Burn you fool ~ Alec J.

Si Alec était un bonbon, il serait un ourson en guimauve. Croquant à l'extérieur, fondant à l'intérieur. Ou alors une sucrerie en gélatine, très acide. Mou mais piquant. Alec, c'est une grosse carapace de sarcasme, de faux-semblants et de provocation. Il a ce sourire moqueur, cette remarque acerbe, presque méchante sur les lèvres. Il ne rate rien ni personne. Il n'est pas raciste, ni misogyne, tout le monde en prend pour son grade. Ce n'est pas constant ceci dit. Il est sur la défensive et c'est seulement quand il se sent attaqué ou qu'il peut en placer une belle. C'est un bien sombre tableau qui est décrit. Mais Alec, ce n'est pas que ca. C'est un altruiste, c'est celui qui ira proposer de porter les courses d'une mamie avec une tête de renfrogné, c'est celui qui est poli avec les agents d'entretiens, c'est celui qui ramasse les déchets qu'il trouve dans la rue... Bon, c'est aussi celui qui gueule sur les personnes qui ont le malheur de laisser tomber un mouchoir...

C'est un jeune homme colérique, nerveux, hyperactif. Il passe des heures à faire du sport juste pour espérer dormir le soir. Les journées cocooning ne le fatiguent pas de la bonne manière, il passera sa nuit à chercher le sommeil. Il déteste ca, c'est une perte de temps.

Alec, ce n'est pas un intellectuel non plus. Il ne lit pas, ne traîne pas dans les musées, se contente de film d'action. Il n'est pas idiot pour autant, au contraire. Il a juste ce besoin constant d'action. Il est têtu aussi, très têtu. Et surtout, c'est une tête brûlée... Très brûlée

Oh, et il est fier aussi, difficile de savoir ce qu'il ressent, il ne voudra pas le dire, il ne voudra pas l'exprimer. Il déteste parler de sentiments, il déteste qu'on puisse lire en lui. Il sera toujours sur la défensive si on lui demande de s'exprimer et se refermera comme un huitre avant de se mettre à grogner ses réponses. Et, évidemment, il est loin d'être démonstratif.

Mais il est attachant pourtant, comptez le dans vos amis, il ne vous trahira pas. Jamais. C'est un gars loyal mais très secret sur sa vie privée. Personne, hormis sa sœur, ne savent qu'il est homosexuel. Il adore parler de conquêtes imaginaires. Il excelle dans l'art de conter des histoires, il enjolive, exagère, embellit assez pour qu'au final, on ne sache pas ce qui est vrai ou non.  

Alec est un contrôleur du feu, une allumette sur pattes, comme son père. Il ne craint pas la douleur de la brûlure. Il arrive à  repousser, à maîtriser les flammes. Il n'a, par contre, pas encore une assez bonne maîtrise pour en créer de grandes et belles, les siennes ont la taille d'un petit briquet et ne quitte pas son doigt... Mais c'est son jeu préféré.  Un sourire ravageur, dragueur, un petit claquement de doigts et le voilà qui allume la cigarette d'une belle minette. S'il puise bien dans son puits d'énergie, il arrivera à les arrêter, les faire disparaître... Il demandera juste qu'on le laisse dormir ensuite... S'il est encore conscient. Il est doué avec ses flammes, il est doué dans son métier. Il a besoin de son don pour se sentir bien dans sa peau, il a besoin de le sentir utile, de pouvoir l'utiliser au quotidien. Il aime son élément, il fait partie de lui, il en veut une maîtrise parfaite. Il sait pourtant qu'il est dangereux mais ca ne l'empêche pas de nourrir une intense fascination pour cet amas d'étincelles.

Toute sa vie, professionnel du moins, tourne autour de son don, il se sent vivant au milieu d'un incendie, il se sent à sa place entouré de flamme. Il aime bien trop son métier pour ca, qu'importe s'il doit passer deux bonnes heures -minimum- sous oxygène après. Son don lui a permis de sauver de nombreuses vies. Il ne se sent pas de vivre sans... Jamais.

Il ne neigeait pas ce jour là. Il faisait froid et il y avait du verglas mais il ne neigeait pas. Il n'y avait pas de feu dans la cheminée, il n'y avait pas de chauffage. Il n'y avait personne à la maison finalement. Tout le monde était à la maternité ce 13 décembre. Ils étaient là, tous les trois pour l'arrivée du petit « Alec à sa maman », le « champion de son papa » et le «petit prince de Jennifer ». Elle avait dix ans et elle est vite devenu le centre de son univers, l'exemple à suivre. Il la suivait partout quand il n'était pas encore en âge de réfléchir par lui-même... Et même après, ca n'a pas cessé. Il lui raconte tous ses secret, il lui dit tout. Elle est toujours la première au courant. Elle a été la première qu'il est allé voir quand, tout penaud, il est revenu avec le magazine de maman qu'il avait calciné par erreur... Trois ans, ses pouvoirs ont cramé un magazine, ca aurait pu être tellement pire.

Finalement, évidemment, ca s'est su, ca ne se cache pas ça. Et ce pouvoir, c'est ce qui a rapproché papa de fiston. Beaucoup rapproché. Assez rapproché pour que Fiston mette papa sur un piédestal. Il l’idolâtrait son père, il l'adorait. Il était l'incarnation de la virilité, du contrôle. C'était le feu incarné, dans sa force et son impétuosité. Il était un petit peu dur, papa. Il ne fallait pas forcement les meilleures notes, non. Pas en cours en tout cas... Mais en maîtrise du don, si, absolument. Maman, elle s'inquiétait beaucoup aussi, qu'il se fasse mal un jour, qu'il se mette en danger inutilement. Il aimait beaucoup maman mais il avait moins de complicité, elle en avait plus avec Jenny. Ca ne le dérangeait pas plus que ca tant qu'il passait premier aux yeux de sa sœur. Ou tout du moins, qu'il le percevait comme ca. Il ne voulait rien de plus.

Alec était un gamin turbulent, plein de fougue avec une jauge d'énergie inépuisable... Jamais épuisable. Il jouait au ballon jusqu'à pas d'heure, demandait à sa grande sœur de faire quelque chose avec lui, harcelait sa maman pour un peu d'attention, demandait à son père de l'entraîner. Toujours plus, toujours plus toujours plus. Alors, quand le gosse était à l'école, c'était un moment de soulagement appréciable. Et lui s'amusait bien, surtout en contrôle de don, c'était sa matière préférée. Il était appliqué et aimait tester ses limites, avancer toujours plus loin... Juste pour voir.

Il rendait papa fier, c'était tout ce qu'il lui fallait. Il grandit sans encombres... Enfin sans trop... Il y a toujours quelques briques de temps en temps. En cours de sport, par exemple, il a développé une certaine peur de l'eau... Ou tout du moins, une flippe de se baigner. Il est incapable de nager, les coordinations de ses bras et jambes ne s'activent pas. Il panique en vrai, mais ca il ne l'avouera jamais. Alors il coule à pique. Dès qu'il n'a plus pied, c'est la fin, la noyade assurée.

Ce n'est qu'un détail banal, minime.

L'adolescence par contre, l'a renfermé, il a arrêté de se confier sur tout à n'importe qui, il a commencé à se faire sa grosse carapace, il a commencé à réfléchir par lui-même. Il avait quatorze ans quand il s'est rendu compte que finalement, il préférait les hommes. Il n'en a jamais parlé qu'à sa sœur, trop peur de recevoir des remarques qu'il ne saurait pas encaisser. Il sait que ca finirait par une cassure dont il ne voulait pas à ce moment là...

Mais elle arriva quand même. Il avait quinze ans, Jenny vivait de son côté et son père trompa sa mère. Ce fut la dégringolade, violente, perverse. Son modèle, son idole venait de tomber de son piédestal, de s'écraser au sol avant de voler en mille éclats de verre. Papa a détruit son image et Alec n'a jamais su l'accepter. Sa crise d'adolescent a commencé à ce moment là, elle fut terrible. La carapace qui le recouvrait doucement se blinda, étouffant tout ce qu'il pouvait ressentir, gardant tout en lui. Il devint totalement hermétique. Rien ne filtrait, seule Jenny pouvait obtenir quelque chose de lui.

Maman et papa avait leur divorce a gérer, lui ne voulait pas s'en mêler, il demanda à ce qu'on le mette en pension. Il y resta jusqu'à sa majorité, occupant ses temps libres par des courses longues, des sessions de sport à s'épuiser, l'entraînement de son don jusqu'à l'épuisement. Il se fatiguait au point de s'oublier. Et il recommençait, encore et encore et encore.

Il n'a pas eu de moment déclencheur quand au choix de sa carrière, il s'est toujours dit que c'était le meilleur moyen pour lui de se canaliser, d'aider, de se rendre utile et d'utiliser son don. Il devient pompier dès la sortie de l'école. Il a commencé à dix-huit ans et ne s'est jamais arrêté.

C'est à vingt ans qu'il s’intéresse au véganisme et change d'un coup d'un seul son alimentation. Il vit seul, il n'a personne à contenter. Il n'en parle pas à sa famille, sauf Jenny, évidemment. Pour les repas de famille, il fait en sorte de s'occuper des accompagnements, toujours, histoire d'avoir quelque chose dans l'assiette et à la date de son anniversaire, quand les quatre Jackson sont réunis et qu'indéniablement, un gâteau à la crème est servi -parce qu'aucun des deux parents n'a pris la peine de se demander si ses goûts avaient évolué depuis ses quinze ans et que lui ne voulait pas argumenter là-dessus et encore moins expliquer ses choix...- Il a cette technique qui est de picorer avant de (plus ou moins discrètement) donner sa part à Jenny. Sa grande-sœur, sa sauveuse.

Aujourd'hui, il a ses habitudes, son petit cercle d'ami, une attraction qu'il ne comprend pas et qu'il étouffe pour le coéquipier de Jenny et Jenny, évidemment.

Il vous dira en grognant que tout va bien dans sa vie.