-voix sans la quitter du regard.


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Kartane Weiss
Dim 4 Avr - 17:45

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Stairway to the Sky


Ses poings percutaient l’écorce à tour de rôle, inlassablement, en rythme, alors que la respiration de Parker restait régulière. Des larmes coulaient sur son visage, mais elle en avait à peine conscience. En fait, elle n’avait conscience de rien d’autre que cet arbre contre lequel elle cognait, implacablement. A travers ce geste, elle laissait évacuer son chagrin, sa peine, son désespoir et sa colère, et si ça la soulageait sur le coup, la demoiselle savait très bien qu’elle replongerait dans ce tourbillon dès le soir venu. A vrai dire, elle n’était pas sûre, en cet instant, de pouvoir en sortir durablement un jour. « Il faut laisser le temps faire son œuvre » lui avait-on dit, mais c’était quelque chose d’abstrait quand on avait vingt-quatre ans. Si elle s’était sentie anéantie à la mort de sa grand-mère, ce n’était rien comparé à la situation actuelle. D’un autre côté, à l’époque, elle avait été entourée et soutenue, à présent elle avait perdu son pilier et on la catapultait à la tête d’une meute, sans se soucier de sa capacité à diriger ou non cette dernière.

Concentrée sur les coups qu’elle donnait, l’alpha n’aurait su dire depuis combien de temps elle avait quitté la salle quand le monde extérieur se rappela brusquement à elle, par le biais d’une exclamation surprise. Aussitôt, ses instincts se réveillèrent, ses oreilles furent remplacées par celles d’un ours et ses larmes cessèrent. Elle effaça toutes traces de ces dernières d’un revers de la main tandis qu’elle se tournait vers l’origine du bruit. Non loin d’elle, se tenaient deux hommes, un de dos qui ne lui disait rien et un autre, qu’elle reconnu au premier coup d’œil, qui semblait terrifier le premier. En voyant le Roi – puisqu’il s’agissait de lui – prendre le smartphone de l’inconnu, elle avança de quelques pas, par réflexe, alors qu’un grondement montait en elle, mais elle s’arrêta net. Non ! C’était exactement ce que cherchait cette ordure, elle refusait de lui donner ce qu’il voulait. En plus, Kartane Weiss semblait avoir la situation en main. Elle ignorait ce qu’il faisait là, s’il avait été invité pour les funérailles ou s’il était au cimetière pour une autre raison, mais en cet instant, elle se foutait des raisons de sa présence.

Sans un geste, elle observa l’échange entre les deux hommes, plissant les yeux en voyant le chef des élémentaires adresser un sourire mielleux à son interlocuteur, mais l’alpha ne s’y trompa pas. L’expression qu’il affichait, était pleine de froideur, et son sourire en apparence doux, c’était du poison fait pour intimider le journaliste. Ce qui marcha à merveille à en juger par la façon dont le voyeur reculait en trébuchant. Elle tendit l’oreille pour ne rien perdre de leur échange et s’autorisa à être soulagée en apprenant que celui qui semblait être un journaliste ne dirait rien de ce qu’il avait vu. Le vautour ! Lui et ses collègues n’étaient-ils donc là que pour colporter des rumeurs et salir son nom dans leurs torchons ?! Apparemment oui… Le soulagement fit rapidement place à de l’amertume et du mépris, pour toutes ces ordures venues se repaître de son malheur.

Ses oreilles d’ours disparurent comme elles étaient venues alors que le Roi rendait son téléphone à l’autre homme qui fila, comme un couard, sans demander son reste, sous le regard du Weiss. Même si elle avait beaucoup entendu parler de lui – surtout des rumeurs – c’était la première fois que Parker le rencontrait, aussi en profita-t-elle pour l’observer, puisqu’il était concentré sur autre chose. C’était indéniablement un bel homme, cette réputation-là, il ne l’avait pas volée. De là où elle était, elle distinguait mal ses yeux, mais elle savait qu’ils étaient d’un gris impénétrable et réputés pour déstabiliser les gens qui s’y trouvaient confrontés. Elle avait aussi entendu parler de son look vestimentaire, souvent jugé extravagant et, en effet, il sortait du commun. Il portait un pantalon noir, un peu moiré, recouvert d’arabesques discrètes, une chemise d’un gris sombre sur laquelle il avait mis une sorte de veston – elle ne savait pas trop – noir brodé d’argent, le tout recouvert d’une veste cintrée, qui lui évoquait les films historiques, ainsi qu’un foulard noir, noué autour de son cou. Cet homme sortait du commun, mais pas uniquement à cause de son allure, il dégageait un charisme indéniable et même s’il lui était venu en aide, Parker préférait rester sur ses gardes. Même si elle ne prenait pas les rumeurs pour argent comptant, elle n’était pas naïve au point de croire qu’elles sortaient de nulles part.

Il lui fallut quelques secondes pour se rendre compte qu’elle venait de se faire piéger par ses iris argentées qui ne laissaient rien filtrer de ses émotions. Quelques secondes de plus pour réaliser qu’il avait reporté son attention sur elle et encore quelques secondes pour constater, avec surprise, qu’il savait très bien qui elle était. Ce fut surtout ça, plus que tout le reste, qui la déstabilisa. Etait-elle vraiment passer en l’espace de quelques jours d’un anonymat confortable à une célébrité dont elle ne voulait pas ou savait-il qui elle était avant ça ?

- Merci, le remercia-t-elle d’une voix rauque, avec un temps de retard.

Elle n’arrivait pas à détacher son regard du sien, partant, malgré elle, à la recherche de ce qui se cachait derrière – sans succès. De toute façon, elle était trop épuisée pour y voir clair. Elle parvint à détourner le regard, passant sa main droite abîmée dans les cheveux, alors que la fatigue s’abattait sur elle sans prévenir. Elle était fatiguée de tout ça, elle n’avait pas la force de retourner à l’intérieur pour affronter le regard d’inconnus, même si elle savait qu’elle serait jugée – sévèrement – pour ça. Sauf qu’il faudrait bien qu’elle y retourne, puisqu’elle était venue accompagnée et n’avait pas de moyens de rentrer. Ou plutôt, elle n’avait pas la force de rentrer à pieds ou de prendre le bus. Elle se soucierait de ça plus tard. Elle laissa retomber sa main le long de son corps avant d’esquisser un geste vague vers l’endroit où le salaud était parti.

- Merci pour ça aussi, c’est…gentil… d’être intervenu.

Surtout qu’elle ne se faisait pas d’illusion sur le monde, la plupart des gens auraient laissé faire le journaliste. Sans parler de ceux qui auraient carrément été le voir pour cracher gratuitement leur venin quant bien même ils ne la connaissaient pas.

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Lun 5 Avr - 21:51

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4 avril 2021

La silhouette de Parker qui se découpait dans la clarté de l’après-midi n’échappa pas à Kartane alors même que son regard ne quittait pas les yeux terrifiés du journaliste pris au piège de son propre jeu. Au moment où il repérait la nouvelle alpha, la voix de Gio retentit dans son esprit pour lui signaler qu’elle s’approchait. S’il nota soigneusement cette information, gardant dans un coin de son champ de vision la demoiselle qui s’avançait encore, il n’en laissa rien paraître, toute son attention focalisée sur l’inconscient qui s’était cru malin en violant la vie privée d’autrui. Le Roi connaissait bien mal Parker Brent et il ignorait si elle méritait d’être arrachée aux choux gras de la presse, mais peu lui importait en cet instant. Rien ne le dégoûtait plus que les rats qui remuaient les cendres de la douleur et du chagrin dans l’espoir d’en tirer assez d’étincelles pour provoquer un incendie. Surtout dans de telles circonstances. Il s’assura donc que cette ordure ait décampé loin d’eux avant de se tourner vers la jeune femme endeuillée. Ses prunelles miroitantes en rencontrèrent des plus sombres, noires comme le charbon, qui semblaient hurler un chant d’émotions complexes et enchevêtrées. Révolte et indignation. Confusion et volonté. Tristesse. Souffrance. Et, mêlé à tout ça, au premier plan, un voile franc et décidé couvrait pudiquement le tout. Il n’aurait su dire ce que pensait la brune en cet instant, mais ce regard à la touche de bravache malgré la situation avait un côté envoûtant.

Comme si elle sentait ses barrières vaciller, Parker Brent détourna soudainement la tête pour remettre ses cheveux en place, se soustrayant à ses yeux. Kartane en profita pour la détailler plus minutieusement, à présent qu’il se trouvait juste en face d’elle. Il avait déjà pu le noter de loin, mais elle ne paraissait pas à l’aise dans son blazer strict et sa chemise noire. Son pantalon, tout aussi sombre et sobre, tombait, raide et ample, autour de ses jambes. Aucun bijou, aucun accessoire. L'élégance de sa tenue ne seyait pas à l’aura qui entourait l’alpha : une aura brute, presque farouche, qu’il devinait atténuée par le poids de la perte que la brune avait subi. Une aura d’authenticité, renforcée par ses cheveux lâchés qui s’échappaient en larges mèches folles et bouclées et ses chaussures simples. Ses prunelles s’attardèrent sur les phalanges de la jeune femme, suivant sa main lorsqu’elle retourna sagement se placer le long de son corps. Les coups répétés contre l’écorce de l’arbre avaient mis la peau à rude épreuve et elles saignaient, laissant des plaies à vif jusque sur le dessus de ses doigts. Autant de détails qu’il n’avait pas repérés de loin. Jusqu’à maintenant, en effet, il n’avait pas eu l’occasion de l’approcher. Une horde de personnes, sincères et bien intentionnées ou non, il n’en savait rien - probablement les deux - l’avait entourée, et il avait préféré ne pas rompre ce moment de deuil pour des condoléances qui auraient sonnées creux à ses oreilles.

Il ignorait si le remerciement qu’elle lui avait adressé était une simple marque de politesse mécanique ou s’il venait du cœur, mais il pensait le soutien qu’il lui offrait. A elle de l’accepter ou non, il s’agissait de son choix. Son regard quitta la main qu’il fixait toujours pour revenir se river dans le sien lorsqu’elle reprit la parole. “ça”. Elle évoquait sûrement son altercation - si tant est que l’on pouvait appeler ça une altercation - avec le journaliste. Il ne sut comment interpréter son hésitation, mais loin de lui en vouloir, il se contenta d’effectuer un bref signe de tête d’un geste mesuré, sans la quitter des yeux. Il comprenait très bien qu’on ne pouvait pas deviner les intentions des autres et qu’un comportement qui semblait gentil en apparence se révélait parfois intéressé.

- Je préfère ne pas être remercié pour ça, affirma-t-il à mi-voix.

Son regard dériva vers l’arbre contre lequel elle tapait un peu plus tôt. De là où il se trouvait, il voyait les morceaux d’écorce arrachés au tronc. Celui-ci, ainsi mutilé, présentait sa plaie en silence, mais l’élémentaire ressentait presque son cri. Ignorant son eidolon qui n’avait jamais compris son attachement pour la nature et qui lui transmettait son exaspération teintée d’ennui, Kartane dépassa Parker Brent d’un pas lent et assuré dans le silence du cimetière. En quelques enjambées, il se retrouva face à l’arbre. Des traces de sang s’accrochaient sur le bois et de la sève coulait des larges pans arrachés. Il posa sa main sur l’écorce. Le flux de la vie du végétal s’animait doucement sous ses doigts. Il sentait l’énergie qui abreuvait les branches, faisait pousser les feuilles. Une légère impulsion de son don le fit entrer en symbiose avec l’arbre et lentement, l’écorce se recomposa. En quelques secondes, il n’y avait plus aucune trace des coups de la brune.


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Mer 7 Avr - 20:58

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Stairway to the Sky


Ce fût comme si son corps se réveillait quand elle passa une main dans ses cheveux, machinalement, avant de la ramener contre son flanc. La douleur lui vrilla d’un seul coup les deux mains, conséquences de son acharnement contre un arbre qui n’avait rien demandé. Sans même y faire attention, Parker baissa la tête pour constater l’étendue des dégâts et retint bien mal une grimace. Le soigneur allait râler en la voyant rentrer dans cet état mais qu’importe, un jour comme celui-là, elle ne se priverait pas pour grogner sur quiconque oserait lever la voix contre elle sans raison. Enfin, il y avait bien une raison en l’occurrence, vu la peau à vif et les traces de sang qu’elle avait, mais elle avait connu pire – ou plutôt ses mains parce qu’elle n’avait pas connu pire que la perte de son père – et elle savait qu’une pommade de potioniste arrangerait tout ça facilement. Du coup, son regard ne s’attarda pas outre mesure sur l’état de ses mains pour revenir sur le Roi qui lui faisait face, et qui scrutait à son tour ses blessures. Quelle situation incongrue ! Elle avait encore du mal à y croire. Tomber sur Kartane Weiss, l’homme aux mille rumeurs, à l’enterrement de son père et de Dave ! Et en plus, il lui était venu en aide en faisant fuir un fouineur.  

Le surréalisme de la situation disparut de l’esprit de l’alpha aussitôt qu’elle entendit la réponse du chef des élémentaires à ses remerciements. Quoi ? Elle se retrouva incrédule face à lui, pendant une seconde, peut-être deux, avant que son visage ne se durcisse. Ses mains déjà douloureuses se serrèrent en poing fermés alors qu’elle observait le brun qui détaillait l’arbre avant de tout naturellement s’avancer vers lui, comme si elle ne présentait plus aucun intérêt. C’était quoi cette histoire encore ?! Il préférait ne pas être remercié pour ça ? La brune ne comprenait pas, elle n’arrivait pas à déterminer les raisons de cette réponse et le tout la faisait bouillonner. Sans parler du désintérêt soudain dont elle faisait l’objet. Toute la journée, elle aurait préféré qu’on l’oublie et à présent que ça arrivait, ça l’irritait. Tout ça n’avait aucun sens !

- Pourquoi ? attaqua-t-elle plus hargneuse qu’elle ne l’aurait cru.

Peut-être que c’était une autre forme d’exutoire, peut-être qu’elle avait juste besoin de déverser sur quelqu’un la colère qu’elle ressentait. Elle ne savait pas vraiment, mais les mots avaient quitté sa bouche avant qu’elle ne puisse les contrôler, et c’était presque libérateur. Du coup, la suite s’enchaîna de la même manière.

- T’avais un compte à régler avec lui ? C’est pour ça que tu veux pas que je te remercie ? Ou alors tu estimes peut-être que c’est ton devoir de voler aux secours des « pauvres femmes sans défense » ?! A moins que ce ne soit qu’un putain de stratagème pour te retrouver seul avec moi et te repaître de mon malheur ?!

Sa voix était dure et le ton montait malgré elle, parce qu’elle était incapable de se contrôler en cet instant. Parker fusillait du regard le dos large et musclé du Roi, comme si ça pouvait changer quelque chose. Pourtant, une petite partie d’elle avait pleinement conscience qu’il ne serait pas à cette position aujourd’hui s’il se laissait aussi facilement impressionner. Après tout, il s’agissait du « Sadique » quoi que cela implique – et elle préférait ne pas savoir. Ce n’était pas pour autant qu’elle s’arrêta sur sa lancée. A cet instant, il aurait probablement fallut un méta ou un tank pour la faire taire.

- Excuse-moi mais de là d’où je viens, c’est normal de remercier quelqu’un qui nous vient en aide ! Apparemment, ça l’est pas pour tout le monde !

Sa colère retomba comme elle était venue dès l’instant où le sujet de sa colère se tourna vers elle et qu’elle se retrouva de nouveau prisonnière de ses prunelles miroitantes. Est-ce qu’elle venait vraiment de hurler sur le Roi Weiss ? Il fallait croire qu’elle avait finalement perdu la boule – et bien comme il faut. L’espace d’une étrange seconde de lucidité, elle remercia le Karma que cette scène n’ait pas eu de témoins parce qu’elle était certaine que Daimon se serait bien foutu d’elle s’il avait assisté à tout ça. La seconde suivante, toutes pensées cohérentes et rationnelles disparurent de son esprit. Il ne restait rien d’autre que la stupidité qu’elle ressentait vis-à-vis d’elle-même et le malaise d’avoir passé ses nerfs sur quelqu’un qui n’avait rien demandé. Ça et cet sensation de vide qui ne la quittait plus.  

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Parker Brent
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Jeu 8 Avr - 12:03

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4 avril 2021

Alors qu’il posait délicatement sa main contre la surface de l’arbre, de la même façon que l’on colle sa paume sur le ventre d’un enfant malade pour le réconforter, la question de Parker fusa dans les airs. Abrupte. Directive. Impétueuse. Kartane se figea à peine une demi-seconde, le temps de laisser flotter cette interrogation entre eux et de s’en imprégner, attentif au mécontentement de Gio qui lâcha un grognement irrité dans son esprit. Il n’avait pas besoin de jeter un coup d'œil à la brune pour deviner son expression. Son ton était bien trop transparent. Il rangea sa demande, qui sonnait plus comme une accusation, dans un coin de sa tête pour y revenir une fois son ouvrage terminé et se focalisa sur l’écorce abîmée.

- Laisse-moi la remettre à sa place,
gronda la voix de son eidolon dans sa tête.

- Elle est en plein deuil. Le chagrin brouille le bon sens et tu le sais. Ce n’est pas une raison pour s’en prendre à elle.

Sur ce, le Weiss puisa dans ses ressources et insuffla son énergie au frêne blanc afin de recomposer les pans endommagés de son tronc. Utiliser son don pour entrer en harmonie avec les végétaux avait toujours été un côté de son pouvoir qu’il adorait. Le simple fait d’effleurer une plante ou un arbre pour ressentir son flux de vie l’apaisait aussi sûrement que certaines musiques. Bien sûr, ça ne fonctionnait que lorsqu’il arrivait à se concentrer sur ce qu’il faisait.

Aussi, lorsque Parker Brent, ne le voyant pas réagir, enchaina avec une nouvelle salve de questions âpres et cassantes, s’immobilisa-t-il totalement. Son regard ne se détacha pas pour autant de l’écorce qui continuait à se reconstituer, fixant la sève qui refluait et le bois qui prenait une forme rugueuse de plus en plus compacte. Ses doigts ne bougeaient plus d’un millimètre et son corps entier était aussi immoble que s’il avait été pris dans la glace. Il ne broncha pas davantage quand la jeune femme termina par une exclamation agacée, presque au moment exact où l’arbre finissait de guérir. Kartane vérifia que ce dernier ne portait plus aucune trace des mauvais traitements de la nouvelle alpha, puis seulement, avec lenteur et une nonchalance trompeuse, il se tourna vers son interlocutrice.

Il aurait pu lui expliquer qu’il estimait avoir des comptes à rendre envers chaque personne de ce monde qui outrepassait ses droits en écrasant ceux des autres, ou bien encore qu’il ne se repaissait que du malheur de ceux qui l’avaient eux-mêmes trop répandu autour d’eux, ce qui, de ce qu’il en savait en tout cas, ne semblait pas être le cas de la brune. Il aurait également pu lui signaler que, contrairement à elle, l’arbre qu’elle avait détérioré ne pouvait pas prendre l’initiative d’aller se faire soigner et qu’il n’était capable que de cicatriser, chose qui demandait un temps considérable et beaucoup d’énergie, bien qu’il s’agisse d’un point dont les êtres humains se fichaient en général éperdument. Il aurait enfin pu conclure que c’était d’ailleurs la raison pour laquelle il avait reporté son attention sur le frêne en priorité, jugeant que, puisqu’il ne possédait aucun talent pour le soin, du moins pas assez pour venir en aide aux poings de l’alpha - poings qu’elle avait elle-même esquintés - il ne lui serait pas utile. Il aurait pu, mais il n’en fit rien. Il y avait dans les paroles de Parker Brent deux informations plus importantes à démentir.

Il vissa ses yeux dans les siens et fit un pas vers elle avec une indolence glaçante. Alors qu’il réduisait complètement la distance entre eux, que la jeune femme avait déjà considérablement diminuée en s’approchant, un sourire enjoleur, presque inquiétant, releva la commissure de ses lèvres. Son regard coula sur elle comme de l’eau chaude, couvant chaque centimètre de son corps. Avec un détachement lent et délicat, il releva sa main pour la porter vers la tête de Parker Brent. Ses doigts s’arrêtèrent sur une mèche de sa chevelure venue s’échapper et se perdre devant son visage et la repoussèrent d’un geste tendre pour aller la coincer derrière l’oreille de la brune, effleurant sa joue au passage.

- Parker Brent, commença-t-il en prononçant son nom de la même manière qu’il aurait sucé une sucrerie savoureuse, même s’il n’y avait aucune tendresse dans sa voix. Je serais le dernier des imbéciles si je vous considérais comme une pauvre femme sans défense.

Kartane savait que le deuil possédait ce pouvoir étrange à double tranchant de plonger ses victimes ou dans une détresse paralysante, ou dans un sentiment de révolte si grand qu’aucun obstacle ne semblait trop dur à abattre. Parfois même les deux. Et même sans ça, il ne sous-estimait jamais les personnes qui lui faisaient face. L’atmosphère légèrement langoureuse qui s’était créée autour de lui s’effaça brusquement pour laisser place à l’aura froide et indifférente qui l’avait précédée, tandis qu’un éclat dur passait au fond de ses yeux.

- Et je ne tire pas de gloire à remettre des déchets dans le vide-ordure où ils devraient être. Voilà pourquoi je préfère ne pas être remercié pour ça.

D’un geste mécanique, il tira sur la manche de sa veste pour la réajuster. Autour d’eux, on entendait à peine la rumeur de la ville en arrière-plan, comme si le monde s’effaçait pour laisser à la jeune femme le temps de faire son deuil.



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Jeu 8 Avr - 21:52

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Stairway to the Sky


Il y avait peu de personnes capables d’ébranler Parker, et il y en avait encore moins capable de l’inquiéter. Pourtant, quand Kartane Weiss se tourna vers elle entouré d’une aura glacée, la demoiselle ne fit pas la fière. Tout son être se raidit alors qu’elle se faisait embrocher par ce regard hypnotique. Comme si ça ne suffisait pas, il avança vers elle, sans la lâcher du regard. Regard dans lequel elle ne parvenait pas à lire quoi que ce soit, ce qui augmenta son trouble mais aussi son inquiétude. Au point de la faire reculer d’un pas, elle, qui avait toujours affronté de plein fouet ses problèmes ou adversaires. Elle se fit violence pour ne pas reculer d’un deuxième pas et déglutit alors que le Roi se stoppait devant elle. Près d’elle. Trop près ! Il empiétait sur son espace vital comme si c’était la chose la plus naturelle du monde et elle se retrouvait forcée de lever la tête pour continuer de le regarder. Elle avait l’impression de se faire prendre de haut et elle détestait ça. Pourtant, le temps n’était plus à la révolte et même si elle n’appréciait pas le traitement dont elle faisait l’objet, elle ne dit rien.

Elle frémit quand le regard argenté coula sur elle, comme s’il la détaillait de la tête aux pieds en prenant soin d’inspecter chaque centimètre. Comme s’il la passait au rayon-X, qu’il scrutait la moindre de ses failles pour savoir où frapper. Elle avait l’impression d’être une proie, un faible petit lapereaux, face à un prédateur, et elle détestait ça. Comment avait-elle pu être aussi stupide pour s’attaquer à Kartane Weiss, le Sadique, le Roi des élémentaires, l’homme qui avait tellement de rumeurs sur son compte qu’un roman aurait pu être écrit rien qu’avec ces dernières ! Elle se targuait pourtant de toujours jauger ses adversaires avant d’agir, mais là non, elle avait foncé tête baissée, comme une idiote. Et maintenant, elle avait peur. Ce n’était pas une émotion familière pour Parker, elle était plutôt intrépide en général, pas le genre à se ratatiner devant le premier venu. Sauf que Kartane Weiss n’était pas le premier venu, loin de là. Elle n’oubliait pas les rumeurs qui racontaient qu’il avait enarbré vivant un homme sans sourciller. Elle ne savait pas si c’était vrai ou non, mais clairement, il n’était pas n’importe qui.

Ce fut peut-être pour ça qu’elle ne bougea pas d’un pouce quand il leva la main vers elle, ni qu’elle ne détourna le regard. Elle savait comment agir face à un prédateur pour ne pas l’énerver davantage, après tout, elle en était en partie un. Sa surprise ne fut que plus grande, du coup, quand il repoussa une mèche de ses cheveux derrière son oreille avec une tendresse inattendue. D’un seul coup, ce fut comme si un gouffre venait de s’ouvrir sous ses pieds et qu’elle se faisait aspirer sans rien pouvoir faire pour en réchapper. Parce que ce geste, tout simple mais pourtant intime et emprunt de tendresse, son père l’avait eu des milliers de fois envers elle. Sa vision se brouilla alors que ses yeux s’embuèrent de larmes mais elle se fit violence pour ne pas pleurer. Ce qui fut plus facile quand le brun ouvrit la bouche puisqu’elle avait autre chose sur laquelle se concentrer. Même si la sensation de sa main effleurant sa joue était toujours présente sur sa peau. Elle ne savait pas comment interpréter ses paroles, ou plutôt, elle ne savait pas s’il affirmait ça parce qu’il connaissait son niveau ou pour une autre raison mais elle se sentit étrangement… touchée de savoir qu’il ne la voyait pas comme une pauvre femme sans défenses. Surtout après ces derniers jours où son entourage avait agi avec elle comme s’il s’attendait à la voir s’effondrer d’un instant à l’autre.

En parlant d’effondrement, elle détourna la tête, s’arrachant à son regard miroitant, le temps d’essuyer – plus ou moins discrètement – ses yeux humides. Elle détestait pleurer devant quelqu’un et voilà qu’elle n’arrivait pas à se retenir correctement devant un parfait inconnu. Enfin, façon de parler. Un changement dans l’atmosphère qui l’entourait la fit brusquement relever la tête vers Kartane, les yeux encore un peu humides, juste à temps pour voir passer un éclat dur, impitoyable, dans ses prunelles d’argents. Cet homme… mieux ne valait pas être son ennemi. Les paroles qui suivirent confirmèrent son impression et furent toutes aussi dures que l’éclat qui les avait précédées, à tel point qu’elles laissèrent Parker hébétée pendant quelques secondes. Suffisamment en tout cas pour qu’elle se focalise sur la main du Roi qui tira sur sa manche pour la remettre en place. Des mains d’hommes, grandes, capables de tendresse mais aussi de faire du mal, elle était prête à le parier, mais des belles mains malgré tout. Par association d’idée, elle se retrouva à regarder ensuite les siennes, beaucoup plus petites, abîmées, par sa séance de boxe contre un arbre qui n’avait rien demandé mais aussi par son travail. Ces simples différences suffirent à lui rappeler le fossé qu’il y avait entre eux. Elle recula d’un pas pour mettre de la distance entre eux avant d’oser relever les yeux vers son interlocuteur. L’éclat dur avait disparu et il ne restait plus rien dans ces prunelles grises, du moins rien qu’elle ne parvenait à déchiffrer. C’était comme se retrouvait face à un coffre-fort inviolable.

- Je… commença-t-elle, hésitante, avant de s’arrêter.

Elle… quoi ? Elle se sentait stupide ? Fatiguée ? Ereintée ? Vidée ? Epuisée ? Chamboulée ? Troublée ? Blessée ? Perdue ? Tout ça à la fois ? A quoi ça l’avancerait de dire tout ça ? A rien. Surtout que l’élémentaire se fichait probablement de son état d’âme. Elle lui avait déjà suffisamment fait perdre son temps comme ça. Elle ne tournait pas rond. Rien n’allait chez elle. Et à part passer pour une hystérique, elle n’avait pas fait grand-chose. Elle secoua doucement la tête en fermant les yeux une seconde avant de regarder un point par-dessus l’épaule du brun. De là où elle était, elle apercevait le bâtiment où un buffet avait été servi pour les invités.  Ce lieu où étaient réunis des gens chagrinés par la perte d’un proche mais aussi des hypocrites venus en quête de ragots. Cet endroit où elle n’avait pas envie de remettre les pieds mais où, peut-être, Kartane préférait être.

- Je suis désolée, finit-elle par lâcher sur un ton las. C’était déplacé de ma part comme réaction. Je ne vais pas vous retenir plus longtemps.

Pour appuyer ses propos, elle haussa vaguement les épaules avant de regarder ailleurs. Ses yeux se tournèrent vers les rangées de tombes un peu plus loin. Elle ne voyait pas les deux dernières en date, cachées par un grand mausolée ostentatoire mais son cœur se serra malgré tout.  
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Parker Brent
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Parker Brent
Lun 12 Avr - 10:41

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4 avril 2021

Kartane avait l’habitude des différents comportements à son égard. Il avait appris à ne plus s’en soucier. Entre ceux qui le suivaient sans cesse des yeux, ceux qui se liquéfiaient de nervosité lorsqu’il leur adressait la parole, ceux qui le toisaient avec une froide politesse teintée d’hypocrisie ou ceux qui cherchaient désespérément à lui plaire, sans compter bien sûr ceux qui le haïssaient, nombreux agissaient de manière instinctive ou forcée, avec lui. Certains laissaient échapper des gestes qu’ils regrettaient, et il était presque sûr que le recul machinal qu’eut Parker Brent lorsqu’il s’approcha d’elle faisait partie de ces réactions non désirées. Loin de s’en formaliser, il ne broncha pas, lui laissant l’espace qu’elle devait juger nécessaire pour être à l’aise en restant toutefois assez proche pour saisir tous les détails de son visage.

Il ne sut identifier la lumière qui s’alluma dans le regard de la jeune fille alors qu’il faisait un geste dans sa direction. Mépris, crainte, méfiance ou irritation, il ne put l’identifier. Pourtant, quelque chose changea au moment où il replaçait la mèche récalcitrante derrière son oreille. Quelque chose dans l'atmosphère et au fond de ses prunelles noires comme le charbon. Ce ne fut que lorsqu’il remarqua un voile de tristesse passer devant ses yeux, les embuant de larmes contenues, qu’il comprit d’où cette différence venait. C’était celle d’un mur qui se fissurait en silence. Un mur qui avait tenu bon jusque là. Cependant, Kartane connaissait le deuil. On pouvait tenter de le fuir, mais cette course finissait invariablement de la même façon. Tant que le temps n’avait pas fait son œuvre, certaines blessures restaient douloureuses quoi qu’on y fasse, et un rien était capable de raviver la souffrance qu’elles causaient. Il repensa sombrement, l’espace d’un instant, aux pertes qu’il avait lui-même subies. Mary et John s’en étaient allés, oui. Pourtant, il avait enterré bien plus au cours de sa vie. Il avait dit adieu à l’insouciance de Daimon, à l’enfance de Nisha, à l’innocence de Lucianna, aux couleurs de Dorian. Il avait dit adieu à sa naïveté de petit garçon et à l’image qu’il se faisait de sa mère. Et il avait enfin dit adieu à celui qu’il était, unique deuil qu’il ne regrettait pas.

Personne ne pouvait faire des au revoir pour les autres. Parker Brent devrait endurer seule ce vide et le silence laissé par le départ trop soudain de ses proches. Ce serait à elle de l’endurer, à elle seule, et l’épreuve qu’elle traversait trouvait un écho en lui. Ce fut peut-être ça qui le poussa à s’adoucir en la voyant buter sur les mots. Alors qu’elle reculait à nouveau, Kartane fit un autre pas dans sa direction. Cette fois, il prit soin de rester à la frontière de sa sphère privée, le cercle d’intimité dont chacun s’entourait pour se sentir à l’aise et qu’il franchissait en général aussi naturellement que s’il n’existait pas. Cette fois, en effet, il le respecta. Il ne ressentait pas le besoin de la prendre au dépourvu pour apercevoir son vrai visage. Elle venait de le lui montrer. Il resta ainsi, à quelques centimètres d’elle, à la dévisager avec la douceur d’un fin drap de coton enveloppant des épaules, laissant ses paroles flotter entre eux.

Il se plongea dans son regard et observa frontalement son chagrin et sa fatigue, sa confusion et cette pointe de défiance qui semblait incapable de s’éteindre. Il ne détourna pas les yeux. Il releva sa main pour la seconde fois en l’espace de quelques minutes, mais au lieu de la remonter vers son front, elle s’approcha avec délicatesse de son visage, bientôt rejointe par sa jumelle. Avec mille précautions, de la même façon qu’il aurait touché les ailes d’un papillon, ses doigts vinrent recueillir les larmes accumulées aux coins de ses yeux. Il la savait forte et solide, tout son être paraissait le crier, assurer au monde entier qu’elle ne faiblirait pas, cependant, son cœur était celui de n’importe quel être humain. Et n’importe quel être humain saignait en son for intérieur lorsqu’on lui arrachait un être cher. Même Gio s’accordait avec lui sur ce point.

- Le chagrin n’est pas une excuse, mais même les plus forts ne peuvent pas s’en protéger, murmura-t-il en laissant lentement retomber ses mains. Aujourd’hui, vous avez le droit de céder. Accordez-vous le temps de pleurer. Mais prenez garde à ne pas vous noyer dans cet océan. Avancez, Parker Brent, avancez à votre propre rythme, et il n’y aura rien à vous faire pardonner.

Sans la quitter du regard, il recula cette fois-ci de lui-même de quelques centimètres afin de la laisser respirer. Ce moment de deuil n’appartenait qu’à elle et il ne l’avait que trop longtemps interrompu. Rester plus ne serait ni poli, ni respectueux.


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Lun 12 Avr - 21:53

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Même si c’était l’une des journées les plus difficiles de son existence, Parker refusait de se cacher derrière sa douleur pour justifier son comportement. Elle avait merdé, et agi comme une imbécile, et certes, c’était le deuil et la fatigue accumulée depuis plusieurs jours qui étaient, en partie, responsables, mais en partie seulement. Elle refusait d’être de ces gens qui se permettent d’être atroce sous prétexte qu’ils souffraient, ce n’était pas elle. Pourtant, alors qu’elle s’excusait auprès du Roi pour la façon dont elle l’avait traité, elle eut l’impression qu’il comprenait bien plus que ce qu’elle voulait le croire. Comme s’il pouvait lire en elle aisément et comprendre ce qu’elle ressentait. Peut-être à cause de la manière qu’il avait de la regarder, avec tellement de… douceur. Elle avait beau chercher, elle ne trouvait pas de terme plus approprié que ça pour qualifier ce qu’elle voyait dans ses yeux argentés – et que, pour une fois, elle arrivait à déchiffrer. Ce qu’il y avait dans ses yeux à cet instant la réchauffait tout en la prenant au dépourvu.

Alors qu’il avançait d’un pas vers elle, comblant un peu la distance qu’elle avait instauré entre eux, l’alpha réalisa que ce n’était plus le chef des élémentaires qu’elle avait en face d’elle, mais juste Kartane. L’homme charismatique auréolé de mystère était toujours là mais il semblait plus… authentique. Ou elle était complètement en train de devenir folle et s’imaginait n’importe quoi. En temps normal, elle aurait détourné la tête, reportait son regard ailleurs, pour se ressaisir et remettre de l’ordre dans ses idées, mais même si elle l’avait voulu – ce qui n’était pas le cas – elle n’aurait pas pu tant elle était happée par la douceur de ces deux lacs argent. Elle remarqua à peine qu’il avançait sa main, puis la deuxième, vers son visage et tressauta légèrement quand elle sentit ce contact chaud et doux sur ses joues. Son regard se vit un peu plus brillant alors que quelque chose continuait de se fissurer en elle. Elle se sentait fragile et vulnérable mais, étrangement, elle savait qu’il n’en profiterait pas. En cet instant, elle avait confiance en lui pour ça.

Elle ferma les paupières une seconde, alors qu’il venait recueillir les larmes qui perlaient aux coins de ses yeux. Ce fut comme si ce simple geste avait ouvert une vanne quelque part puisque quand elle les rouvrit, ces derniers étaient encore plus embués. Peu après, des larmes silencieuses coulaient le long de ses joues alors que Kartane laissait retomber ses bras. Elle resta immobile, les yeux happés par les siens, alors qu’il lui parlait, dans un murmure qui venait créer comme un cocon autour d’eux. Tandis qu’elle l’écoutait, ses mots vinrent se ficher un à un en elle, résonnant agréablement à ses oreilles et faisant couler un peu plus ses larmes. Il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu’elle avait besoin d’entendre ça. Besoin d’entendre qu’elle avait le droit de s’effondrer aujourd’hui, tant qu’elle se relevait plus tard. Un reniflement lui échappa alors qu’elle essuyait ses joues à l’aide de la manche de son blazer. A travers le brouillard de ses larmes, elle distinguait toujours le brun, même si elle sentait qu’il ne tarderait pas à partir. Elle aurait aimé lui dire quelque chose, exprimer à quel point elle avait besoin d’entendre ce qu’il venait de lui murmurer, que ça faisait du bien de se sentir soutenue et comprise, surtout de la part d’un inconnu. Mais rien ne vint et il commençait déjà à s’éloigner.

- Kartane ? l’appela-t-elle à mi-voix pour le retenir.

Elle attendit d’avoir son attention pour ajouter d’une voix pleine de reconnaissance :

- Merci.

Son regard s’attarda sur lui quelques secondes de plus avant qu’elle ne se détourne pour s’éloigner. Il était temps qu’elle rentre chez elle, elle commençait à se sentir à l’étroit dans ces vêtements qui n’étaient pas fait pour elle. Et surtout, elle refusait que quelqu’un d’autre la voit pleurer.

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